.
Le
latin médiéval
Langue,
Sources, Archivistique, Diplomatique
.
responsable
.
Michel Parisse
.Membres
:
Nicholas
Brousseau (doctorant), Christiane Cosme (Paris I), Monique Goullet (CNRS),
Sylvain Gouguenheim (Paris I), Laurent Morelle (Paris I), Frédéric
Munier (doctorant)
|
"Le
grand passionnaire enluminé de Weissenau et son scriptorium autour
de 1200" reprod.de l'éd. Apprendre le latin médiéval"de
M.Goullet et M. Parisse, Paris, Picard, 1999.
|
Présentation
générale
L'arrivée de Michel
Parisse parmi les professeurs de l'Université Paris 1 en 1993 a
eu notamment pour effet l'introduction de l'enseignement du latin médiéval
au niveau de la licence et de la maîtrise d'histoire. Ensuite, la
publication d'un manuel de latin médiéval pour grands commençants
(Apprendre le latin médiéval, Picard, Paris, 1996,
21999), réalisé par Monique Goullet et Michel Parisse, a
permis de souligner à quel point il convenait de prêter attention
à la connaissance d'une langue qui est celle de la quasi totalité
des sources médiévales jusqu'au XIIIe siècle, mais
qui est de plus en plus ignorée des étudiants. Ces deux facteurs
ont conduit M. Parisse à proposer la création d'un « axe
transversal de latin médiéval », qui s'est concrétisée
en 1997 du côté du CNRS par le recrutement d'un chercheur,
Monique Goullet, et son rattachement à cet axe de l'équipe
de recherche de Paris 1 ; depuis la rentrée universitaire 2000,
l'équipe bénéficie par ailleurs de l'arrivée
au Lamop de Christine Ducourtieux, chargée du suivi des bases de
données et d'internet.
Dans le nouveau Laboratoire
de Médiévistique Occidentale de Paris, le latin médiéval
se trouve au centre de nombreuses recherches comprenant l'édition
et la traduction de sources en latin médiéval, l'inventaire
et la présentation de ces sources, aussi bien diplomatiques que
narratives et hagiographiques, le traitement des textes, l'étude
diplomatique des chartes. Les sources de l'histoire du Moyen Age sont en
effet très majoritairement en langue latine ; il en est de même
pour celles de la littérature, de la philosophie et du droit. C'est
seulement à partir des XIIe et XIIIe siècles que l'on a des
textes en langue vernaculaire. Cet axe transversal est donc ouvert à
tous, même s'il est prioritairement animé par des enseignants
et des chercheurs dont les travaux supposent une connaissance plus approfondie
de cette langue.
Bilan
1997-2000
1.
Séminaire de latin médiéval (M. Parisse)
Enseignants et doctorants
préoccupés de latin médiéval se retrouvent
depuis 1993 autour de Michel Parisse pour mener à bien des études
de sources. Les textes étudiés ne sont pas des textes inédits
; ils font l'objet d'une traduction en commun avec un commentaire.
Les premières années
ont été consacrées à la Vie et aux Translations
de sainte Glossinde, au Liber memorialis de Remiremont, aux lettres
de l'évêque Frotaire de Toul. Etudiées en 1997, les
Lettres de Frothaire sont parues en 1999 aux Publications de la Sorbonne
; la correspondance modeste (32 lettres) de l'évêque carolingien
de Toul (813-847) s'est révélée très riche
en réalité, autant pour la connaissance de la vie politique
et religieuse de l'époque de Louis le Pieux (Josiane Barbier et
Michèle Gaillard) que pour les aspects codicologiques (Laurent Morelle)
et littéraires (Monique Goullet et Charles Vulliez) d'une source
jusque-là négligée, ou utilisée seulement pour
ses informations historiques. En 1997-98 le séminaire a porté
sur les Actes du concile de Saint-Basle (991), rédigés
par l'archevêque Gerbert de Reims en 995 ; il s'agit d'un compte
rendu des sessions, mêlant discours, pièces justificatives
diplomatiques et juridiques, qui constitue une source majeure de l'histoire
du royaume franc sous Hugues Capet.
En 1998-1999 et 1999-2000
ont été mis au programme les Gesta Dagoberti regis,
puis, en 2000-01, la Chronique de Saint-Mihiel. Les Gesta Dagoberti,
euvre écrite à l'abbaye de Saint-Denis vers 835 dans l'entourage
de l'abbé Hilduin, se donne pour but de célébrer la
dévotion du roi Dagobert († 639) pour le sanctuaire parisien. L'auteur
anonyme (peut-être Hincmar, futur archevêque de Reims) a mêlé
des sources de nature et de provenance diverses : les 24 chartes qu'il
signale ou cite, tirées des archives dionysiennes, voisinent avec
des pans entiers tirés de la littérature historiographique
ou hagiographique courante. De son côté, la Chronique de
l'abbaye de Saint-Mihiel (en Lorraine), rédigée vers
1040, mais connue par sa copie insérée dans un cartulaire
de 1160, fait la part belle aux légendes de fondation, aux récits
de miracles ou de quêtes de reliques, mais atteste aussi bien les
investigations menées par son auteur (un moine anonyme) dans le
chartrier de l'établissement. Composée entre 1034 et 1044
par un vieux moine de Saint-Mihiel, la chronique, après avoir brossé
en quelques traits les origines du monastère, s'ouvre à l'abbatiat
de Nantère et à l'acquisition des reliques de saint Calixte.
Elle est complétée par des miracles accompagnant l'arrivée
des reliques et leur établissement dans le prieuré de Harréville.
Ce texte, en apparence anodin, incite à une double attention aux
premiers actes de l'abbaye, de leur forgerie ou de leurs interpolations,
et au discours hagiographique. Mieux, elle appelle à une mise en
perspective des activités diplomatique et hagiographique.
Dans la même perspective,
M. Parisse consacre une partie de ses recherches personnelles au rassemblement
de sources lorraines à la frontière des textes narratifs
et des sources hagiographiques. C'est ainsi qu'il a publié, en 1999,
la Vie de Jean abbé de Gorze, après avoir animé
un groupe chargé de la traduction de la Vie du pape Léon
IX, mise au net par Monique Goullet. Il est question à présent
de donner une édition bilingue d'un ensemble de textes lotharingiens
du haut Moyen Age, regroupant la Chronique de Moyenmoutier, la Chronique
de Saint-Mihiel, la Chronique de Chaumousey, avec l'aide de
doctorants : Julien Théry, Sophie Lépine.
2.
Autres travaux d'édition et d'analyse de sources médiolatines
Les cadres institutionnels
évoqués permettent naturellement de compléter la formation
de plusieurs étudiants de maîtrise ou de 3e cycle dont les
centres d'intérêt touchent au matériau diplomatique
ou à leurs vecteurs privilégiés (cartulaires). Parmi
les mémoires de maîtrise dirigés par Michel Parisse,
on mentionnera les travaux suivants :
Nicolas Avinain,
Le
cartulaire de l'hôtel-Dieu Saint-Gervais de Soissons (XIIIe siècle),
Paris I, 1998-99.
Emilie Chatain,
L'abbaye
cistercienne de Barzelle des origines à 1250. Edition et commentaire
des chartes du fonds « Barzelle » des Archives départementales de
l'Indre Paris I, 1998-99.
Quentin Duvauchelle,
L'abbaye
de Saint-Denis au XIe siècle. Présentation de l'histoire
du monastère et catalogue des actes de 1000 à 1122, Paris
I, 1999-2000.
Céline Serin,
Bulles
clunisiennes (1046-1144), Paris I, 1999-2000.
Matthieu Perru,Les
actes de Saint-Martin de Glandières au XIIIe siècle,
Paris I, 1999-2000.
Plusieurs doctorants préparent
sous la direction de Michel Parisse des recherches ayant trait à
l'édition de textes et à la diplomatique.
Illo Humphrey
a entrepris depuis de longues années la transcription de deux euvres
de Boèce : le De musica et le De arithmetica. Les
manuscrits de la BNF qui les renferment présentent cette particularité
d'être glosés de notes tironiennes. On sait qu'on compte en
France sur les doigts d'une seule main les personnes capables de déchiffrer
les notes tironiennes. Le travail de M.Humphrey n'en est que plus méritoire.
La mise au point d'une édition diplomatique du De arithmetica
touche à sa fin, mais elle doit s'accompagner d'une étude
permettant de retrouver l'auteur des gloses : s'agit-il de notes de Boèce
lui-même, destinées à son enseignement, ou de gloses
d'un moine du IXe siècle chargé de l'enseignement de la musique
dans son abbaye ?
Nicholas Brousseau
est venu du Canada pour se familiariser avec le monde carolingien et la
diplomatique. Son sujet d'enquête est constitué par l'ensemble
des diplômes du roi Louis le Germanique (817-876). L'étude
conjointe du latin médiéval et de l'allemand, plusieurs séjours
à Göttingen, à Munich et à Marbourg, un perfectionnement
incessant dans l'usage de l'outil informatique lui ont permis de conduire
des recherches très érudites et d'aboutir à des conclusions
nouvelles. Dans un premier temps, il a examiné les seuls actes conservés
sous leur forme originale, afin d'en analyser soigneusement les composantes,
notamment les exposés (présentation du thème de l'acte),
et de faire connaissance avec la chancellerie, les notaires et leur écriture,
les formules diplomatiques. La deuxième étape a englobé
la totalité des pièces, originaux et copies, en vue d'une
étude informatisée du vocabulaire. Le programme alors élaboré
doit faire l'objet de nouvelles améliorations, en particulier à
la faveur d'un investissement plus systématique dans la direction
de la lexicographie, piste déjà suivie à l'occasion
de l'atelier de la revue Médiévales(Voir 4. Lexicologie).
La troisième étape en cours doit mettre face à face
les diplômes de Louis le Germanique et ceux de son frère Charles
le Chauve. Au-delà d'une étude de vocabulaire et des pratiques
de chancelleries, doit apparaître la différence entre les
diplômes de deux Francies aux racines différentes ; on attend
de voir dans quelle mesure se devinent dès le IXe siècle
les pratiques et les institutions si dissemblables de la France et de la
Germanie des siècles postérieurs.
Mathieu Perru,
qui s'engage dans une thèse sur les évêques et le diocèse
de Metz de 1180 à 1260, a d'abord étudié un cartulaire,
celui de Saint-Martin de Glandières, dont il a publié les
actes de 1210 à 1260. Il rassemble à présent les actes
d'un évêque de Metz, Conrad de Scharfenberg, évêque
de Spire en même temps et chancelier de Frédéric II.
La tâche consiste à rechercher les actes, à en faire
la transcription et à en organiser la publication, y compris les
identifications des personnes et des lieux. L'exploitation des chartes
sera double : l'étude diplomatique d'un côté, l'étude
des institutions et du gouvernement épiscopal de l'autre. Son étude
doit permettre aussi de voir dans quelle mesure un prélat proche
de l'empereur a pu gérer convenablement son diocèse, dans
quelle mesure aussi son épiscopat a favorisé ou ralenti l'émancipation
du patriciat messin alors en pleine expansion.
Caroline Simonet,
agrégée d'histoire, a pris en mains le corpus des sceaux
des diocèses de Laon et de Soissons pour une recherche sigillographique
trop rarement menée en France. Dans un premier temps elle a élaboré
une fiche descriptive détaillée pour chaque sceau. La recherche
des sceaux supposait la fouille de toutes les liasses des séries
ecclésiastiques des deux diocèses, seul endroit où
se trouvent les plus anciennes pièces scellées. Elle a pu
de la sorte augmenter considérablement l'ancienne collection des
sceaux de la Picardie, établie au XIXe siècle. L'informatique
s'ouvre à la sigillographie par la constitution de masques de saisie
et de banques de données, ce qui doit permettre d'obtenir plus rapidement
des chiffres et des pourcentages. La photographie numérique permet
aujourd'hui de constituer des collections de clichés en couleurs
des sceaux étudiés. Dès la prise de vue il est possible
de constater si la prise est bonne ou doit être refaite ; ensuite
il ne reste plus qu'à relier l'appareil à un ordinateur perfectionné
pour retrouver sur l'écran et éventuellement imprimer les
empreintes étudiées. Engagée dans cette direction,
C. Simonnet va se trouver très rapidement en pointe de la recherche
sigillographique en France.
Marlène Hélias
a
choisi de travailler sur la diplomatique cistercienne ; elle a retenu,
pour commencer, les filles de Cîteaux et notamment La Ferté
sur Grosne. Morimond lui est ouvert ainsi que Clairvaux dont les actes
sont publiés ou accessibles. La recherche n'est qu'à ses
débuts et pose ses premiers jalons : répartition des actes
rédigés par le destinataire, existence de chancelleries cisterciennes,
communauté des écritures, choix de formules stéréotypées,
élaboration de pancartes.
Dominique Stutzmann
retient une seule abbaye cistercienne, Fontenay, pour en étudier
la tradition écrite et le rapport à l'écriture. Déjà
familiarisé avec la bibliothèque dont il analyse chaque manuscrit
et dont il recherche les pièces manquantes, il entend poursuivre
l'étude du scriptorium par celle des chartes et des cartulaires.
Grâce aux travaux conjugués des deux doctorants précédents,
la recherche en matière de scriptorium et d'écriture dans
les abbayes cisterciennes devrait connaître un renouvellement certain.
3.
Colloque « Les historiens et le latin médiéval
»
La volonté d'encourager
l'enseignement du latin médiéval et celle de provoquer un
rapprochement des historiens et des philologues a incité à
réunir en Sorbonne, à l'automne 1999, sous la direction de
Michel Parisse et Monique Goullet, un colloque international intitulé
« Les historiens et le latin médiéval » .A côté
des communications à caractère scientifique se sont déroulées
deux tables rondes à finalités pédagogiques :
1) L'enseignement
du latin médiéval dans les universités françaises
et étrangères
2) Pour un lexique latin-médiéval-français.
Si l'on veut comparer les situations européennes, il apparaît
une dégradation quasi générale dans la connaissance
du latin, mais elle est globalement plus grave en France qu'ailleurs, en
raison de notre tradition universitaire : nous n'avons pas " ou plus, car
il faut rappeler qu'au XIXe siècle et jusque dans les années
1940 les recherches en littérature latine médiévale
étaient aussi actives chez nous qu'en littérature romane
- nous n'avons plus, depuis longtemps, de tradition philologique et littéraire
médiolatine à l'université, alors qu'il en existe
une très forte dans les pays voisins. La littérature médiévale
est presque totalement sacrifiée, ce qui est très dommageable,
car l'histoire littéraire est une composante de l'histoire culturelle,
donc de l'histoire tout court. Cela contribue à enfermer le fait
littéraire dans une sphère spécifique, à l'exclure
de l'histoire des idées et de la société, ce qui est
grave sur le plan de la représentation qu'on se fait de la discipline
: l'histoire n'est pas seulement affaire d'événements politiques
ou économiques. Et c'est sans parler du déficit de formation,
en ecdotique, par exemple, qui nuit tant à nos éditions françaises
de textes médiolatins. Il est donc urgent d'élaborer des
moyens de remédiation dans les domaines didactique, pédagogique,
propédeutique.
Ce colloque a été
déterminant dans la poursuite et la redéfinition de notre
programme de recherche pour les quatre années à venir. Il
a en effet conduit d'une part à mettre l'accent sur l'élaboration
d'un certain nombre d'outils indispensables à l'enseignement et
à la recherche en histoire médiévale, en particulier
un lexique latin médiéval-français, et d'autre part
à tisser des liens avec d'autres chercheurs travaillant dans le
domaine de la lexicologie.
4.
Lexicologie
Parmi les diverses applications
possibles de la lexicologie figurent les problèmes d'attribution,
fréquents dans les domaines diplomatique et hagiographique. Dans
cette perspective, le 10 novembre 2000 s'est tenu à l'IRHT un atelier
de la revue Médiévales, coordonné par Monique
Goullet et Nathalie Bouloux (membre du comité de rédaction
de la revue Médiévales), sous l'intitulé « Les mots
latins et leur traitement » . Le numéro de la revue Médiévales
qui a été ainsi préparé paraîtra à
l'automne 2001.
Programme de l'atelier
de Médiévales
Sylvie Mellet (CNRS, Nice)
: L'encodage grammatical des corpus a-t-il une utilité en matière
d'attribution de texte ?
Etienne Evrard (Liège)
: La diversité lexicale est-elle un critère d'attribution
?
Anne-Marie Turcan-Verkerke
(IRHT) : Sens et pertinence de l'étude quantitative de la rime
et du rythme dans les clausules.
Michel Dubrocard et Xuan
Luong (Nice) : Une approche « économique » des problèmes
d'attribution : l'analyse des formes peut-elle remplacer celle des lemmes
?
Nicholas Brousseau (étudiant,
Ecole des Chartes) : Lemmatisation et traitement statistique : de nouveaux
instruments pour la critique diplomatique ?
Monique Paulmier-Foucart
et Marie-José Gasse (ARTEM) : Une fausse piste provisoire : le
futur antérieur dans les chartes médio-latines.
Michel Parisse (Paris I),
«
Quod vulgo dicitur » : le passage du latin au français dans les
chartes médiévales.
Anita Guerreau-Jalabert
et Bruno Bon (Comité Du Cange) : Autour de la rédaction
des dictionnaires de latin médiéval.
Le jeu de mots du titre
annonçait la volonté de s'intéresser à la fois
à la façon dont le latin est « traité », c'est-à-dire
mis en euvre, dans certains textes médiévaux spécifiques,
et à celle dont la lexicographie, la « dictionnairique », la sémantique,
la statistique, etc… peuvent les « traiter » aujourd'hui. Dans cette approche
multidisciplinaire, un intérêt particulier, mais pas exclusif,
a été accordé aux outils indispensables que sont devenus
aujourd'hui les traitements électroniques des données et
les méthodes quantitatives, encore assez peu volontiers utilisés
par les non-spécialistes. L'une des préoccupations majeures
fut d'informer les historiens sur les travaux et les possibilités
en matière de lexicographie.
L'éloge des bases
de données et des méthodes quantitatives en matière
phonémique, lexicologique, syntaxique, stylistique, n'est plus à
faire, et on peut lire maints travaux intéressants sur la question.
La légitimité de ces méthodes est unanimement reconnue,
et même au-delà, mais leur mise en euvre est difficile, en
raison d'une absence de formation quasi générale aux statistiques
chez les historiens et, davantage encore, chez les littéraires.
L'une des questions à débattre est très concrète
: elle concerne la façon dont historiens et littéraires peuvent
avoir accès aux méthodes quantitatives : une auto-formation
est-elle envisageable, et selon quelle voie ? Des séances collectives
peuvent-elles être organisées, et par quelles institutions
? Ceux qui ne souhaitent pas consacrer beaucoup de temps à se former
peuvent-ils faire
« sous-traiter » leurs
textes par des organismes spécialisés (Lasla, Cétédoc,
Laboratoires du CNRS, etc..) : où , quand, dans quelles conditions
?
Sur ce plan l'atelier a
favorisé une réelle avancée, car il a permis de tisser
des liens entre plusieurs laboratoires de recherche (Lamop, Lasla de Liège,
« Base, corpus et langage » de Nice). A l'issue de la réunion il
a été décidé qu'une demande de formation en
statistique lexicale serait formulée auprès du CNRS ; elle
devrait être assurée par le laboratoire « Bases, corpus et
langage » dirigé par Sylvie Mellet.
Les médiolatinistes
se heurtent en outre à un double problème, spécifique
à leur discipline : les logiciels performants ont été
conçus pour travailler sur des formes, françaises la plupart
du temps, et non sur des lemmes. Or on juge habituellement que la lemmatisation
est un préalable indispensable à un traitement approfondi
des langues à flexions. Grâce aux bases de données,
la lemmatisation du latin classique est aujourd'hui en majeure partie automatisable,
mais dans le cas du latin médiéval, pour lequel nous sommes
loin de disposer d'un thesaurus complet, elle doit se faire manuellement,
et implique par conséquent des travaux préparatoires longs
et fastidieux. Le Lasla, en la personne d'Etienne Evrard, a offert son
aide aux médiolatinistes intéressés.
Enfin, bases de données
et statistiques ne peuvent être que des outils, dont la valeur est
nulle si le médiéviste ne leur soumet pas les bonnes questions
ou s'il interprète mal leurs résultats. Notre but n'était
donc pas de faire un atelier
« high tech », mais de
voir comment nous pouvons progresser dans l'évidence que nous construisons
l'histoire en très grande partie sur les mots que nous a transmis
le passé.
Cet atelier a été
préparé par une séance de travail au Lasla de Liège,
réunissant Christine Ducourtieux, Monique Goullet, Etienne Evrard
et Michel Absil. Y ont été évoqués un certain
nombre de problèmes liés au choix des logiciels, à
la question de la lemmatisation, et aux problématiques de la statistique
lexicale en général.
5.
Colloque Adélaïde de Bourgogne
Le Lamop s'est associé
à l'organisation du colloque Adélaïde
de Bourgogne. Genèse et représentations d'une sainteté
impériale, co-organisé par Patrick Corbet, Dominique
Iogna-Prat et Monique Goullet à Auxerre en décembre 1999.
Ce colloque a reçu le soutien financier du CNRS, du Centre d'Etudes
médiévales d'Auxerre, de l'Université de Bourgogne
et de l'Université Nancy 2. Les Actes paraîtront dans lesCahiers
du Centre d'Etudes médiévales d'Auxerre.
Programme
2001-2005
Après quatre ans d'existence,
l'axe de latin médiéval se structure désormais en
quatre sous-axes :
1) Diplomatique
(responsable : Michel Parisse)
2) Elaboration d'outils
pédagogiques et heuristiques (responsable : Michel Parisse)
3) Sources documentaires
et historiographiques (IXe-XIIe siècles) (responsable : Laurent
Morelle)
4) Textes hagiographiques
(responsable : Monique Goullet)
1.
Diplomatique (M. Parisse)
Les premiers travaux de
Michel Parisse ont porté sur les actes des évêques
de Metz du XIIe siècle. Il a créé en 1987 un GDR portant
sur l'édition des actes des évêques de France
des origines à 1200 ; enfin il a organisé des travaux d'étudiants
sur le même thème concernant les archevêques de Sens,
les évêques de Paris et de Meaux.
Le travail actuellement
en cours porte sur les actes des évêques de Metz et de Toul,
qui doivent être revus et corrigés pour la publication et
accompagnés d'identifications diverses. Dans le diocèse de
Toul, pour la période de 835 à 1124 on dénombre 140
actes, dont la difficulté réside dans la critique diplomatique
des pièces fausses ou falsifiées. Les actes du XIIe siècle
sont en bien plus grand nombre : près de 120 pour Henri, 190 pour
Pierre, 80 pour Eudes. Ces chartes sont d'une richesse considérable
pour l'histoire de la Lorraine et des communautés religieuses. Mais,
on le sait depuis longtemps, les actes de cette époque permettent
aussi de couvrir tous les domaines de l'histoire générale
(vie quotidienne, économique, sociale, juridique, linguistique).
Les actes des évêques de Metz sont beaucoup plus nombreux
pour la haute époque (IXe et Xe siècle), moins nombreux pour
le XIIe siècle et moins riches. La publication de ces textes sera
une contribution importante à la connaissance de la diplomatique
et des chancelleries, outre celle de l'histoire régionale. Le travail
est poursuivi par un doctorant Mathieu Perru pour la période
1212-1224 (voir i).
Depuis 1994, une partie
de la recherche de M. Parisse en diplomatique se tourne vers les pancartes
(« Ecriture et réécriture des chartes : les pancartes aux
XIe et XIIe siècles », dans Bibliothèque de l'Ecole des
Chartes, t.155, 1997, p.247-265.). Ce sont des actes composites, regroupant
de façons diverses des notices, des donations, des chartes, qui
se retrouvent souvent sous le sceau des évêques et des princes
laïcs. Ces pancartes représentent un type de document délaissé
par les diplomatistes jusqu'aujourd'hui. Elles ont été considérées
jusqu'ici comme des documents originaux et par conséquent totalement
fiables, alors qu'en réalité il s'agit de copies analogues
à celles des cartulaires, et par conséquent de textes souvent
remaniés ou réécrits par des notaires monastiques.
Elles feront l'objet d'une recherche approfondie d'une doctorante, Marlène
Hélias (voir infra).
2)
Elaboration d'outils pédagogiques et heuristiques (M. Parisse)
a)
Lexique latin-médiéval-français :
La table ronde qui a conclu
le colloque « Les historiens et le latin médiéval
»
au terme de trois jours de travaux a abouti à reconnaître
l'utilité, voire la nécessité, de donner aux chercheurs
et aux étudiants un lexique latin-médiéval-français,
ou plus exactement un lexique contenant le vocabulaire latin depuis la
période classique jusqu'à la période médiévale.
En effet les grands dictionnaires déjà parus, ou en cours
de publication, s'avèrent pour beaucoup hors de la portée
des étudiants ; en outre ces entreprises de publication, aux objectifs
scientifiques très ambitieux, sont forcément très
lentes, et laissent beaucoup de médiévistes démunis.
Afin de satisfaire simultanément
aux exigences pédagogiques (un livre maniable, facile d'utilisation,
et rapidement publiable) et scientifiques, le Lamop s'est associé
au Comité Du Cange (Académie des Inscriptions et Belles Lettres)
et une équipe de douze personnes s'est constituée. Elle comprend
: Christiane Cosme, Monique Goullet, Michel Parisse, de l'Université
Paris I et du Lamop ; Bruno Bon, Monique Duchet-Suchaux, Anne Grondeux,
Anita Guerreau, du Comité Du Cange ; Benoît Tock et Marie
José Gasse de l'UMR de Nancy 2, Jean Meyers et Michel Tarayre de
l'Université de Montpellier, Laurence Moulinier de l'Université
Paris VIII.
A l'heure actuelle on peut
considérer que 80% environ du vocabulaire figurant dans le Grand
Gaffiot, dans le Dictionnaire des auteurs chrétiens d'A.
Blaise et dans le Medie latinitatis Lexicon minus de F. Niermeyer
ont été saisis par les membres de l'équipe. En mai
2001 on devrait atteindre les 100%. Restera alors à intégrer
la matière des dictionnaires spécialisés comme l'ancien
ou le nouveau Du Cange, et à faire les grands choix éditoriaux.
Les membres de l'équipe se réunissent environ une fois par
trimestre au siège du Nouveau Du Cange, quai Conti, pour débattre
des problèmes scientifiques et méthodologiques rencontrés.
Il paraît réaliste d'envisager une parution dans les deux
années à venir, en même temps que la constitution d'une
base de données en ligne, destinée en particulier à
recevoir le vocabulaire rare et très spécialisé qui
n'aura pu trouver sa place dans le lexique. Une demande de vacations a
été faite au CNRS pour la réalisation de cette base
et pour la préparation de l'édition-papier.
b) A titre
de complément à leur méthode d'initiation au latin
médiéval, Michel Parisse et Monique Goullet travaillent à
la publication d'un livre d'exercices .
c) Glossaire
du latin philosophique médiéval (J.M. Le Gal)
Le « Glossaire du latin
philosophique médiéval » est désormais rattaché
à l'axe de latin médiéval, tout en restant sous l'unique
responsabilité scientifique de J.M. Le Gal. Les recherches du Glossaire
du latin philosophique médiéval se sont toujours situées
sur le plan doctrinal plutôt que sur celui de la philologie, dans
la mesure même où il a été conçu au départ
comme une étude du vocabulaire philosophique, de son élaboration,
de son usage et de son évolution. Les termes engrangés dans
les fichiers du Glossaire, et qui font là l'objet d'une définition
dans un champ sémantique déterminé, répondent
chacun à une extraction faite sur un texte médiéval
sélectionné en raison de son intérêt lexical,
de son contenu doctrinal ou de sa valeur historique, autant donc pour les
ressources qu'il présente sur le plan de la terminologie que pour
ce qu'il révèle de l'activité intellectuelle à
une époque donnée. Le lemme sélectionné, qui
constitue l'entrée de la fiche et correspond à un concept
défini, peut être autant une expression composée qu'un
mot unique pris dans sa singularité. Dans le premier cas nous avons
par exemple cognitio matutina et cognitio vespertina, summum
bonum ou quod quid est, principium materiale et intellectus
agens, et, dans le second intellectus, conscientia, quiditas,
natura
et ses dérivés. A noter encore que les fiches dites « d'équivalence
» portent l'indication du mot grec, ou, le cas échéant, sémitique
transcrit alors en caractères latins, que le texte des traductions
rend par le terme relevé sur la fiche.
Le classement des fiches
comporte deux niveaux : d'abord sémantique, ensuite chronologique.
Les glossaires médiévaux y prennent place par ordre chronologique
et non pas suivant le nom d'auteur en latin.
Chacune des fiches bibliographiques
du Glossaire comportent la référence de l'ouvrage, de l'article,
parfois du manuscrit où le mot traité peut être relevé
et défini sur le plan doctrinal ; y sont indiqués sommairement
les commentaires dont les expressions et termes relevés ont fait
l'objet.
Pour donner une idée
du champ lexicographique couvert par les recueils de vocabulaire qu'offrent
les fichiers de ce Glossaire, on peut prendre pour base, pour le XIIe siècle
par exemple, le domaine des savoirs théoriques et pratiques et,
pour le XIIIe siècle, la logique et l'ensemble du Corpus aristotelicum
et les commentaires auxquels il a donné lieu, ainsi que les « disputations
» et les questions quodlibétiques. En revanche l'enquête lexicale
ne s'étend pas aux développements de certains auteurs médiévaux
qui traitent de questions relevant de la scientia naturalis, de zoologie,
de géographie ou d'histoire descriptive. L'ensemble des collectes
repose au départ sur l'exploitation, dans une perspective d'histoire
conceptuelle, d'un patrimoine philosophique et de sa postérité,
celui que présente le fonds terminologique et les collationnements
de l'âge classique et du bas Empire, l'apport philologique du latin
chrétien et de l'exégèse médiévale ainsi
notamment que le déploiement pluriséculaire de la spéculation
philosophique, de l'analyse juridique et morale et de la réflexion
théologique sous toutes ses formes. À la faveur des innovations
conceptuelles qu'impliquent la vie et le développement continu de
la pensée spéculative, les auteurs anciens, et les médiévaux
bien d'avantage, n'ont jamais craint de conférer aux mots des significations
souvent très éloignées du sens originel, parfois de
propos délibéré et en raison des enjeux doctrinaux,
traduisant par là, de façon consciente ou non, l'évolution
des esprits et des représentations. Néanmoins le mouvement
apparemment inverse, celui du ressourcement dans la tradition et la langue
classique, du recours à l'archaïsme, aboutit lui aussi à
engendrer des néologies, lesquelles n'ont fait qu'accroître
le rythme des évolutions sémantiques.
Dans les traités,
les questions disputées, les sommes et l'ensembles des écrits
universitaires fleurissent, à côté d'emprunts plus
ou moins latinisés au grec, les néologismes, par dérivation
ou par composition, toute la palette de néologies qu'implique la
littérature de traduction et ses commentaires, ou que requiert la
spéculation philosophique et les discussions théologiques.
On retrouve là, héritée de l'âge classique et
de l'Antiquité tardive, une tradition d'innovations lexicales et
d'emprunts terminologiques que présentaient déjà les
écrits philosophiques de Sénèque, l'euvre de Cicéron
et de Boèce, ou les travaux philologiques de Priscien.
Le Glossaire, confronté
à la multiplicité des sens qu'un même vocable présente
parfois au sein d'une même euvre et dans un souci d'objectivité,
a regroupé les textes cités suivant la similitude des énoncés
et la parenté des contextes d'où ils ont été
extraits. Par souci d'adaptation à la diversité de perspectives
que présentaient les textes étudiés, l'entreprise
du Glossaire a toujours fait la part de l'empirisme dans le choix des termes
pertinents dignes d'être retenus pour opérer les extractions
de textes en partant de ce principe que, en bonne méthode historique,
il ne pouvait s'agir de forger un modèle de latin philosophique
ni d'établir une liste de catégories conceptuelles à
valeur de critère pour l'interprétation des euvres des penseurs
médiévaux, et qu'il ne restait donc qu'à se
mettre à leur école : si paradigme il y avait, il devait
ressortir de l'enquête elle-même et non d'une hypothèse
d'école ou de l'instauration de postulats.
Pour l'établissement
des lemmes des fichiers du Glossaire le choix, s'agissant des extractions
de textes, revenait alors à isoler et relever une unité d'intellection
et d'expression - dont les acceptions singulières, dégagées
par leur contexte d'emploi, sont autant de reflets " permettant de déterminer
pour chacun des vocables considérés, l'idée fondamentale
et irréductible qu'il exprime et qui lui confère une singularité
sémantique.
La recherche d'une application
de l'informatique aux fichiers du Glossaire du latin philosophique médiéval,
est encore à l'étude et le projet initial a dû être
envisagé à partir de 1997 sur de nouvelles bases, à
la suite du décès du Pr. François Charpin (Paris VII),
auteur d'un analyseur grammatical du latin et dont la collaboration paraissait
indispensable à l'élaboration progressive du système
expert que l'on avait en vue.
Il s'agit ici d'une tentative,
proche de la constitution d'un dictionnaire analogique du latin médiéval,
qui se propose, sur la base des dépouillements lexicaux considérables
" près de 250 000 fiches consultables par les chercheurs et les
étudiants - qu'offrent les fichiers du Glossaire, d'aboutir à
une interrogation des textes doctrinaux recueillis sur CD-ROM du point
de vue des signifiés, et non plus seulement à partir du support
lexical et morphologique que présentent les signifiants mais en
fonction d'une reconnaissance des concepts et du sens des termes dans un
contexte donné. Le Glossaire dispose d'une bibliothèque spécialisée
sur l'Antiquité et le Moyen Age, accessible aux chercheurs et aux
étudiants, et dont le catalogage électronique est actuellement
en cours sur les fonds de l'UFR de Philosophie de Paris 1.
3.
Sources documentaires et historiographiques (IXe-XIIe siècles)
(L. Morelle)
Laurent Morelle
s'intéresse particulièrement au croisement de l'écrit
diplomatique et des sources historiographiques. Il s'agit notamment d'examiner
la place qu'occupe l'écrit diplomatique dans la « politique mémoriale
» des monastères du IXe au XIIe siècle. Du modèle
« franc » à la nouvelle donne post-grégorienne, il y a un
moment spécifique de l'histoire des archives à explorer,
quand le climat socio-politique incite les communautés religieuses
à redéfinir leur identité et leurs droits vis-à-vis
du monde et des pouvoirs extérieurs. Le thème vise l'histoire
« interne » des chartriers (évolution du matériel diplomatique
qu'ils contiennent), mais aussi leur histoire « externe », c'est-à-dire
l'étude des techniques de conservation et de mise en valeur des
pièces d'archives et l'histoire même des soins dont on les
entoure (ou dont on les prive). Une autre volet de l'enquête touche
aux usages de l'écrit diplomatique et aux « valeurs » qui s'y attachent
; à ce titre, il convient de prêter attention autant au rôle
joué par l'écrit diplomatique dans les pratiques sociales
(notamment dans l'administration de la preuve) qu'à la « réception
» des « chartes » dans les euvres « littéraires » ou para-littéraires
(Gesta, cartulaires-chroniques, chroniques).
Ce genre d'enquête
suppose l'étude de « viviers » d'archives privilégiés
en raison de leurs qualités heuristiques. Les résultats partiels
de plusieurs enquêtes conduites depuis 1998 sont publiés dans
trois articles parus en 2000 (voir Bibliographie),
issus de contributions donnés lors de colloques tenus à Montier-en-Der
(1998), Utrecht et Saint-Quentin-en-Yvelines (1999). L'un d'entre eux est
une monographie de cartulaire ; le deuxième compare trois chartriers
sous l'angle des mutations qui affectent leurs composantes diplomatiques
à partir de la fin du Xe siècle. Le troisième tente
de définir les modes d'insertion de la « charte » dans les sources
historiographiques. Les recherches actuellement menées trouvent
une première chambre d'écho dans les séminaires donnés
à l'Ecole pratique des hautes études (IVe section), dans
le cadre d'une conférence que L. Morelle assure depuis 1999-2000
(« Histoire des archives ecclésiastiques médiévales
»), sur « cartulaires et chartriers monastiques ». Les dossiers des abbayes
de Saint-Amand et de Saint-Riquier ont été examinés
l'an dernier. Le programme de l'année 2000-01 a retenu les monastères
de Saint-Bertin, de Saint-Wandrille et de Montier-en-Der.
Christiane Cosme a
soutenu en 1992 une thèse consacrée à L'euvre hagiographique
en prose d'Alcuin, abbé de Tours : édition critique, traduction
et commentaire ; la traduction doit paraître sous peu de
temps. Le travail s'est poursuivi par l'examen et un début de traduction
du gros corpus de lettres du même auteur. Cette correspondance comprend
plus de trois cents lettres, dont une vingtaine ne sont pas authentiques.
Une nouvelle édition s'impose ; elle sera établie à
partir de dix-sept manuscrits actuellement repérés et appartenant
à la haute époque (VIIIe-XIe siècles). Un commentaire
thématique suivra naturellement.C. Cosme a été sollicitée
par ailleurs pour participer à l'entreprise de traduction des lettres
de saint Bernard, l'illustre abbé de Clairvaux ; elle doit assumer
la charge complète des tomes 5 et 7 de cette correspondance. Ces
lettres avaient été plusieurs fois traduites au cours des
siècles antérieurs, mais une nouvelle version s'imposait
et elle fut confiée d'abord à dom Jean Leclercq et à
H. Rochais. Cette seconde entreprise a conduit C. Cosme à prendre
pour champ de recherche et de réflexion le thème de la correspondance
en se portant sur la période qui va d'Alcuin à Bernard. Ces
trois siècles et demi dont riches en correspondances de toute sorte
et d'importance variée ; qu'on songe aux épistoliers du IXe
siècle (Eginhard, Loup, Hincmar) ou à ceux du XIe (Hildebert,
Yves, Lambert) et à toutes celles qui accompagnent la querelle des
Investitures. La direction de recherche est ici littéraire avant
tout et les questions posées se distinguent de celles que posent
habituellement les historiens. Il s'agit bien ici des problèmes
de choix de composition, de chasse aux références scripturaires,
de modèles littéraires de prédilection. Les éclairages
politique et social n'en seront pas pour autant ignorés : quels
liens existe-t-il entre certaines correspondances et les Miroirs des princes
? N'y trouve-t-on pas un manuel sur l'art de gouverner, et d'autres intentions
inavouées ?
4. Textes
hagiographiques (M. Goullet)
Quatre chercheurs du Lamop
ont travaillé ou travaillent actuellement sur des corpus de textes
hagiographiques : Christiane Cosme (l'oeuvre hagiographique d'Alcuin),
Charles Vuilliez (les textes de l'Orléanais), Xavier Hermand et
Monique Goullet (voir Bibliographie). Xavier
Hermand est en particulier co-fondateur d'Hagiologia, Atelier belge de
recherche sur les textes hagiographiques, qui publie une Lettre
pluri-annuelle diffusée par Brepols, et organise des séances
de travail en Belgique et en France ; l'équipe d'Hagiologia a également
fondé sous ce nom une collection de textes hagiographiques chez
Brepols.
Des travaux d'étudiants
ont été réalisés ou sont en cours de réalisation,
sous la direction de Michel Parisse :
Claire Nestel,
Translation
et Miracles de saint Firmin de Verdun, juin 2000. (maîtrise)
Frédéric
Munier, après avoir soutenu une maîtrise
en 1995 sur La parole et l'hagiographie : le discours direct dans les
vitae et miracula de Saxe au Xe et XIe siècles, a soutenu en
1999 un DEA intitulé Les reliques et la théologie au XIIe
siècle d'après les Flores epytaphii sanctorum de Thiofrid
d'Echternach. Il prépare actuellement une thèse sur le
thème Théorie et pratique du culte des reliques dans l'Occident
chrétien (XIe-XIIe siècles). L'objectif de ce travail
est de décrire les évolutions qui font des reliques un discours
original à la faveur des réformes grégorienne et monastique,
de la croisade et de la définition d'une ecclésiologie nouvelle,
en mettant au premier plan des sources théoriques latines très
peu étudiées en raison de leur difficulté linguistique
: essentiellement les euvres de Thiofrid et de Guibert de Nogent, ainsi
que des sermons de Berengosus de Trèves, Eadmer de Cantorbéry,
Pierre le Vénérable et Bernard de Clairvaux.
Monique Goullet
a entrepris un programme de recherche consistant à rassembler, en
vue de leur exploitation historique, littéraire et linguistique,
la totalité des textes hagiographiques de la Province ecclésiastique
de Trèves (soit les diocèses de Metz, Toul, Verdun et Trèves)
pour les VIIe-XIe s., et les doter d'un hypertexte élaboré
à partir de la recherche récente. Pour chaque texte on proposera
une édition critique, ou tout au moins une recension faite d'après
un ou plusieurs manuscrits dûment identifiés et présentés
; on rendra possible le traitement statistique, lexical, syntaxique, stylistique
et sémantique de ces textes par l'accompagnement de logiciels adéquats
; on fournira parallèlement une base documentaire qui, pour chaque
texte, comprendra :
. un résumé
analytique
. les manuscrits
et les éditions
. les sources identifiées
. le point sur les
datations et les attributions
. un diagnostic sur
l'intérêt historique du texte
. une bibliographie
. une cartographie
et des documents paléographiques, codicologiques, iconographiques
Le projet a reçu le
soutien scientifique de l'Institut historique allemand, en la personne
de son directeur, Werner Paravicini, et de Martin Heinzelmann, chercheur
et co-directeur, avec François Dolbeau et Joseph-Claude Poulin,
du programme « Sources hagiographiques de la Gaule avant l'an Mil ». La
maison Brepols, en la personne de Luc Jocqué et Christophe Lebbe,
s'est déclarée prête à diffuser la base de données
sous la forme d'un cédérom. Le CNRS a contribué financièrement
à la constitution de la base (financement de la saisie des textes)
; Guy Philippart venant d'obtenir de l'Université de Namur des crédits
pour un programme de traitement lexical des textes hagiographiques, une
collaboration s'effectuera entre lui et le Lamop. Actuellement la totalité
des textes ont été saisis et il faut à présent
réfléchir à la conception de la base de données,
tant du point de vue scientifique que du point de vue technique. |