.
.Comportement
et lien social
Claude Gauvard
Vue partielle du manuscrit
de la BN NAF 4811 fol.13v° reproduit à partir de l'édition
de de l'ouvrage de Claude Gauvard, "De grace especial" Crime, état
et société en France...Paris, Publ. de la Sorbonne,
1991
Collaborations
De
nombreuses collaborations ont permis le rayonnement des recherches de l'axe
sous des formes diverses : Les invitations au séminaire de professeurs
étrangers et de chercheurs d'autres universités. ces collaborations
ont pu avoir des prolongements sous la forme de publications d'articles
parus en particulier dans la Revue historique ou d'aide à
l'édition et à la traduction d'auteur étrangers comme
David Niunberg ; organisation ou participation à des colloques :
le colloque international : Le Petit peuple ou encore celui sur
La
justice en l'an mil, organisé par l'Association pour l'histoire
de la justice qui a assuré le lien entre chercheurs et praticiens
de la justice.
Les
relations avec les institutions françaises à l'étranger
sont
très régulières avec l'École Française
de Rome et la casa Velasquez (dont quatre chercheurs de l'axe sont membres)
et la Mission française en allemagne (envois réguliers de
boursiers et participation à l'École doctorale d'été).
Les
implications dans les revues scientifiques et les oeuvres de vulgarisation.
Les
liens avec l'Institut universitaire de France
Mme
Gauvard, membre senior (1997) et participation aux activités de
l'institut, en particulier à la Revue Le Temps des savoirs,
paris : Odile Jacob |
Autres
membres
V.
Beaulande
C.
Bellanger
P.
Boucheron
O.
Canteaut
H. Carrier
M.
Charageat
F.Collard
J. Demade
T.
Dutour
K.Fianu
F.Foronda
E.
Gonzalez
S.
Hamel
A.
Lacour
O.
Mattéoni
J.Mayade-Claustre
F.
Minciaroni
J.
Morsel
C.Piel
C.
Pons
B.
Sère
V.Toureille |
PRÉSENTATION
GÉNÉRALE
Ce thème regroupe les
études sur les formes de comportements individuels et collectifs
tels qu'ils peuvent être analysés par les historiens, essentiellement
pour la fin du Moyen Âge (XIIIe-XVe siècles). On entend par
comportements les attitudes qui insèrent l'individu dans la société,
l'obligent à définir des normes, et par liens sociaux ce
qui permet aux individus et aux groupes sociaux de tenir ensemble. La recherche
s'inspire à la fois de l'approche anthropologique et juridique pour
étudier les formes d'échanges (parenté, reproduction,
alliances) ou de rejet (marginalité). Elle débouche sur une
double réflexion, politique et sociale. Du point de vue politique,
les comportements sont analysés par rapport à la sujétion,
en particulier dans le royaume de France qui est le champ privilégié
de la recherche, sans être exclusif (études sur l'Angleterre,
l'Empire, la Castille et le royaume d'Aragon). Le but est de s'interroger
sur les formes du consensus qui caractérisent la société
de la fin du Moyen Âge, en particulier sur la notion d'unanimité
réelle ou fictive qui est employée par la royauté,
en sachant que cette société comporte des déséquilibres,
des instabilités, voire des désordres. Mais, et c'est là
l'un des acquis de la recherche qui est menée depuis quelques années,
loin de s'opposer, équilibres et déséquilibres coexistent
et se confortent. Du point de vue social, les comportements sont analysés
par rapport à la discipline des meurs dont les mots d'ordre sont
développés par l'État comme par l'Église, mais
aussi par les villes. Dans la société de la fin du Moyen
Âge qui reste fondée sur une opposition entre les nobles et
les non-nobles, les groupes sociaux montrent des attitudes différentes
face à l'idéal de paix. Il est mieux assimilé par
les non-nobles que par les nobles qui sont attachés aux pratiques
des guerres privées et de la vengeance et qui tendent même
à faire de ces pratiques l'une des caractéristiques des privilèges
nobiliaires. Les modèles de
« civilisation des
meurs » tels qu'ils ont été mis en avant par N. Elias
ou par M. Weber doivent donc être critiqués. Les non-nobles
ont, incontestablement, répondu de façon favorable au pouvoir
et ils ont peu à peu intériorisé les normes qu'ils
ont appelées « naturelles « et pris en main leur propre
discipline des meurs.
Comment se produisent ces
transformations ? Le pouvoir a-t-il imposé ses normes d'en haut
? Qui définit les normes ? Une étude fine des rapports entre
le discours théorique et la pratique est indispensable pour comprendre
la mise en place de la civilisation des meurs car il faut distinguer entre
un discours des pouvoirs apparemment très coercitif et une réalité
très souple. C'est-à-dire la loi et l'application de la loi,
la coutume ou le droit et son application, la justice et les négociations
de paix. Ces questions débouchent tout naturellement sur une étude
de la vulgarisation des ordres, sur l'information politique, et sur l'existence
des rumeurs et des stéréotypes. Le lien social est alors
saisi dans sa constitution capillaire.
Le cadre collectif de cette
recherche est le séminaire que Claude Gauvard dirige à l'Université
de Paris-I depuis plusieurs années sur le thème « Le
lien social à la fin du Moyen Âge», le mardi de 17h
à 19h, par quinzaine .
DEPUIS 1994 : HISTORIQUE
Les recherches collectives
ont été orientées vers les rapports entre rites et
justice. Les travaux des différents membres, qui utilisent aussi
bien les sources écrites que les images, ont surtout porté
sur les rapports entre le droit et la société (coutumiers,
contrats, jugements, expression de la peine), les gestes et les codes (application
de la peine, rituels diplomatiques, comportements dans les hôtels
princiers), l'affectivité et les émotions (dans le domaine
judiciaire, les négociations de paix, la société de
cour, la famille et la vie religieuse), les ruptures et les exclusions
(cf. séminaire). Plusieurs séances
ont abouti à la tenue de journées d'études qui ont
donné lieu à publication :
Les rituels judiciaires,
3 décembre 1996 et 3 juin 1997, séances publiées.
Le cri au Moyen Âge,
29 février 2000 (UMR 9963, Villejuif et Institut universitaire
de France), Publication en cours (Publications de la Sorbonne), sous la
direction de D. Lett et N. Offenstadt.
Plusieurs séances
de l'Ecole doctorale de Paris-I publiées dans la Revue Hypothèses
(Publications de la Sorbonne) ont permis à certains membres de l'UMR
de préciser les structures du lien social en en confrontant les
points de vue des médiévistes avec ceux des historiens des
autres périodes : Rites et rituels, Hypothèses 1997
; Sociabilité des intellectuels, Hypothèses 1998 ;
Ces obscurs fondements du pouvoir, Hypothèses 2000. Les membres
de l'axe ont aussi travaillé en étroite relation avec les
spécialistes de l'édition, de la codicologie et de la prosopographie,
dans le cadre de l'UMR, et en particulier lors du Colloque Saint-Denis
et la royauté
.
TRAVAUX : SITUATION DE 1997
À 2000
Les travaux s'articulent
autour de plusieurs thèmes:
Les cours princières
(J. Paviot)
La justice (C. Gauvard-R.
Jacob))
Rituels et lien social
(N. Offenstadt)
Comportements affectifs,
parenté et lien social (D. Lett)
Magie, divination, poison
(J.-P. Boudet)
Etant donné l'évolution
des recherches, s'y ajoutent deux nouveaux thèmes :
Le don (Yann Potin). En
effet, le don se détache de l'histoire des gestes ou de la Cour
pour se développer dans un champ de recherche spécifique.
Les recherches en cours montrent qu'il est au ceur des comportements politiques
et du lien social. Son histoire ne peut être dissociée, à
la fin du Moyen Âge, de celle de la pratique de la thésaurisation,
de l'inaliénabilité du domaine en ce qui concerne le don
royal, de la dette, et des signes de la reconnaissance.
L'information (C. Gauvard).
Ce thème était en filigrane dans les recherches sur l'acculturation
et les rituels. Il convient de le développer de façon systématique,
en raison des thèses en cours.Actuellement la recherche collective
la plus avancée porte sur les rituels, et en particulier sur les
rituels judiciaires qui combinent les approches relatives à la justice
et aux rituels. Mais les autres thèmes ne sont pas délaissés
comme le montrent les thèmes traités au séminaire.
Au lien conjugal qui a été l'objet d'étude du séminaire
1999-2000, succèdent «Les bons sentiments», en 2000-2001,
séminaire qui privilégie une recherche sur l'amitié
(vocabulaire, liens avec la parenté, signification politique). Plusieurs
travaux sont achevés, aussi bien collectifs qu'individuels. Deux
thèses des membres rattachés à cet axe ont été
soutenues en 2000 : celle de Valérie Toureille
sur Vol et brigandage dans le Nord du royaume vers 1450 -vers 1550
(2 décembre 2000) et celle de Nicolas Offenstadt sur Les gestes
de paix pendant la guerre de Cent ans (4 janvier 2001). Leur publication
est prévue. La thèse de Véronique Beaulande, L'excommunication
dans la province ecclésiastique de Reims du IVe concile de Latran
au concile de Trente (Reims, 22 décembre 2000), qui souligne
la différence entre la théorie et la pratique judiciaire,
celle de Boris Bove, sur Les échevins parisiens au début
du XIVe siècle
(Poitiers, 13 décembre 2000),qui met l'accent
sur les rapports de parenté au sein des élites et tente une
définition de l'honorabilité, celle de Louis de Carbonnières
sur la Procédure devant la Chambre criminelle du Parlement de
Paris au XIVe siècle (Paris II, 14 novembre 2000), qui ouvre
sur les méthodes du Parlement au pénal, montre que notre
axe entretient des rapports étroits avec les membres d'autres centres
de recherches.Trois projets sont en cours de préparation qui réuniraient
l'ensemble des équipes du thème :
" Les gestes profanes.Il
semble que les gestes religieux ont été relativement bien
étudiés (J.-Cl. Schmitt, H. Martin, N. Bériou), en
particulier par les spécialistes des études liturgiques,
mais les gestes profanes demandent une étude renouvelée par
rapport aux travaux déjà anciens des folkloristes (R. Vaultier,
Cl. Gaignebet). La diversité des approches historiques des membres
de l'axe devrait permettre de mieux les définir par une analyse
du vocabulaire et des images, par une typologie des gestes qui comprendrait
les gestes affectifs, les gestes politiques, les gestes professionnels
et les gestes magiques. Enfin, une large place devra être faite à
l'évolution de ces gestes profanes trop souvent considérés
comme immobiles et décrits dans le temps long. A terme, on peut
espérer définir ce qu'est un espace public médiéval,
du moins en France à la fin du Moyen Âge.
" L'amour et l'amitié
: voir les travaux sur l'affectivité et le rapport de Didier Lett.
" L'honneur. Ce thème
est le champ privilégié des recherches personnelles de Claude
Gauvard, mais il peut donner lieu à des débats de façon
à analyser le sentiment de l'honneur dans sa dynamique chronologique,
par rapport aux états de la société et comme constitutif
du lien social.
.
Comportements
affectifs, parenté et lien social
Didier Lett
Participants : Didier
Lett, Bénédicte Sère, Christophe Piel
I. Synthèse
des recherches menées depuis trois ans (Didier Lett, Denise Péricard-Méa,
Nicole Pons et Dominique Rigaux).
A partir de sources écrites
et iconographiques très variées, portant essentiellement
sur la période XIIe-XVe siècles en France, Italie, Angleterre
et Espagne, l'équipe appartenant à ce programme a dégagé
un ensemble de lignes directrices que chacun, à sa manière,
a déjà exploré. L'ensemble des travaux permet d'observer
:
" La partie souvent la
plus intime de la vie privée de l'individu dans ses relations affectives,
familiales et sociales.
" Les émotions ressenties
par les individus ou le mode de représentation de ces émotions,
que l'on soit pèlerin, adorateur d'images, copistes et lecteurs
de recueils privés ou enfants et parents confrontés à
la maladie, l'accident ou la mort.
" Les relations familiales
et sociales qui peuvent se résumer en trois grands types : celles
qui s'établissent à la naissance (affiliation) ; celles qui
se créent et se développent dans la vie quotidienne ; celles
qui se rompent par le départ, le bannissement ou la mort. De quoi
sont faits ces différents types de liens ? Comment s'entretiennent-ils,
se manifestent-ils ? Liens d'amour, d'amitié, de voisinage, de dépendance,
etc.
" Les «écarts
significatifs» : entre la manière dont les comportements et
l'affectivité sont mis en scène d'un type de document à
l'autre ; entre les termes d'adresse et de référence (à
l'intérieur de la famille mais aussi au sein d'un groupe social,
d'une communauté, etc.) ; entre respect et non respect (notion importante
de transgression) des normes sociales dans la vie privée et dans
le travail (jours chômés). L'étude attentive de ces
écarts permet de mieux appréhender les comportements médiévaux
en distinguant ce qui est du domaine de la norme (le comportement à
suivre) et de la réalité (le comportement suivi).
" Le besoin de soutien,
d'alliance, de solidarité et de protection dans le lien social :
dans les systèmes de parenté (stratégies matrimoniales,
compérages); dans la vie familiale (relations parents-enfants);
dans la communauté villageoise ; lors des voyages (pèlerinages);
dans les confréries.
" Le besoin de protection
dans le lien que le chrétien entretient avec Dieu. Dans les invocations
des récits de miracles, dans les textes que le copiste accueille
au sein du recueil privé qui disent son inquiétude face au
salut, dans la marche éreintante qui mène à Saint-Jacques
et dans la dévotion à l'image, l'homme chrétien cherche
aussi (et peut-être avant tout) à exprimer des sentiments
et à privilégier le lien avec Dieu. Dans le champ spirituel,
s'élaborent aussi différents types de relations entre le
chrétien et Dieu : l'affiliation spirituelle dans le baptême,
le renforcement de ses liens aux temps forts de la vie chrétienne
(moments de profusion de rituels) ; les ruptures possibles (excommunication);
les liens dans l'au-delà avec les vivants et avec Dieu.
En 1999-2000, notre programme
s'est associé, pour plusieurs séances, dans le cadre du séminaire
de Claude Gauvard et de Robert Jacob (Université de Paris I) à
celui organisé par Nicolas Offenstadt portant sur Les rituels, afin
d'élaborer des problématiques et quelques premières
pistes de réflexion sur le cri au Moyen Âge. Nos premières
rencontres et confrontations d'idées ont donné lieu à
une quinzaine d'interventions, devenues des contributions écrites,
qui seront publiées dans un ouvrage portant exclusivement sur le
cri aux Publications de la Sorbonne dans le courant de l'année 2001.
Ce thème transversal a permis de retrouver un certain nombre des
préoccupations des membres de notre axe : le cri comme expression
de l'émotion (joie, douleur...), le cri comme vecteur spécifique
du lien social.
II. Travaux en cours ou
à venir :
Didier Lett
Depuis la parution de l'ouvrage
de Philippe Ariès , de très nombreux travaux ont montré
que la famille médiévale était aussi une communauté
d'êtres unis par des liens affectifs. Il convient donc désormais
d'étudier plus attentivement la nature des sentiments qu'éprouvent
les membres d'une famille les uns vis-à-vis des autres :
" D'abord, en répertoriant
et en analysant les mots qui expriment ces sentiments, en étant
particulièrement attentif aux termes d'adresse et en les confrontant
aux termes de référence. L'étude du décalage
entre ces deux usages permet de lire des indices concernant les relations
de parenté. Comment les membres d'une même famille, transforment,
trahissent, détournent un vocabulaire de la parenté institutionnalisé?
" Ensuite, en étudiant
l'ensemble des relations qui unissent les êtres appartenant à
une même famille, les rôles narratifs que chaque personnage
tient dans un récit. Si, dans un premier temps de la recherche,
l'accent a été mis sur les relations mère-enfant et
sur la puériculture, il est important aujourd'hui de mieux éclairer
les fonctions paternelles (dans ce domaine, des écarts sensibles
existent entre documents juridiques ou normatifs et sources narratives),
les liens adelphiques, oncle-neveu, grands-parents-petits enfants, les
rapports entre parents et adolescent(e)s, les réactions affectives
et la mise en place d'un processus de deuil lorsque la mort vient rompre
le lien terrestre et en substituer un autre : entre vivant et mort.
" Enfin, en s'interrogeant
sur la notion même de famille. Il n'est pas suffisant d'étudier
les liens et les émotions à l'intérieur de la famille
biologique. Le système de parenté de l'Occident médiéval
est fortement hiérarchisé : familles spirituelle, biologique
et recomposée. La nature des liens, la force des émotions,
le mode de comportement varient en fonction du type de famille considéré.
Un travail considérable reste à faire concernant le dernier
type de famille, conséquence de la forte mortalité parentale
: selon quelles modalités l'intégration massive d'enfants
non biologiques dans des familles où l'appartenance au même
sang est si importante, a-t-elle pu se faire ? Il convient de mesurer l'impact
de ces ruptures et de ces recompositions familiales.
Bénédicte
Sère
L'étude des commentaires
de l'Ethique à Nicomaque d'Aristote (source jusqu'ici non
exploitée, dont les manuscrits non édités et non étudiés
sont pourtant nombreux et riches), genre typique de la fin du Moyen Âge,
fournit une source d'informations considérable quant à la
pensée politique, philosophique et théologique du temps.
Dans le discours des théoriciens et des théologiens l'amicitia
est au coeur de la réflexion sur le tissu social et sa formation.
En effet, concept-clé, l'amicitia touche l'individu dans
ses liens «économiques» au sens aristotélicien
du terme (oikos : cellule domestique) -famille, parents, relations
de voisinage-, dans ses liens affectifs (proximité et mise en parallèle
des notions d'amicitia, d' amor, de dilectio, de benevolentia...),
dans ses liens spirituels (rapport à Dieu, au prochain, réflexion
sur les vertus chrétiennes, parallèle caritas et amicitia)
et enfin dans ses liens politiques (l'amicitia, cette autre concordia).
Au détour des constructions
normatives des penseurs et commentateurs de l'époque, il semblerait
que l'on puisse débusquer sinon une pratique, du moins une certaine
acception du terme et par-delà, une représentation ambiante
de ce qu'est le lien social et la communauté des individus. De plus,
avec la notion de l'amicitia , c'est la question du fondement du
lien social qui est en jeu et la pensée politique de la fin du Moyen
Âge n'a pas écarté la discussion.
Christophe
Piel
À travers l'étude
d'un lignage de la haute noblesse du Pays de Caux qui est parvenu à
une position éminente à la fin du Moyen Âge, on se
propose de préciser la place de la noblesse dans la société
politique du temps, et le rôle qu'elle a pu jouer dans le processus
de formation de l'État moderne. Une étude des caractéristiques
essentielles de ce lignage, et notamment de sa cohésion ou de l'évolution
de ses contours, doit permettre de souligner l'importance des phénomènes
de la parenté et de l'alliance dans l'affirmation du pouvoir noble.
L'étude du pouvoir seigneurial ainsi que des fonctions occupées
en Normandie permettra de montrer que les fondements locaux de la puissance
ont pu être déterminants pour la puissance globale d'une maison
noble, dans la mesure où le pouvoir royal a pu trouver dans cette
puissance locale un intermédiaire essentiel pour l'affirmation de
son autorité. L'analyse des relations entretenues par les d'Estouteville
avec la noblesse, et notamment avec leurs pairs, tend à prouver
que dans le système politique de la fin du Moyen Âge, l'alliance
du roi et de la noblesse est surtout celle qui lie le souverain avec la
strate supérieure de l'aristocratie, qui affirme sa puissance politique,
tandis que le reste de la noblesse glisse dans une sujétion de moins
en moins problématique. L'étude des solidarités à
l'oeuvre au sein de ce groupe de la haute noblesse rend compte du maintien
et même du renforcement de sa puissance politique face au roi, comme
l'analyse des compétitions à l'intérieur de ce milieu
pour l'hégémonie politique donne une idée de la marge
de manoeuvre dont a pu bénéficier l'État moderne pour
s'affirmer face au danger d'une telle force nobiliaire.
Année 2000-2001
:
Notre axe participe activement
au séminaire dirigé par Claude Gauvard et Robert Jacob, intitulé
«Communication et lien social au Moyen Âge. Les bons sentiments».
Ces séances ont pour but de pousser plus avant la réflexion
sur les définitions d'amitié, d'amour et de caritas à
la fin du Moyen Âge, de nous interroger sur le vocabulaire (en latin
et en ancien français) utilisé pour exprimer l'affection.
.
.
Cours
et la culture curiale
Jacques Paviot
Depuis le dernier rapport,
le groupe d'études sur la cour a reçu quelques modifications
et se compose maintenant de Patrick Boucheron, Elizabeth Gonzalez et Jacques
Paviot, dont les rapports d'activité suivent, et d'Olivier Canteaut.
Patrick
Boucheron : les cours d'Italie du nord
Après avoir étudié
la politique édilitaire et monumentale des ducs de Milan dans leur
capitale pour les derniers siècles du Moyen Âge, s'intéresse
notamment à la place des architectes, artistes et ingénieurs
dans les cours princières d'Italie du Nord au XVe siècle.
Le riche corpus des correspondances et des lettres de nomination permet
de reconstituer le jeu de la commande et de la recommandation, qui fait
de la circulation des artistes, de cour en cour, mais également
de la cour à la ville, et parfois même pour les ingénieurs
sur l'ensemble d'un territoire, un enjeu politique et diplomatique déterminant.
La place des artistes dans le système de cour est également
abordée du point de vue des mutations induites dans la théorisation
de la création artistique, mais aussi des possibilités nouvelles
de légitimation de pouvoirs toujours en quête d'«avant-garde»
pour défendre leurs fragiles prérogatives.
Elizabeth
Gonzalez : la cour des ducs d'Orléans
Elizabeth Gonzalez devrait
bientôt terminer la thèse entreprise sur l'hôtel des
ducs d'Orléans au XVe siècle. Cette étude permettra
de souligner le rôle central joué par une institution située
au coeur de la cour. Elle permettra également de dresser le profil
des serviteurs ayant été au service des Orléans au
cours de ce siècle. Près de 2000 d'entre eux ont ainsi été
entrés dans la base de données constituée et parmi
eux, 289 titulaires de l'office de chambellan font l'objet d'une notice
biographique détaillée qui montre leur place stratégique
au sein d'un hôtel princier.
Jacques Paviot, la cour
des ducs de Bourgogne
Jacques Paviot a poursuivi
son étude des États de France (les Honneurs de la Cour)
d'Éléonore de Poitiers, en procurant aussi une nouvelle édition
du texte. Un tel texte permet d'étendre l'étude aux rapports
entre les ordonnances de l'hôtel et le cérémonial de
cour, ou encore à la place et l'image de la femme dans une telle
cour. Parallèlement, il s'intéresse à la production
artistique à la suite de la peinture, la rédaction de manuscrits
avec l'exemple de David Aubert, la poésie avec celui de Jacques
de Luxembourg qui permet aussi d'aborder les liens entre les cours princières
en France. Une étude de l'ordre de la Toison d'or met en relief
les liens entre prince et noblesse régionale, entre politique et
chevalerie. Pour l'avenir, un certain nombre de membres du LAMOP et de
collègues travaillant sur les ordres de chevalerie à la fin
du Moyen Âge, est apparue à Elizabeth Gonzalez et Jacques
Paviot la nécessité de comparer le développement de
ces ordres en Europe à la fin du Moyen Âge. Le thème
qui nous semble central est celui du lien, entre prince et noblesse, entre
prince et cour, entre prince et hôtel. Les personnes qui ont déjà
donné leur accord ou pressenties sont :
" Elizabeth Gonzalez (LAMOP),
le Porc-Épic et la cour d'Orléans ;
" Frédérique
Lachaud (Paris IV), l'éperon comme affiliation à la chevalerie;
" Olivier Mattéoni
(Paris I - LAMOP), l'Écu d'or et la cour de Bourbon ;
" Werner Paravicini (Institut
historique allemand), les ordres allemands ;
" Jacques Paviot (Paris
IV - LAMOP), Toison d'or et ordre de Saint-Michel ;
" Bertrand Schnerb (Lille
III), Aspects politiques de l'ordre de la Toison d'or
" Malcolm Vale (Oxford),
L'ordre de la Jarretière.
Olivier
Canteaut
Son doctorat entrepris
sous la direction de Claude Gauvard porte sur Gouvernement et hommes
de gouvernement sous les derniers Capétiens (1314-1328). Point
de départ de cette étude, les mentions hors-teneur portées
au bas de chacun des actes émis par la chancellerie royale nous
font connaître les commanditaires réels des décisions
prises au nom du roi. Leur analyse quantitative permet en outre une étude
de leur activité respective. De là, il s'agira de comprendre
le fonctionnement des rouages politiques et administratifs du gouvernement
royal, mais aussi de cerner les équipes dirigeantes par le biais
d'une étude prosopographique.
.
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Les
cultures de pèlerinages
Denise Péricard-Méa
Comment le pèlerinage
(en particulier celui de Saint-Jacques) modifie les liens que le pèlerin
entretient avec son entourage ? Lors du grand pèlerinage, le «marcheur
de Dieu» rompt toutes ses attaches antérieures (avec sa famille,
sa parenté et son voisinage). Cette rupture n'efface pas le souvenir
des liens. Comment la distance influe-t-elle sur la nature des relations
que le pèlerin continue d'entretenir avec ses proches, géographiquement
éloignés. Dans le même temps, le pèlerin crée
des liens nouveaux (souvent éphémères) avec ceux qui
ont choisi le même itinéraire que lui. Enfin, lors de son
retour du grand pèlerinage, à l'intérieur des confréries
d'anciens pèlerins, d'autres relations se nouent ou s'entretiennent.
Beaucoup plus répandue que la relation avec Compostelle, la relation
à saint Jacques se lit dans les multiples pèlerinages locaux
qui lui sont consacrés:(concurrents ou compléments de Compostelle).
S'y côtoient d'anciens pèlerins, des futurs pèlerins
et la masse de ceux des simples dévots à saint Jacques. Ce
sont eux qui ont constitué la grande masse du patrimoine jacquaire,
tant architectural que mobilier, littéraire ou archivistique. Des
sources émiettées demandent une coopération dans la
recherche, coopération amorcée largement dans le cadre du
LAMOP
et prolongée par la création
d'un
site Saint Jacques et Compostelle qui s'articule autour de quelques
pistes de recherche :
" Le sanctuaire de Compostelle
s'est imposé dans des contextes tributaires de la politique européenne
et comment s'est constitué au fil des siècles un stock de
documents médiévaux vrais ou faux.
" Etude du légendaire
commun à toute l'Europe.
" Constitution d'un dictionnaire
biographique des pèlerins ( ceux qui sont allés réellement
à Compostelle, ceux dont on peut le supposer et ceux qui ont été
inventés à différentes époques)
" Inventaire et étude
du patrimoine jacquaire français : tombeaux de saint Jacques,reliques,
textes, monuments, pèlerins, livres de miracles, confréries,
etc… Cette recherche, personnelle à l'origine, se met maintenant
au service de la Structure de recherche. Cette dernière doit la
systématiser et la prolonger au delà de la période
médiévale. Le petit pèlerinage ou la procession sont
souvent des moyens de renforcer les liens entre les membres d'une même
communauté. Qu'il soit grand ou petit, le pèlerinage, en
dernier instance, privilégie la relation avec Dieu.
.
Les
usages du don
Yann Potin
Membres : Patrick Boucheron,
François Foronda, Julie Mayade-Claustre
Perspectives de recherches
« Avant même
de produire des biens ou des enfants, c'est le lien social qu'il importe
d'édifier [au travers du don] » .
Alain Caillé résume
ici brièvement ce que fut l'apport " considérable mais discuté
" de l'euvre de Marcel Mauss quant à la saisie des significations
sociales du don. La circulation des objets, des biens, des titres, des
honneurs ou des privilèges participe au conditionnement et à
la structuration des relations sociales qu'elles quelles soient : interdépendance
ou domination, solidarité ou amitié, alliance ou conflit.
La société
médiévale semble avoir précisément placé
au ceur de son système de valeur féodal une idéologie
du don, relayée par la théologie de l'aumône. Mauss
lui-même, fut sans doute un des premiers à établir
un lien privilégié entre société féodale
et pratique du don. L'Essai
sur le don se referme en effet sur l'image
de la Table ronde et de la sociabilité idéalisée des
romans arthuriens. L'engagement politique de Marcel Mauss "conseiller
de Jaurès et de Blum " détermine en grande partie cette assimilation
entre sociétés proto-marchandes et idéal de relations
sociales pacifiques . Si la pratique du don demeure la caractéristique
fantasmatique des sociétés dites traditionnelles, l'évaluation
concrète de l'efficacité du modèle anthropologique
reste à établir ; et ce d'autant que les frontières
classiques entre les catégories du don et du marché ne cessent
aujourd'hui d'être remises en cause . Trois perspectives de recherche,
qui correspondent à la déclinaison de trois acceptions possibles
de l'expression « usages du don », nous semblent pouvoir êtres
envisagées, afin d'éclaircir cette collusion systématique
:
" Une évaluation
des usages historiens potentiels des théories anthropologiques
du don.
" Une étude des
usages politiques et sociaux de l'idéologie chrétienne et
féodale du don dans la société médiévale.
" Des analyses concrètes
et quantitatives de la part du don au sein des pratiques socio-culturelles
des différents groupes qui constituent cette même société.
La discussion sur le don
finit par constituer une branche à part entière de l'anthropologie
au cours du XXe siècle. Elle peut être saisie comme une longue
exégèse " alternativement sereine et polémique " du
texte de Mauss . Le corpus bibliographique disponible paraît démesuré,
surtout lorsqu'il est étendu aux travaux d'outre-Atlantique. Il
importe donc de le prendre en charge collectivement et de placer au ceur
de la recherche commune une réflexion d'ensemble sur le statut des
théories du don face aux travaux des historiens sur les sociétés
dites pré-capitalistes, en y consacrant éventuellement des
études spécifiques et en organisant des rencontres avec des
anthropologues. Le problème de l'application et de l'historicité
de ces modèles théoriques, bien que sans cesse posé
et discuté au sein de la communauté historienne, n'a pas
trouvé encore de règles de fonctionnement tempérées.
L'historien semble en effet sans cesse osciller entre un usage sauvage
et incontrôlé de l'anthropologie " qui confère de confortables
profits symboliques au discours mais fragilise ses fondements méthodologiques
" et une critique acerbe et radicale, qui tend à la xénophobie
disciplinaire.
Après Marc Bloch,
Georges Duby a montré que les « attitudes mentales »
du monde pré-féodal et féodal étaient gouvernées
par « les nécessités de l'oblation» : «
une intense circulation de dons et de contre-dons, de prestations cérémonielles
et sacralisées, parcourt d'un bout à l'autre le corps social
» . Des travaux récents ont mis en valeur l'effectivité
de l'idéologie chrétienne et féodale du don entre
les XIe et XIIIe siècles, notamment perceptibles au travers des
échanges entre les morts et les vivants . En revanche, l'examen
du devenir de cette idéologie au cours des XIVe et XVe siècles,
alors que la société féodale est en cours de déstructuration
et que l'État se développe, demande à être fait.
Cette dernière perspective
de recherche correspond plus exactement aux différents travaux des
membres du sous-axe. Dans le cadre des séminaires de l'École
doctorale de l'université Paris I, une demi-journée intitulée
« Donner et recevoir », coordonnée par Julie Mayade-Claustre,
membre du sous-axe est prévue le 28 avril 2001 Elle permettra de
faire un premier inventaire des champs de recherche en la matière.
Yann
Potin
Le trésor est une
figure lexicale et institutionnelle généreuse. Synonyme de
richesse absolue dans les textes littéraires et doctrinaux, il concentre
les différentes formes d'objectivation de la valeur. La Sainte-Chapelle
de Paris offre, dans la seconde moitié du XIIIe siècle, une
image exemplaire de cette polarisation : auprès des reliques de
la Passion et des saints, l'État royal conserve ses joyaux, ses
archives et ses livres. Au XIVe siècle, les trésors peuplent
l'ensemble des résidences royales, avec une mention spéciale
pour le Louvre qui accueille les principales collections d'orfèvrerie
et " depuis 1364 " la librairie du prince. Il s'agirait de savoir ce qui
explique et légitime la réunion de ces objets, très
hétérogènes dans leur matérialité comme
dans leur fonction. Ils sont tous le signe d'une transcendance de la valeur
strictement économique, dans la mesure où ils n'ont pas à
proprement parler de prix. Le dénominateur commun est sans doute
ailleurs. Chargés de symboles et de références au
passé, ils sont les supports de la mémoire politique et sociale
du pouvoir, de ses origines sacrées mais aussi des ses actes profanes.
Les inventaires et les
comptes permettent d'étudier la formation, l'organisation et la
gestion de ces dépôts. La Chambre des comptes cherche à
garder le contrôle de cette trésorerie particulière,
en tentant d'imposer l'inaliénabilité des trésors.
Le gouvernement par le don propre au roi, s'oppose à cette logique
patrimoniale. Les trésors, y compris les archives, demeurent pour
celui-ci le vivier sans cesse renouvelé d'une libéralité
politiquement instrumentalisée. Les dons ne laissent pas toujours
de traces documentaires visibles : il faut tenter de les saisir aux marges
des registres de compte et d'inventaire ou parmi les rares mandements royaux
conservés. Attribut privilégié et obligé du
pouvoir dans l'imaginaire politique depuis le haut Moyen Âge,
le trésor domine implicitement la scène des relations curiales.
En tant que mémorial et réserve des échanges et des
dons entre le roi et sa cour, il conserve activement le souvenir des relations
de domination et de fidélité. Les dons renouvellent, actualisent
ou contredisent sans cesse les liens sociaux que le pouvoir tissent avec
ses serviteurs, ses alliés et même ses ennemis.
Patrick Boucheron
[Voir le sous-axe «
Sacré, souveraineté et théories politiques »,
dans l'axe «Genèse de l'État
moderne »].
François Foronda
[Voir pour une présentation
de la recherche et une liste des publications le sous-axe « Rituels
»]
Julie
Mayade-Claustre
Sa thèse se donne
pour objectif de comprendre ce qui se trouve derrière la notion
de dette à la fin du Moyen Âge, à travers l'étude
de l'action du roi de France en matière d'endettement des personnes
privées. Il s'agit notamment d'étudier le sens et les mécanismes
des grâces royales octroyées aux débiteurs, les lettres
de répit, à partir de l'exemple de la prévôté
de Paris. Quel est ce don royal particulier qu'est la grâce en matière
de dette ? Ne crée-t-il pas une obligation, qui vient redoubler
celle contractée par le débiteur envers son créancier
? L'obligation, ainsi transférée par la grâce sur la
personne du roi, peut apparaître comme une notion pertinente pour
saisir la relation qui se noue entre le roi et ses sujets. L'anthropologie
du don peut ainsi aider à comprendre la construction politique à
l'euvre dans le royaume de France à la fin du Moyen Âge :
la construction de l'Etat moderne n'emprunterait-elle pas les chemins,
déjà battus, des mécanismes de don-contre-don ?
Pour une présentation détaillée de ce thème et notamment sur la question bibliographique voir ici
Les
rituels
Nicolas Offenstadt
Le programme «rituel»
s'est structuré depuis 1995 autour de rencontres régulières
de ses membres confrontés à d'autres collègues sur
un thème d'une certaine ampleur qui permette à la fois l'intégration
des différentes recherches et des avancées historiographiques
précises. En 1996-1997, plusieurs séminaires ont été
organisés sur les rituels judiciaires. Ils ont donné lieu
à la publication d'un volume .Le second thème d'étude,
à partir de 1998, traite des cris au Moyen Âge en leurs différents
aspects. En collaboration avec le sous-axe «Comportements
affectifs, parenté et lien social» (Didier Lett), plusieurs
séances, dans le cadre du séminaire de Claude Gauvard et
Robert Jacob, ont tenté de faire le point sur ce que l'on savait
du sujet tout en proposant de nouvelles perspectives d'analyse. Les participants
ont d'abord cherché à recenser le vocabulaire du cri, les
situations au cours desquelles on criait. Après l'étape du
recensement vint celle de l'analyse. Ils ont alors étudié
les formes du cri, les sons et les gestes rituels qui les accompagnaient.
Le groupe a travaillé sur l'opposition entre « cri spontané
« et « cri normé « pour finalement constater sa
faible valeur heuristique. Les fonctions sociales du cri ont été
mises à jour et commenté. Les résultats de l'ensemble
des travaux devraient être publiés aux Publications de la Sorbonne
à la fin de l'année 2001. Les thèmes
et contributions finales sont les suivants :
- Didier
Lett et Nicolas Offenstadt : Bilan des recherches sur le cri au Moyen
Âge.
- Christine
Bellanger : Le cri dans l'image.
- Florence
Chave : Le cri du possédé
- Pascal
Collomb : Cri et liturgie
- Thierry
Dutour : Le cri public à Dijon.
- Murielle
Gaude : Le cri des funérailles.
- Isabelle
Guyot-Bachy : Le cri de guerre
- Sébastien
Hamel : Le cri public à Saint-Quentin
- Robert
Jacob : Le cri primal
- Christopher
Lucken : Cri et littérature
- Valérie
Toureille : Le cri du vol
Deux historiens
d'autres périodes ont bien voulu donner des éléments
de comparaisons :
- Violaine
Sebillotte : Le cri en Grèce ancienne
- Fabrice
Virgili : Le cri dans la France de la Libération (1944-1945).
- Claude
Gauvard : Conclusions et perspectives.
Ces recherches sur le cri vont
amener plusieurs membres de l'axe à orienter leurs travaux vers
l'information à la fin du Moyen Âge, notamment en ses aspects
rituels.
François
Foronda : Parler au roi en Castille au XVe siècle.
Ce sujet peut être
considéré comme une tentative pour approcher la notion d'autorité,
en interrogeant certains de ses aspects, spécialement la question
des médiations, des interventions et des processus décisionnels.
En d'autres mots, il s'agit de souligner les mécanisme infra ou
extra-institutionnels qui font fonctionner le pouvoir monarchique. C'est
l'accès au roi, à sa personne mais aussi aux organes de gouvernement
qui définit l'ampleur thématique du projet doctoral, en considérant
le pouvoir sous le primat d'une relation dont l'objectif est d'amplifier
le consensus politique autour de l'institution royale.
.
.
La
justice
Claude Gauvard et Robert
Jacob
La participation aux activités
collectives des chercheurs rassemblés par le LAMOP s'effectue surtout
à travers le séminaire d'histoire médiévale,
intitulé depuis 1998 « Communication
et lien social », dont Robert Jacob assume la direction en collaboration
avec Claude Gauvard (université de Paris 1). Ce séminaire
a été successivement consacré aux liens de la parenté
et de la famille (1999-2000), aux «bons sentiments» (2000-2001)
et devrait être orienté, en 2001-2002, vers la rhétorique.
Il constitue un lieu de rencontre privilégié avec des étudiants
de troisième cycle et des chercheurs en thèse, ce qui donne
l'occasion de participer à la direction de leurs travaux. En marge
du séminaire ont été organisées deux tables
rondes, la première sur les rites de la justice (juin 1997), dont
les actes viennent de sortir de presse, la seconde sur «le cri»
(janvier et juin 1999).
I Le jugement
Procédures pénales,
décisions judiciaires, formes d'exclusion. Il est pour cela nécessaire
de travailler en collaboration avec des juristes, de réfléchir
à la différence entre la théorie et la pratique judiciaire
médiévales, de comprendre dans quelle mesure le jugement
est porteur d'exclusion.Cette étude est menée en collaboration
avec des chercheurs français mais aussi étrangers, spécialistes
de l'Histoire de la criminalité et du droit pénal, aux Etats-Unis,
en Allemagne et en Autriche. Un bilan comparatif doit être établi
avec l'ensemble des spécialistes de l'Europe du N.W. en novembre
2001 à Avignon. Rencontre organisée par l'Université
de Florence, l'Ecole française de Rome et l'Université Paris-I-Institut
universitaire de France sur les pratiques judiciaires.
La réflexion sur
le jugement et son obéissance suppose aussi une étude sur
les moyens dont dispose la justice. Aucune synthèse n'est actuellement
disponible. Claude Gauvard a esquissé un premier bilan pour la partie
médiévale dans, Histoire de la police en France (en
collaboration), col. Bouquins, Lafont à paraître, avec le
concours des Hautes Etudes de la Sécurité Intérieure.
II Les types de crimes
et de criminels
Claude Gauvard dirige des
thèses de doctorat d'histoire sur ce thème. En particulier, F.
Minciaroni (Cours manoriales anglaises),Valérie Toureille,
pensionnaire de la Fondation Thiers, (Vol et brigandage en France du
Nord, vers 1450-vers 1550, thèse soutenue), C.
Pons, allocataire de recherche, Paris-I, (L'adultère en France
du Nord à la fin du Moyen Âge), A. Lacour (Les guerres
privées en Vermandois dans la première moitié du XIVe
siècle).
Martine
Charageat
Elle prépare une
thèse intitulée Les crimes de meurs dans le royaume d'Aragon,
de Jaime 1er au Concile de Trente. Ce travail de recherche est mené
principalement à partir d'archives judiciaires dont l'essentiel
provient des archives diocésaines de Saragosse. Elles permettent
d'étudier, au travers des conflits matrimoniaux, les comportements
des hommes et des femmes dans le domaine des rapports conjugaux et extra-conjugaux,
ainsi que face et à l'intérieur du système judiciaire.
Martine Charageat a animé un séminaire à la Casa Velazquez
(le 29 juin 1999) intitulé «Matrimonio y sexualidad : normas,
practicas y transgresiones en la Edad Media y principios de la Epoca Moderna»
Julie Mayade-Claustre.(cf.supra)
Le but principal de sa
recherche est d'évaluer l'action de la justice à l'égard
des débiteurs, et en particulier d'éclairer, d'un côté,
l'usage de la contrainte par corps par la justice royale et, de l'autre,
celui des lettres de répit par la chancellerie royale.
Kouky
Fianu
Elle a entrepris une recherche
sur Faussaires et falsification dans le royaume de France (XIVe-XVe
siècles). Cette étude des procès impliquant la
falsification permet d'interroger le discours des autorités publiques
et d'en dégager les arguments utilisés pour affirmer le rôle
croissant de l'écrit dans la pratique judiciaire, mais aussi sa
forme cohésive dans la société en général.
III L'acculturation juridique
Cet aspect recoupe en partie
la recherche menée sur les rituels judiciaires. L'acculturation
juridique intéresse surtout Claude Gauvard qui, dans ses travaux
tente de mener une analyse des réactions de l'opinion devant l'utilisation
du droit et les décisions des juges. Du point de vue pénal,
il s'agit de comprendre comment les justiciables acceptent le jugement
prononcé par les autorités judiciaires et quels liens la
décision des juges entretient avec la vengeance. Cette recherche
tente aussi de donner sa place à l'infrajudiciaire et de mieux étudier
le recul de la vengeance .Cette partie de la recherche de l'axe s'enrichit
d'une réflexion chronologique ample, d'une réflexion méthodologique
pour distinguer pauvres, marginaux et criminels, et d'une réflexion
sur les méthodes judiciaires médiévales. Dans cette
perspective, plusieurs rencontres ont été ou vont être
organisées, en partie financées par l'Institut universitaire
de France :
" Le petit peuple dans
l'Occident médiéval : novembre 1999, Montréal,
colloque organisé par P. Boglioni, R. Delort et C. Gauvard. Une
grande attention a été portée aux mots qui désignent
les couches inférieures de la société, donc aux critères
de distinction sociale. Le colloque débouche sur une meilleure compréhension
de l'honorabilité.
" L'enquête au
Moyen Âge : printemps 2003, Rome. En collaboration avec André
Vauchez et l'Ecole française de Rome. Il s'agit d'étudier
les principaux secteurs où s'affirme l'enquête, religieux,
administratifs, judiciaires, pour mesurer sa place du point de vue du développement
des pouvoirs et de l'acculturation politique. Pourquoi l'enquête
? Qui réclame l'enquête ? Quelles sont les limites de son
exercice ?
.
Robert
Jacob
Au cours des dernières
années, les recherches de Robert Jacob ont été réorientées.
Le domaine de l'histoire de la famille, sans jamais être abandonné,
est passé au second plan par rapport à deux thématiques
nouvelles que les circonstances l'ont appelé à développer
en priorité et qui resteront au centre de ses préoccupations
dans les années qui viennent. Il s'agit d'abord du rôle du
jugement de Dieu dans la formation de la fonction de juger en Europe occidentale.
Une hypothèse de travail, énoncée il y a une dizaine
d'années, amenait à réévaluer la part qu'il
a prise dans la genèse des cultures judiciaires médiévales. Il poursuit l'exploitation à travers diverses études sur
les rites, l'image et les pratiques de la justice.
En second lieu, la nécessité
de repenser les rapports entre histoire du droit et histoire sociale, particulièrement
sensible pour un juriste qui a choisi de s'intégrer à un
laboratoire d'histoire sociale, l'a conduit à reconsidérer
la problématique de ce que l'on pourrait appeler les «formes
premières» du droit. Entendons les formes que le droit peut
prendre dans des sociétés sans Etat ou dans lesquelles l'État
naissant ne saurait prétendre encore au monopole de l'émission
des normes juridiques. Le concept de «droit coutumier», par
lequel les sciences juridiques, depuis le XIXe siècle, tendent de
rendre compte de cette première émergence, me paraît
très insuffisant. C'est pourquoi il en a entrepris une critique
systématique, démarche qui s'est révélée
à l'épreuve d'assez longue haleine. A sa suite se pose la
question de savoir par quelles voies pourrait se renouveler l'appréhension
des formes archaïques du droit, dès lors que serait reconnue
l'insuffisance de l'idée de coutume. L'alternative qu'il propose
se trouve dans une anthropologie historique de la parole d'autorité
comme constitutive de la norme. Exposons brièvement ces différents
thèmes.
1. Le jugement de Dieu
et la fonction de juger dans l'espace européen.
Le projet d'une histoire
du jugement de Dieu de la fin de l'Antiquité au XIIIe siècle
s'est dessiné au début des années quatre-vingt-dix,
à l'occasion d'un premier groupe de contributions qui s'efforçaient
de situer la pratique du serment judiciaire dans la perspective de l'anthropologie
comparative. Il s'est poursuivi à travers une série d'études,
en particulier : - une analyse d'ensemble de la procédure et des
mécanismes de la décision judiciaire à l'époque
franque, visant à y montrer la prégnance du serment et la
montée en puissance de l'ordalie ,
" une étude de la
formation de l'ordalie de la croix, épisode déterminant puisqu'il
marque l'avènement du judicium Dei comme modalité paradigmatique
de la décision de justice, en conséquence immédiate
de la politique judiciaire des carolingiens ,
" l'étude du lexique
de l'acte de juger en moyen français, qui témoigne de la
distinction entre une «grande justice» (divine) et une «petite
justice» (humaine), distinction qui s'estompe au XIIIe siècle
avec le recul de l'ordalie et la rationalisation de la justice ,
" l'examen de la permanence
de l'idée de jugement de Dieu dans la genèse médiévale
de la déontologie judiciaire .
Par ailleurs, la réflexion
sur le jugement de Dieu nourrit aussi les recherches qui se poursuivent
dans les deux domaines connexes, de l'image et des rites de la justice
d'une part, de l'histoire comparée de la formation des systèmes
juridiques et judiciaires européens de l'autre. La suite attendue
des recherches devrait comprendre:
" un essai sur la théodicée
et les rites judiciaires du bas empire romain, - un essai de chronologie
des rituels de l'ordalie médiévale,
" une étude des
rapports entre ordalie et légitimité politique au haut Moyen
Âge
" l'examen des projections
de l'idéologie carolingienne du jugement de Dieu dans la littérature,
en particulier dans la littérature hagiographique.
L'idéal serait de
mener à bien ces études et, à un horizon encore indéterminé,
de les réunir en un livre de synthèse sur l'histoire du jugement
de Dieu.
2. La coutume, mythe de
l'enfance du droit.
La réflexion critique
sur la coutume a fait l'objet d'interventions au séminaire d'histoire
médiévale de l'université de Paris 1 en 1997 et surtout,
en 1999-2000 et 2000-2001, d'un séminaire tenu à l'École
des Hautes Études en Sciences Sociales au titre d'une «conférence
complémentaire». Les premiers résultats ont donné
lieu à deux publications, très partielles, l'une et l'autre
sous presse .Schématiquement, les conclusions pourraient se résumer
ainsi. Le concept moderne de coutume naît avec l'école allemande
du début du XIXe siècle (Historische Rechtsschule),
qui, dans le contexte très particulier de son éclosion, en
vient à voir dans la coutume le «stade de l'enfance»
(Jugendzeit, Kindheitsstufe) de tout système juridique. L'idée
se diffuse ensuite dans tout le champ de l'histoire et de l'anthropologie
juridiques, tandis que les administrations coloniales en font une pierre
d'angle de la régulation normative qu'elles imposent aux colonisés.
Or, le concept repose sur des équivoques, aujourd'hui de plus en
plus fréquemment dénoncées, qui imposent une reconsidération
systématique. En fait, l'école allemande s'est bornée
à conférer un statut scientifique et universel à une
construction intellectuelle, le «droit coutumier» qui n'avait
été auparavant qu'un instrument forgé par la doctrine
savante de l'Europe médiévale aux fins de donner relevance
à la sécrétion de normes en dehors des corpus écrits.
L'histoire de cette construction intellectuelle impose de remonter assez
haut. C'est à la rhétorique grecque qu'il est revenu de systématiser,
aux fins de l'argumentation, l'antithèse de la «loi écrite»
et de la «loi non écrite», puis de faire de la coutume
un des stéréotypes de la seconde. Longtemps tenu à
l'écart de la jurisprudentia romaine, ce topos y pénètre
à la fin de l'empire, après avoir déjà imprégné
le langage des Pères de l'Église. Dès l'aube du Moyen
Âge, la coutume est partout présente dans les sources appelées
à constituer les deux grands corpus romain et canonique.
C'est aux temps scolastiques
que s'élabore la théorie classique de la coutume, comme être
mixte de droit et de fait, à la fois social et juridique, un instrument
mis à la disposition des élites de l'Église et de
l'État pour habiliter, tout en la contrôlant, la création
de normes en dehors des textes. L'histoire de la coutume au Moyen Âge
central est alors, non celle de l'émergence de normes auparavant
enfouies au fond de la conscience populaire, mais d'un processus d'interaction
entre appareils d'États et pratiques sociales. Une histoire d'ailleurs
très différente en Angleterre, en France et en Allemagne,
tant par le degré de reconnaissance du «droit coutumier»
que par les configurations dissemblables qu'il épouse. Dans ce concert,
la France de Saint Louis apparaît comme le laboratoire par excellence
de la doctrine savante des commentateurs.
3. Droit et parole : pour
une anthropologie historique de la parole normative
Dissipée l'illusion
coutumière, il faudrait envisager d'ouvrir de nouvelles voies d'accès
aux phénomènes de normativité, ou, comme on voudra,
au «prédroit» ou au droit d'avant le couple Etat-écriture.
(Il ne s'agit pas, bien entendu, d'étudier le contenu des énoncés
normatifs, mais leur mode de formation et de validation, ce qui correspond
à la notion traditionnelle de «source» du droit.) Dans
cette perspective, Robert Jacob propose de développer l'étude
des rapports de la norme et de la parole, thématique dont l'intérêt
est suggéré par quantité d'éléments
mais qui a été très rarement abordée par les
historiens du droit (sans doute en raison de la prégnance de la
coutume ou d'un de ses avatars, la «tradition orale»). Dans
un premier temps, il a posé le problème en creux, à
partir du non-droit et de ses représentations médiévales
comme exclusion d'une parole sociale. Il en est résulté deux
articles respectivement consacrés au rituel de l'exclusion et aux
représentations de l'exclu, banni ou fou . Il espère revenir
sur ces questions aussi bien dans le champ des études médiévales
que dans celui de l'anthropologie comparée, tant il est clair que
l'association de la norme et de la parole est sensible dans quantité
de cultures, tout en ayant été très peu étudiée.
.
Magie,
divination, poison
Jean-Patrice Boudet
membres : Franck Collard
et Nicolas Weill-Parot
Rapport d'activités
1996-2000
L'édition critique
du Recueil de Simon de Phares a paru en 1997, le commentaire en
1999. Jean-Patrice Boudet également collaboré à l'Histoire
culturelle de la France, t. I, Le Moyen Âge, Paris, Seuil, 1997,
et co-dirigé, avec Hélène Millet et au sein de l'UMR,
une anthologie commentée de l'euvre d'Eustache Deschamps . Je propose,
dans un article publié en 2000 au sein d'un recueil d'études
offert à Jean-Louis Biget une nouvelle interprétation
de la série de tapisseries de la Dame à la Licorne, fondée
sur la conception des six sens exprimée en particulier par Jean
Gerson: article en ligne. Les recherches actuelles
portent essentiellement sur la magie rituelle à la fin du Moyen
Âge et Jean-Patrice Boudet prépare un ouvrage de synthèse
sur l'astrologie, la divination et la magie en Occident (XIIe-XVe siècles).
Dans ce cadre, il a notamment réalisé une enquête globale
sur cette sorte de théurgie chrétienne qu'est l'ars notoria,
et élaboré une édition et une étude critiques
des condamnations de la magie prononcées par la Faculté de
théologie de l'Université de Paris en 1398. J'ai reçu,
en 1997, la médaille de bronze du CNRS.
Projet de recherche 2000-2004
Dans le cadre d'une habilitation
à diriger des recherches, Jean-Patrice Boudet compte consacrer mes
travaux dans les prochaines années aux domaines suivants :
I.
L'élaboration d'un ouvrage de synthèse intitulé Astrologie,
divination et magie en Occident (XIIe-XVe siècles), ouvrage
qui devrait être structuré autour des huit points suivants
:
" Inventaire et typologie
des sources : judiciaires, normatives, doctrinales, techniques, scientifiques,
historiographiques et littéraires ; les livres et textes de magie,
conservés et disparus.
" Inventaire et typologie
des techniques, des pratiques et des rituels : une large palette entre
classification des sciences et anthropologie religieuse.
" Nature et surnature :
agents naturels (astres, pierres, simples, etc.) et interlocuteurs surnaturels
(esprits, anges et démons).
" Les acteurs : les théoriciens,
les praticiens et leurs juges ; l'opposition litterati et illitterati et
l'idée d'» infra-monde clérical » (Richard Kieckhefer),
hommes et femmes.
" Leurs motivations : le
pouvoir, la maladie, l'amour et la haine, la fuite dans le rêve et
l'utopie.
" La promotion sociale,
politique et culturelle de deux moyens de prédiction : astrologie
et géomancie.
" Les condamnations de
la magie et de la divination (1277,1398,1494…)
" La genèse médiévale
de la chasse aux sorcières : chronologie (1250-1500), géographie,
tentative d'interprétation
II. En
plus des deux communications sur le Liber sacratus et les who's
who démonologiques, actuellement en cours de rédaction, je
compte travailler sur quatre dossiers relatifs à la magie, à
l'astrologie et à la symbolique de l'État :
" « Le plus ancien
manuscrit de la Clavicule de Salomon » .
" « Magie et illusionnisme
à la fin du Moyen Âge : les Annulorum experimenta du Pseudo-Pietro
d'Abano ».
" « Giovanni
da Legnano et la genèse de son interprétation astrologique
du Grand Schisme d'Occident ».
" « Le roi-Soleil
dans la France médiévale », en préparation pour
le colloque sur Le Soleil et la Lune au Moyen Âge, Micrologus,
Vicence, septembre 2001.
III.
Dans le prolongement de ma collaboration au Lexique de la langue scientifique
(Astrologie, Mathématiques, Médecine...). Matériaux
pour le Dictionnaire du Moyen Français (DMF) " 4, j'ai enrichi dans
de notables proportions mon lexique de la langue scientifique et technique
en moyen français, relatif à l'astronomie, à l'astrologie,
à la divination et à la magie. Ce lexique sera intégré
au Dictionnaire de la Langue scientifique du Moyen Âge, dirigé
par Claude Thomasset, professeur de littérature française
médiévale ((Université Paris IV).
IV.
Enfin, j'ai entrepris, en collaboration avec Luc Ferrier, une traduction
française du Liber judiciorum de l'astronome-astrologue Raymond
de Marseille (v. 1140), dans le cadre de la publication, par les soins
de Charles Burnett et d'Emmanuel Poulle, des euvres de Raymond de Marseille,
à paraître aux Presses du CNRS.
Nicolas Weill-Parot, maître
de conférences à l'Université de Paris VIII, est conseiller
scientifique de ce programme.
.
L'information
Claude Gauvard
Avec Nicolas Offenstadt,
Kouky Fianu, Xavier Nadrigny
L'ouverture de ce thème
est lié aux recherches les plus récentes de divers doctorants
et, de façon générale, à celle que Claude Gauvard
mène sur l'opinion publique, parallèlement aux recherches
sur la justice. Cet aspect a donné lieu à des publications
sur la circulation des nouvelles et la rumeur. Plusieurs communications
resteront inédites, celle qu'elle a faite en janvier 2000 à
l'Ecole nationale de la magistrature sur Quelques manifestations de
l'opinion publiques à la fin du Moyen Âge ou celle que
j'ai faite sur Information et pratique du pouvoir en France à
la fin du Moyen Âge, dans le cadre des rencontres des pays francophones
(mai 2000). La communication faite lors de la journée d'études
de l'Ecole doctorale d'Histoire (mai 2000) sur La rumeur et les gens
de guerre est publiée dans Hypothèses
2000.
Plusieurs maîtrises
ont été consacrées à l'étude de l'information,
en prenant pour source les registres de délibération des
villes : Châlons, Troyes, Reims, Amiens. La thèse de l'Ecole
nationale des chartes de Xavier Nadrigny a repris ce sujet pour la ville
de Toulouse et ses résultats sont très encourageants. Son
auteur a pu mesurer la vitesse d'arrivée des nouvelles, le poids
budgétaire des nouvelles, les conséquences de l'information
pour le développement d'une hiérarchie des villes et leur
constitution en réseau. Ces thèmes méritent d'être
approfondis et, pour Toulouse, Xavier Nadrigny envisage de poursuivre son
étude dans le cadre d'une thèse de doctorat d'Histoire. Il
reste aussi beaucoup à faire pour étudier les rituels de
l'information et les hommes qui en sont chargés. De ce point de
vue, le thèmes de l'information recoupe celui des rituels, comme
le montre la table-ronde sur le Cri, ainsi que les travaux de Nicolas Offenstadt.Outre
cette publication qui met l'accent sur les rituels de communication, cet
axe sera amené à participer à deux rencontres internationales
:
" Comment construire
une histoire de l'information ? ateliers de Bordeaux, 8-9 juin 2001,
qui unit des spécialistes historiens de l'Antiquité jusqu'à
nos jours et des anthropologues. La rencontre doit insister sur les mots
qui désignent l'information, le rôle du pouvoir et les espaces
d'information.
Information et nouvelles
:
colloque de Montréal-Ottawa, dir. Michel Hébert et Kouky
Fianu, mai 2002. J'assurerai l'introduction du colloque et plusieurs membres
de notre axe y feront une communication.
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