.
Art et société
en Occident
de l'époque
carolingienne à la fin du Moyen âge
.
Christiane
Prigent
Enseignants-chercheurs:
Maylis Baylé , Françoise Perrot , Christiane Prigent
Membres associés: Ilena Hans-Collas, Vincent Juhel , Anne-Claude
Le
Boulc'h-Schnerb
, Priscilla Pelletier , Emmanuelle Riand
Dans
le programme de 1997, l'UMR 8589 avait ébauché, sous les
auspices de Christiane Prigent et de Dominique Rigaux, un axe transversal
sur le thème Art et Société, avec une orientation
spécifique vers les questions iconographiques. Françoise
Perrot, historienne du vitrail, a alors rejoint l'équipe. Le départ
de Dominique Rigaux, l'arrivée de Maylis Baylé, spécialiste
d'art monumental, ont suscité la création d'un axe spécifique
d'Histoire de l'Art dont les thèmes s'intègrent parfaitement
dans la problématique de l'équipe et sont susceptibles de
favoriser des recherches conjointes de type "transversal". Cet axe comporte
un thème d'histoire de l'architecture orienté vers les problèmes
de techniques de construction, avec un corpus d'édifices antérieurs
à 1050 et un programme de relevés d'appareil et de modénature,
notamment à l'époque romane (Maylis Baylé). Un autre
thème concerne l'unité de la production artistique - relatons
de style entre sculpture, enluminure, vitrail, arts précieux, relatons
entre artistes. Déjà étudié par Maylis Baylé
pour le domaine anglo-normand, il concerne d'autre part l'ensemble des
chercheurs et doctorants de cet axe, parmi lesquels un excellent spécialiste
de la peinture murale, Vincent Juhel, et un chercheur associé travaillant
sur l'orfèvrerie, Emmanuelle Riand. Enfin, la présence de
deux spécialistes du XVe siècle, Christiane Prigent et Françoise
Perrot, permet d'approfondir les questions de mécénat, d'iconographie
et d'identification des ateliers, celle de la place de l'artiste et de
son oeuvre dans la société de son temps. Les travaux de Christiane
Prigent portent principalement sur les arts en France au XVe siècle,
replacés dans le contexte religieux, politique, social et économique.
Plusieurs thèses en cours, sous sa direction, traitent de sujets
sur la production artistique de la France à la fin du Moyen Age.
Elle va orienter ses recherches sur les arts en Angleterre à la
fin du Moyen Age. Tous les travaux mentionnés pour les différents
thèmes restent étroitement liés à ceux des
autres membres de l'équipe. Le premier thème ne peut être
envisagé sans une collaboration étroite avec les spécialistes
d'histoire des techniques travaillant avec Paul Benoît.
L'histoire de l'art et la connaissance des commanditaires sont susceptibles
d'apporter de précieux éléments aux recherches prosopographiques
d'Hélène Millet. L'équipe
de Latin médiéval et l'enquête de Michel
Parisse sur les textes relatifs aux objets d'art peuvent éclairer
d'un jour nouveau l'étude en cours d'Emmanuelle Riand sur les châsses
médiévales.
BILAN
Pour être complet,
ce bilan devrait tenir compte de la poursuite du programme PREALP dirigé
par
Dominique Rigaux, maintenant professeur à l'Université de
Grenoble. Il n'est malheureusement pas possible de donner l'évolution
de ce programme très important, qui se poursuit à Grenoble.
Dominique Rigaux est toujours liée au Lamop, mais cette fois en
tant que conseiller scientifique.
Art
et société en Europe Occidentale au XVe siècle
.
Christiane
Prigent
Maître
de Jean de Wavrin, Le Livre du très chavaleureux comte d'Artois
et de sa femme d'après la reproduction du manuscrit de la BNF éditée
par Maisonneuve & Larose
L'ouvrage dirigé
par Christiane Prigent (voir ci-dessus) donne une idée précise
des nombreuses orientations de recherche susceptibles d'être entreprises.
Parmi celles-ci les travaux de Christiane Prigent privilégient la
recherche sur la sculpture du XVe siècle et notamment les albâtres
(voir Publications). Ils comportent un pôle spécifique d'étude
de leur production et de la sculpture monumentale et funéraire d'Outre-Manche.
Dans le cadre des problèmes de relations entre les divers secteurs
de la production artistique, une collaboration avec les recherches iconograhiques
de Françoise Perrot et avec les spécialistes des trésors
d'églises s'intégre dans ce programme.
Archéologie
monumentale dans l'Europe du Nord-Ouest
.
Maylis Baylé
Chapiteau
(v. 1090) de l'ancien prieuré de Goult (Orne). Cliché personnel
de M. Baylé.
En raison du rattachement
récent de Maylis Baylé au LAMOP, une partie des travaux évoqués
ci-dessous n'a été effectuée que partiellement dans
le cadre de cette équipe. Il convient cependant de souligner la
continuité de ces recherches qui s'intègrent fort bien -
et de manière beaucoup plus satisfaisante que précédemment
- dans l'Axe Art et Société et qui favorisent une collaboration
effective et efficace avec les autres chercheurs. Signalons qu'en plus
des trois thèmes présentés ci-dessous, un quatrième
thème est en cours de programmation : il s'agit d'une recherche
sur les campagnes de construction du XIIe siècle de la cathédrale
de Bayeux, fondée notamment sur une étude pétrographique.
Des échantillons vont être analysés par le laboratoire
de Brookhaven.
Architecture.
Techniques de construction
Corpus des églises
antérieures à 1050
L'analyse scientifique
précise et une approche nouvelle des questions de datation ont été
longtemps laissées de côté pour les nombreux édifices
ruraux de dimensions souvent modestes que l'on peut raisonnablement attribuer
à une période antérieure à l'essor de l'architecture
romane. Un corpus des églises répertoriées en Normandie
(voir Publications ESTMA) est en cours d'achèvement. Le travail
sur Vieux-Pont-en-Auge est presque achevé mais nécessite
des analyses de matériaux : l'examen par thermoluminescence des
briques de Vieux-Pont est en cours, d'autres analyses sont programmées
(fragments de poutres, éventuellement mortiers) et devront être
effectuées très rapidement. Surtout, les rencontres avec
d'autres collègues (D. Prigent, C. Sapin, l'équipe de R.
Early à Mayenne) ont montré l'importance de confrontations
supplémentaires avec les études entreprises pour d'autres
secteurs où l'on attend également le résultat d'analyse
et de synthèses. L'analyse des techniques de construction implique
naturellement une collaboration étroite avec les chercheurs participant
à l'axe dirigé par Paul Benoît.
Un ouvrage de synthèse est en cours de rédaction. Il semble
nécessaire d'élargir l'investigation au au grand ouest (Maine,
Mayenne, Bretagne) dans lequel un repérage a déjà
été effectué (notamment Langast, Guer, Dolon en Bretagne;
Pritz, documentation ancienne sur les substructions de Notre Dame du Pré
au Mans; prise en compte des derniers résultats des travaux des
archéologues réalisant actuellement l'étude de Mayenne
et de ceux d'A. Vallais pour l'Anjou à Savennières et au
Lion d'Angers par exemple). Afin de situer ces recherches dans le cadre
plus vaste des études de techniques de construction entreprises
pour la même période dans l'ensemble de la France et à
l'étranger, un séminaire peut être le lieu de rencontres
sur ce sujet.
Corpus des bases
L'étude des habitudes
d'atelier et notamment de la modénature des bases est essentielle
à la fois pour parvenir à des datations précises et
pour identifier des ateliers itinérants conservant d'un chantier
à l'autre les mêmes profils de bases. Pour le domaine anglo-normand,
des séries très homogènes existent, généralement
sur une période d'une quinzaine d'années maximum. Par ailleurs
de petits groupes d'édifices offrant une modénature similaire
permettent de retracer le cheminement des maçons, notamment en Cotentin
et dans la Basse-Seine. Pour d'autres régions (par exemple, la Bourgogne
et la France moyenne), les formes se maintiennent parfois plus longtemps,
mais le corpus des profils est quand même un indice révélateur.
Il permet notamment de repérer les aires de diffusion à partir
de grands monuments. En cours d'achèvement pour la Normandie et
entrepris de manière encore sporadique pour les autres régions,
ce corpus est avant tout un instrument de travail. Actuellement, le corpus
des bases romanes est achevé pour les principaux édifices
de Normandie. Des relevés supplémentaires sont en cours pour
le XlIe siècle, notamment en Cotentin, ainsi que l'extension des
relevés au Maine et à l'Anjou, le travail ayant déjà
été effectué en 1994 pour Angers même.
Directions et publications
de colloques
" Section 21 Time and
Sculpture du colloque international du CIHA (septembre 2000), direction
M. Baylé.
" 2e édition revue
et augmentée de L'architecture normande au Moyen Age (t.
1 Colloque international de Cerisy-la-Salle, 1re édition 1997).
Recherches
sur l'ornementation du XIIe siècle dans l'Europe du nord-ouest.
L'étude part de
deux constatations : d'une part, l'unité de style existant entre
les différentes formes de la production artistique (sculpture, enluminure,
ivoires, orfèvrerie et éventuellement peinture murale) à
un même moment, dans les centres artistiques de l'Europe du nord-ouest,
et, d'autre part, l'importance d'une période situable vers 1130-1150
pour les échanges artistiques entre Normandie, Angleterre, Scandinavie
(voir Publications, Mélanges Prache et Mélanges Romanini).
En tenant compte de travaux effectués notamment par J. West pour
l'Angleterre, par E. Hohler, M. Blindheim et P. Anker pour la Scandinavie,
il est nécessaire de cerner la place de la Normandie dans ce contexte.
Deux courts articles ont été donnés sur ce sujet qui
mérite une plus complète publication. Des rencontres récentes
avec d'autres spécialistes étrangers (Signe Fugelsang, Université
d'Oslo) suggèrent l'établissement d'un programme commun et
d'échange au niveau du CNRS et des enseignements de Paris I. Ce
thème est étroitement lié aux recherches développées
ici dans le cadre des problèmes de relations stylistiques entre
sculpture et ornementation.
Trésors
d'églises. Arts précieux. Relations stylistiques entre les
formes de la production artistique
.
Françoise Perrot
Les recherches portent essentiellement
sur le vitrail, sous la direction de Françoise Perrot dont les travaux
sont présentés ci-dessous. Maylis Baylé, qui a depuis
longtemps exprimé dans divers articles la certitude que la coupure
entre spécialistes d'architecture, de sculpture, d'arts précieux,
de vitrail, est arbitraire et nocive, a toujours gouverné une recherche
tendant à montrer les relations très étroites existant
entre sculpture romane anglo-normande , enluminure, ivoires, orfèvrerie
et, pour le XIIe siècle, vitrail, participe aussi à cette
opération, ce qui établit une passerelle avec le programme
précédent. Trois doctorants (Vincent Juhel pour la peinture
murale, Emmanuelle Riand pour l'orfèvrerie, et Priscilla Pelletier
pour l'enluminure: voir Publications) et une
étudiante en maîtrise (étude sur les Croix processionnelles
dans le diocèse de Toulouse) y sont liés ; ce programme est
en effet particulièrement susceptible de susciter la collaboration
de chercheurs venant d'horizons divers au sein de l'équipe. Les
recherches de Françoise Perrot sur le vitrail prennent en compte
à la fois les aspects techniques, l'approche iconographique et,
au-delà, l'utilisation de ce mode d'affichage dans la société
médiévale.
Les aspects techniques.
Envisagé d'abord
comme un objet dont il fallait, plus que pour d'autres, vérifier
l'authenticité, il justifiait en premier lieu une étude sous
l'angle technique : la technique du vitrail, et en particulier de la peinture
sur le verre, pendant une longue durée a donc une place prioritaire.
L'étude est faite à partir d'observations nombreuses, si
possible lorsque les vitraux sont déposés pour des restaurations.
Ainsi, la préparation du colloque consacré à Henri
II et les arts a permis de collaborer à la révision du portrait
de François Ier, peint pour la Sainte Chapelle de Vincennes (milieu
du XVIe s.) et maintenant conservé dans les collections du Musée
national de la Renaissance. La contribution de Françoise Perrot
à ce colloque, réuni au Château d'Écouen du
25 au 27 septembre 1997, a consisté en la présentation d'une
pièce de verre, réutilisée en bouche-trou dans une
fenêtre haute de Saint-Maclou de Rouen et portant un décor
d'émail blanc, une technique décrite par Philibert de L'Orme
en 1572, dont il reste peu d'exemples anciens (« En marge de Vincennes
: l'émail blanc et l'esthétique du vitrail vers le milieu
du XVIe siècle », Actes du colloque Henri II et les Arts,
Paris : Éditions des musées nationaux [sous presse]).
La restauration des vitraux
de la Sainte Chapelle de Paris a repris, après quelques années
de suspension. Les analyses scientifiques, concernant le verre et la peinture,
sont menées au Laboratoire de recherche sur les monuments historiques
(Champs-sur-Marne). En complément, l'intervention de Françoise
Perrot se situe sur deux plans : d'abord la révision « archéologique
» des verrières, c'est-à-dire la remise en ordre des panneaux,
que parfois les études récentes permettent de replacer d'une
façon plus conforme à celle d'origine - par exemple pour
la lancette de Daniel; ensuite, la discussion sur la mise en oeuvre de
vitrages de protection. Sur ce dernier point, des renseignements concernant
ce qui s'est pratiqué pendant les toutes dernières années
dans différentes régions de France (Bourges, Chartres, Troyes,
en particulier) ont pu être réunis, de manière à
rouvrir la discussion avec les instances des Monuments historiques. Il
s'agit de documents internes, qui n'ont pas fait l'objet de publication.
Les fouilles menées
sur les sites médiévaux mettent au jour des fragments de
vitrail, pour lesquels Françoise Perrot est appelée à
examiner et, dans les meilleurs des cas, à proposer des identifications.
Philippe Racinet, professeur à l'Université d'Amiens, m'a
associée à ses chantiers écoles, à Nottonville,
puis à Boves, ainsi qu'à la publication des rapports de fouilles.
De même, sur le site de l'ancienne abbaye de Saint-Maur-des-Fossés,
j'ai assisté Pierre Gilon, architecte, responsable du groupe archéologique,
pour trouver un mode d'analyse et de répertoriage des centaines
de fragments de verres provenant de vitraux. Ce travail est en cours. Par
ailleurs, les trouvailles faites sur le site d'une église mérovingienne
à Notre-Dame-de-Bondeville (Seine-Maritime) ont donné lieu
à une journée d'études extrêmement intéressante
étant donné le caractère exceptionnel des éléments
retrouvés (« Expertise sur les verres trouvés à
Notre-Dame-de-Bondeville », 5 mai 2000).
L'analyse des parties restaurées
que l'on peut repérer dans les vitraux est également pleine
d'enseignement, non seulement sur la technique, mais sur l'appréciation
que les générations successives de restaurateurs ont porté
sur le vitrail. Il est même possible de proposer d'aborder l'histoire
du vitrail sous cet angle (Conférence à Notre-Dame-de-Bondeville
: "Histoire fragmentaire du vitrail "(17 novembre 2000) dans le cadre d'une
manifestation intitulée Églises et abbaye du Haut Moyen
Âge.
Le vitrail,
élément du décor monumental
Françoise Perrot
avait entrepris en 1994 avec le Professeur Piotr Skubiszewski (Université
de Poitiers et Université de Varsovie) une recherche sur les aspects
sémantiques et les fonctions de l'image plus précisément
dans le cadre chronologique du passage de l'époque romane à
l'époque gothique. La question était posée de savoir
si la profonde modification qui affecte la structure des édifices
religieux à partir de la seconde moitié du XIIe s. avait
pour corollaire le déplacement du décor monumental, alors
que l'édifice conservait le même sens, liturgique et symbolique,
et semblait toujours conçu comme un tout organique. Comme parallèlement
l'image prend une autonomie croissante jusqu'à devenir une entité
indépendante au XVe siècle, il s'agit de voir comment elle
va s'inscrire dans un ensemble. C'est dans ce cadre que l'ornement roman
avait été étudié (« Le rôle de l'ornement
dans le vitrail roman », Le rôle de l'ornement dans la peinture
murale au Moyen Âge, colloque international de Saint-Lizier 1-4 juin,
1995, Poitiers, 1998, p.157-163). L'étude de la couleur permet
aussi d'appréhender ces changements et de confronter les divers
arts de la couleur. Ce dossier, ouvert mais loin d'être refermé,
a déjà donné lieu à une publication (1996)
et à deux interventions « Le vitrail et la couleur » (conférence
à la Société française d'archéologie,
18 février 1999) et "Le vitrail et la couleur" (journée
d'étude sur La couleur dans le monde médiéval (Amiens,
Université Jules Verne/Musée de Picardie, 5 mai 2000). Ce
thème est l'objet d'une collaboration étroite avec le groupe
de recherche sur les Enduits et mortiers, de l'UMR 5594 (Cnrs/Université
de Bourgogne : Centre d'études médiévales Saint-Germain
d'Auxerre, direction Christian Sapin). Plusieurs journées de travail
ont eu lieu récemment, sur les sites étudiés ou en
cours de restauration (chapelle des moines de Berzé-la-Ville, abbatiale
de Tournus, en particulier). À ces recherches, vient de se joindre
Dominique Grunenwald, doctorant à Paris I, qui a travaillé
sur la polychromie du portail occidental de la cathédrale d'Angers
(thèse de l'École du Louvre), puis sur celle des portails
de la cathédrale d'Amiens (DEA sous la direction de Christiane Prigent
et Françoise Perrot) et étudie maintenant l'ensemble des
problèmes liés à la façade de cette même
cathédrale (direction : Christiane Prigent et Françoise Perrot).
L'adaptation de modèles
anciens à une situation nouvelle peut fournir des renseignements
très utiles pour appréhender l'atmosphère ambiante.
Le grand vitrail de la Crucifixion, au chevet de la cathédrale de
Poitiers (entre 1163 et 1175) ne peut être compris que dans le cadre
d'une situation très complexe : sur fond du débat sur l'Eucharistie
qui avait commencé dans la seconde moitié du XIe siècle,
dans un moment de quête des reliques de la croix, enfin dans un contexte
local de relations conflictuelles entre l'évêque et le monastère
voisin de la Sainte-Croix (« Les vitraux de la cathédrale de Poitiers
», La cathédrale de Poitiers et son mobilier, sous la direction
de R. Favreau et A.-M. Brochard, Poitiers, Drac [sous presse] ; Notices
pour le catalogue de l'exposition La croix dans le diocèse de
Poitiers, qui doit se tenir au Musée Saint-Jean de Poitiers
[sous presse].
Le programme de la Sainte
Chapelle de Paris, au centre de ces préoccupations depuis plusieurs
années, présente une complexité qui ne saurait surprendre
étant donné que l'on est au coeur du palais royal et donc
du pouvoir. La personnalité des commanditaires, Louis IX et Blanche
de Castille, s'est exprimée de façon exemplaire à
travers l'ensemble du décor de ce monument, et en particulier des
vitraux inspirés des programmes développés dans les
grandes bibles moralisées, produites dans le même milieu.
En collaboration avec Yves Christe, professeur à l'Université
de Genève, et ses étudiants, Françoise Perrot poursuit
une analyse détaillée de ces oeuvres. Le résultat
fera l'objet d'une exposition sous l'égide du Centre des monuments
nationaux, à la Conciergerie de Paris. Le catalogue est actuellement
sous presse. Des parties d'études sont déjà parues
(«Prolégomènes à l'étude de la rose de la Sainte
Chapelle», Mélanges Piotr Skubiszewski. Iconographica, Université
de Poitiers - C.E.S.C.M., p.183-186, et pl. XXIX). Au XVe siècle,
ce genre d'adaptation révèle un autre aspect de la vie artistique
: l'impact des oeuvres commandées par de grands mécènes
sur la production ambiante. Un rondel du Musée Fenaille à
Rodez reproduit la Vierge du diptyque de Melun, peint par Jean Fouquet
pour Étienne Chevalier (« Un rondel du Musée Fenaille
à Rodez et la question des modèles », communication à
la Société nationale des antiquaires de France, 18 février
1999).
Lorsque l'occasion se présente
de disposer de documents, tels des comptes de fabrique, la circulation
des modèles entre villes, et même des artistes-artisans, peut
apparaître un peu plus clairement. La place de la peinture sur verre
a été envisagée sous cet angle dans le cadre de l'ouvrage
publié sous la direction de Christiane Prigent, professeur à
l'Université Paris I ("Le vitrail", dans Art et société
en France au XVe siècle, Paris, Maisonneuve et Larose, 1999,
p. 342-359 + fig.).
L'historiographie
du vitrail
Le regard porté
sur la peinture sur verre par les générations successives
d'historiens, par les responsables des restaurations et par les praticiens
est également une source d'information importante pour comprendre
les images anciennes et leur approche, ou leur traitement, au cours du
temps. Pour ce domaine, Françoise Perrot collabore avec Jean-Michel
Leniaud, directeur d'études à l'École pratique des
hautes études (IVe section), en particulier par la direction de
travaux de doctorants, dont elle encadre les recherches : Anne-Marie Oriol
(thèse sur l'atelier Thibaud de Clermond-Ferrand, une des premières
manufactures de vitraux montées au XIXe siècle), Laurence
de L'Estoile (thèse sur l'atelier Anglade, Paris), Flavie Vincent-Petit
(DEA sur l'atelier Vincent-Larcher à Troyes), Marie-Madeleine Géri
(Recensement et étude du vitrail du XIXe siècle dans le département
des Deux-Sèvres [à la demande et avec l'appui du Conseil
général des Deux-Sèvres]).
En outre, dans le prolongement
du travail qu'elle a accompli en tant que directeur du Centre international
du vitrail à Chartres " où elle avait été mise
à disposition par le Cnrs -, Françoise Perrot a poursuivi
sa collaboration avec les artistes, peintres ou verriers, qui produisent
des vitraux contemporains. Bon nombre de ces oeuvres prenant place dans
des édifices religieux, il lui arrive de participer aux travaux
du Centre national de la pastorale liturgique (Conférence sur le
vitrail du XXe siècle, à l'Institut cathéolique de
Paris - 9 mars 1999). Elle est également membre de l'Association
pour l'art sacré en Côte d'Or.
PROJETS
Art et société
en Europe Occidentale au XVe siècle
Christiane Prigent poursuit
selon les mêmes principes exposés à l'occasion du bilan
ses recherches et compte mettre l'accent sur la sculpture en France et
en Angleterre.
Archéologie monumentale
dans l'Europe du Nord-Ouest
La continuation du Corpus
de la modénature, oeuvre de longue haleine, destinée
à fournir une grille chronologique aux chercheurs concernés
par l'histoire de l'architecture romane et à faciliter l'identification
de certains ateliers sera la préoccupation première. L'achèvement
du Corpus des églises antérieures à 1050 est
envisagé : l'étude technique et les relevés devraient
se faire en collaboration avec les géologues (Annie Blanc) et avec
les membres du programme Techniques de construction (Paul Benoit, Marc
Viré, Quitterie Cazes) de l'axe I. Un ouvrage est en cours de rédaction
et devra être enrichi par les résultats des analyses actuellement
en cours. Le programme d'étude de la cathédrale de Bayeux,
avec analyses pétrologiques (laboratoire de Brookhaven) et l'étude
minutieuse de la campagne de 1170 et de ses vestiges sculptés, un
sujet généralement négligé par les historiens
de l'édifice.
Achèvement des recherches
sur l'ornementation du XIIe siècle dans le duché et dans
le domaine anglo?normand et scandinave, avec l'espoir de constituer un
groupe informel de chercheurs et d'universitaires spécialistes à
la fois de ce domaine géographique et des questions d'ornementation,
tant dans la sculpture que dans les arts précieux, la peinture et
le vitrail. Ce thème est un point de rencontre évident à
la fois entre les chercheurs de l'axe d'Histoire de l'art (Christiane Prigent,
Françoise Perrot, Maylis Baylé), entre ces derniers et les
spécialistes de l'histoire des reliques oeuvrant au sein du LAMOP,
et avec les historiens de l'art anglais et scandinaves.
Trésors d'églises.
Arts précieux. Relations stylistiques entre les formes de la production
artistique
Chacun des points évoqués
pour les recherches en cours correspond à une problématique
dont la mise en place s'affine progressivement et doit par conséquent
être poursuivie. L'organisation du travail conserve néanmoins
une part aléatoire, en ce sens qu'elle dépend aussi d'éléments
extérieurs tels que les restaurations lancées par les services
compétents, les demandes des responsables d'organismes de conservation
ou muséographiques.
Pour l'histoire technique,
la collaboration de Françoise Perrot va pouvoir se développer
tant avec Maylis Baylé, qu'avec les membres de l'équipe de
Paul Benoît. En effet, nous avons tout intérêt à
mettre nos efforts en commun, pour les dépouillements d'archives,
par exemple, et aussi pour étayer nos connaissances.
En ce qui concerne l'approche
de l'image vitrail, la comparaison avec l'illustration donnée aux
idées et aux débats dans d'autres media - sculpture, peinture
de livres ou monumentale -, est tout à fait d'actualité;
elle pourra se faire en collaboration entre Françoise Perrot et
Maylis Baylé, pour la période romane, et avec Christiane
Prigent pour la fin du Moyen Âge - ceci dans le cadre des recherches
citées plus haut. Du reste, une version développée
de l'exposition sur les Bibles moralisées comme sources des vitraux
de la Sainte-Chapelle doit être présentée en 2002 pour
la réouverture de la Fondation Bodmer à Genève-Coligny.
Au XVe siècle, l'image est également à considérer
comme une manière d'affichage des idées incluses - encloses
- dans les livres. C'est pourquoi la collaboration avec les membres des
axes traitant des textes et de la prosographie, dirigées par Hélène
Millet et Carla Bozzolo, est appelée à se développer
: la présence des mêmes commanditaires du côté
des textes et des représentations, en particulier dans le vitrail,
nous y invitent. C'est à ce titre que Françoise Perrot est
invitée au Colloque prévu à Montréal en septembre
2001, consacré à L'Écrit et la Communication. |