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Histoire
des Techniques
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Paul Benoit
Extrait de
l'Historia de gentubus septentrionalibus de Olaus Magnus, 1555 "Des
diverses façons de fondre les métaux" (Bibliothèque
Sainte Geneviève)
Programme
de recherches 2001-2004
Pour
les quatre années à venir, le programme de recherche de l'axe
Histoire
des techniques va se développer autour d'un thème central
: énergie et matériaux dans l'Occident médiéval
, dans les domaines des mines, de la métallurgie et de la maîtrise de l'eau. Par rapport aux programmes
de recherche précédents, une place toute particulière
sera donnée aux poids que les techniques mises en euvre, fruits
d'innovation ou la diffusion de techniques anciennes, font peser sur
l'environnement. A partir de ce thème central se regroupent des
chercheurs ou des équipes qui mènent des travaux propres.
Mines
et métallurgie des non-ferreux
Les
résultats obtenus à Melle comme à Pampailly et la réflexion
qui s'est développée à partir de la thèse de
Florian TEREYGEOL donnent une nouvelle vigueur aux projets sur le thème.
L'argent
est, pour l'Occident médiéval, le métal précieux
de référence puisque le monnayage d'or a quasiment disparu
avec la fermeture des routes commerciales vers les zones de forte production.
Dans les mondes byzantin et musulman, si l'or continue de circuler, le
métal blanc occupe aussi une place de choix à la fois par
la et par l'orfèvrerie. Mais les textes éclairent
peu le problème de la production de ce métal. Il faut attendre
le XIIe siècle pour voir apparaître les premiers
règlements miniers en Europe, qui affirment l'importance de cette
production dans les périodes de forte croissance. Les sources écrites
vont en se multipliant avec le temps mais n'apportent que rarement des
informations permettant de reconstituer les techniques de production en
usage. Elles sont néanmoins essentielles dans bien des cas, ne serait-ce
que pour localiser et donner une première datation de l'activité
de certaines mines. Mais le recours à l'archéologie, qui
s'affirme de plus en plus pour écrire cette histoire de l'argent
s'est à ce jour limité aux secteurs de l'activité
minière et métallurgique. Si les techniques d'exploitation
des mines au Moyen Âge sont maintenant relativement bien connues,
il n'en va pas de même du traitement des minerais qui manifeste un
retard certain. Pourtant les gisements exploités au Moyen Âge
ne manquent pas, que ce soit en Europe ou dans le bassin méditerranéen.
Ces mines sont aussi bien d'importants districts comme Imiter, Melle, Goslar
ou les mines d'Anatolie, que des gîtes plus isolés mais tout
aussi importants (mines de Pampailly, Brandes, Castel-Minier, l'Argentière).
Ces exploitations s'échelonnent sur l'ensemble de la période,
offrant une vision diachronique depuis le haut Moyen Âge jusqu'au
milieu du XVIe siècle, date à laquelle arrive
en Europe l'argent du Nouveau Monde qui va mettre un frein à cette
production. Il est dès lors possible de suivre l'évolution
des techniques sur l'ensemble de la période en tenant compte bien
sûr des contraintes économiques perceptibles au travers des
sources écrites, de la diversité des gisements, et de leur
localisation. L'objectif est aussi de mettre en rapport les niveaux de
technicité atteints et les spécificités de chaque
aire culturelle, de chaque période ainsi que les conséquences
de ces activités minières sur l'économie, sur la société
comme sur l'environnement.
L'étude
de la mine
Une
bonne connaissance des données géologiques, en particulier
gîtologique, est la première condition à remplir dans
le cadre d'une étude minière. L'étape suivante conduit
à la localisation des vestiges miniers. L'usage de la prospection
aérienne et du traitement informatique de l'image permet de couvrir
rapidement de vastes territoires, mais un retour sur le terrain en prospection
pédestre est toujours indispensable.
L'étude
d'une mine commence par la réalisation d'un plan du réseau
en s'appuyant sur les techniques employées par les spéléologues
afin de caractériser l'ensemble des espaces miniers (zones d'abattage,
fronts de taille, axes de cheminement, zones de stockage des déblais,
aires de tri et de concassage…), de comprendre l'abattage et dans quel
sens les travaux ont progressé. Se dégage de cette approche
une compréhension de l'organisation du travail, de la gestion des
espaces et des problèmes rencontrés par les mineurs.
Dans
la mesure où les mines font souvent l'objet de nombreuses reprises
à différentes périodes, une multiplication des datations
est nécessaire. Pour la même raison, le recours à la
fouille ou aux sondages est important pour mettre en place une stratigraphie
du site mais aussi pour étudier certaines techniques minières
(les zones de tri et de concassage, les voies de circulation). Dès
ce stade de la recherche, le recours à l'archéométrie
et aux analyses en général est essentiel.
La
préparation des minerais
Une
fois extrait, le minerai est envoyé sur les ateliers d'enrichissement.
Ces derniers peuvent se signaler par d'importantes concentrations de résidus
de lavage. La relation entre ces sites et la présence d'un cours
d'eau ayant été démentie à plusieurs reprises,
la prospection devra être exhaustive et ne pas se limiter au seul
voisinage des rivières.
La
reconnaissance des processus d'enrichissement (débourbage, lavage,
tri et concassage…) doit se faire à la fois par l'étude
des structures et par l'analyse sédimentologique et granulométrique
des sables et boues. Une étude micromorphologique des sédiments
encore en place permet de répondre aux questions sur le sens et
la force du courant d'eau, sur la qualité du travail réalisé
et sur la périodicité de l'activité. L'étude
archéologique du site permet aussi de comprendre l'organisation
spatiale de l'atelier et son évolution dans le temps.
La
thèse en cours de Christophe Marconnet sur la préparation
mécanique des minerais à partir des cas de Melle pour le
haut Moyen Âge, de Pampailly (Rhône) pour le XVIe
siècle et l'Argentière-la-Bessée (Hautes-Alpes) fera
largement progresser nos connaissances dans un domaine de l'histoire des
techniques qui a, jusqu'à ce jour, rebuté les historiens.
Fondée sur des analyses très précises, utilisant des
modèles mathématiques dont l'efficacité a été
prouvée dans des domaines extérieurs à l'archéologie,
la méthode définie par Christophe MARCONNET fournira aux
archéologues un nouvel outil. Sans abandonner ses travaux archéométriques,
Christophe MARCONNET consacrera les années à venir à
une recherche sur les mines de Pontgibaud (Puy-de-Dôme) peu exploitées
au Moyen Âge.
La
métallurgie
L'étude
de la métallurgie passe par la localisation des ateliers. A ce titre,
la
prospection pédestre reste le meilleur moyen pour une première
approche. Mais, là encore, des prospections géophysiques
s'avèrent indispensables.
Les
fouilles permettent de comprendre l'évolution des ateliers dans
le temps et l'espace et surtout de caractériser les différentes
étapes de transformation métallurgique du minerai (grillage,
réduction, retraitement des scories, épuration, coupellation,
affinage de l'argent). Dans le cas de la métallurgie de l'argent,
l'accent doit être mis sur les problèmes liés au retraitement
de la scorie. Ici encore l'approche archéométrique (analyses
physico-chimiques des résidus de métallurgie, métallographie…)
est essentielle pour appréhender les techniques dans toute leur
complexité et permettre des comparaisons d'un site à l'autre.
La recherche s'avère difficile dans la mesure où les archéologues
ne bénéficient pas comme pour le fer d'une longue tradition
d'étude des procédés métallurgiques anciens
et du support de laboratoires intéressés par des processus
considérés maintenant comme dépassés.
La
monnaie
Il
est impensable de traiter de la production de l'argent sans étudier
aussi l'un des principaux produits finis issus de ce travail : la monnaie.
Les études numismatiques ne manquent pas pour traiter du monnayage.
Mais une voie de recherche a été encore assez peu explorée
: l'étude isotopique du monnayage d'argent. Cette voie a été
délaissée car les refontes multiples rendent le travail illusoire
: par exemple, Pampailly n'a pas fourni plus d'un cinquième de l'argent
frappé à Lyon, le reste venant essentiellement de la refonte.
Cependant certains monnayages d'argent se prêtent à cette
approche isotopique, ainsi à Melle. Cet important district minier
carolingien est remarquable par la présence d'un atelier monétaire.
Une
étude isotopique permet de mettre en évidence la filiation
existante entre le minerai et la monnaie. Elle ouvre aussi des perspectives
concernant la datation des exploitations minières. D'autre part,
les analyses conduisent à apprécier les qualités des
monnaies produites à différentes périodes. Mais là
n'est pas le seul intérêt. La frappe des monnaies est une
étape qui échappe dans la plupart des cas à l'archéologue.
Or la fabrication des pièces est une phase métallurgique
à part entière et complexe. Une analyse élémentaire
des monnaies peut renseigner sur certains de ces processus.
L'environnement
Les
activités minières et métallurgiques ont eu un impact
sur l'environnement. Il reste à déterminer l'ampleur de ces
phénomènes et leurs conséquences à court terme
et à long terme pour le site et ses environs.
L'usage
de bois et de charbon aux différents stades de la production offre
un matériel facile d'accès et abondant pour engager une étude
anthracologique. Il s'agit de mettre en évidence une sélection
des essences, notamment pour l'abattage au feu. Dans certains cas, comme
à Pampailly, il a été possible d'obtenir des diagrammes
palynologiques qui ont montré le caractère dévastateur
pour le milieu proche de l'exploitation minière.
Les
phases de traitement et de fusion entraînent à terme une forte
pollution des sites comme il a déjà été démontré
dans le cas de Melle. Les conséquences de cette pollution pourront
être recherchées au sein des populations travaillant sur les
sites mais l'exemple de Melle montre la difficulté de l'approche
anthropologique. Par ailleurs cette pollution se prête à une
nouvelle approche de la prospection des sites archéologiques. L'étude
de la pollution peut pallier la disparition des scories, retraitées
pour la plupart, dans le cadre d'une première approche.
L'expérimentation
de l'extraction à la coupellation
Le
renouvellement et surtout l'approfondissement de l'archéologie expérimentale
est une des priorités fondamentales pour progresser dans la connaissance
de la métallurgie de l'argent. Seules ces expériences permettent
de confronter les hypothèses formées lors des fouilles à
une réalité plus tangible. Ce travail de reconstruction doit
s'appliquer à l'ensemble de la chaîne opératoire. Il
est aussi important de pouvoir travailler avec le même minerai que
celui utilisé par les métallurgistes mais seuls quelques
sites pourront se prêter correctement à ce type d'expérimentation.
Aussi faut-il acquérir les gestes et les techniques, comprendre
les processus physico-chimiques fondamentaux à l'aide de minerai
vendu dans le commerce dans des structures connues, stables et maîtrisées.
Comme
les recherches sur la sidérurgie l'ont montré, l'expérimentation
ne peut se comprendre sans une approche archéométrique. Il
s'agit notamment de mesures de température mais aussi du contrôle
des atmosphères. En aval du travail expérimental, l'étude
des produits issus des opérations minéralurgiques et métallurgiques
permet d'apprécier la qualité du travail réalisé
et de comparer avec les résidus archéologiques.
Sites
étudiés
Les
études continueront à Melle (archéologie expérimentale,
analyses des produits métallurgiques) et à Pampailly (fouille
des installations métallurgiques du Vernay, analyses des vestiges
minéralurgiques et métallurgiques)
En
fonction des possibilités de Florian TEREYGEOL, dont le statut reste
pour l'instant indéterminé, notre équipe interviendra
sur différents sites, aussi bien des sites non encore étudiés
que des mines faisant déjà l'objet de fouilles où
des collaborations seraient fructueuses :
-Les
mines d'argent d'Imiter (Maroc) : exploitation entre le IXe
siècle et le XVe siècle
-Les
mines de Brandes (France " Isère) : exploitation entre le XIIe
siècle et le XIVe siècle
-La
mine d'argent de Castel-Minier (France " Ariège) : exploitation
au XIVe siècle
A
ces études de sites s'ajoutent des prospections régionales
comme celles menées sur les mines et la métallurgie en Savoie,
par Nadine GARIOUD, qui doivent aboutir à la soutenance de sa thèse
à la fin de l'année 2001, et qui apporteront à l'enquête
le cas d'une région à ce jour encore peu étudiée.
Le
fer et sa métallurgie
Du minerai a l'objet
Les
recherches sur le fer devraient prendre au cours des quatre années
à venir une dimension nouvelle. Le but premier est de comprendre
l'évolution des techniques de la métallurgie du fer au Moyen
Âge et au début de l'époque moderne. On sait qu'en
Europe, en Afrique et dans le monde méditerranéen, les métallurgistes
durant plus de deux millénaires ont produit du fer selon le procédé
direct et travaillé le métal en n'utilisant pas d'autre énergie
que la force de l'homme et la ventilation naturelle de certains fourneaux.
Dans l'Occident médiéval, des innovations d'une portée
considérable apparaissent et se développent : au XIIe
siècle le marteau hydraulique bouleverse les conditions de travail
du métal ; un siècle plus tard, à quelques dizaines
d'années près, apparaissent les premières traces de
la production volontaire de fonte et d'affinage du produit, c'est le procédé
indirect qui se développera surtout à partir de 1450 pour
conquérir en quelques siècles l'Europe puis le monde. C'est
cette mutation des techniques de production et de travail du fer par l'utilisation
de l'énergie hydraulique qui fera l'objet de nos travaux au cours
des quatre années à venir.
Avant
l'hydraulique
Avant
l'apparition du marteau hydraulique la production sidérurgique de
base était essentiellement dispersée, le plus souvent forestière.
Des prospections et des recherches d'archives se poursuivront à
la fois dans le cadre d'études sur le patrimoine cistercien telles
celles de B. ROUZEAU autour de Morimond, de Christine RAYNAUD en Lorraine
francophone, A. GONSELIN dans les domaines de Clairvaux et autour de Trois-Fontaines)
mais aussi dans le pays de Bray (C. COLLIOU). En Berry, les vestiges de
production sidérurgique de l'abbaye du Landais font l'objet d'une
étude d'Armelle QUERRIEN en collaboration avec l'UMR 5060, IRAMAT.
Parallèlement
des expérimentations de réduction du minerai et de traitement
de la loupe sont prévues à Fontenay. Il s'agira maintenant
de vérifier notre capacité à produire du fer avec
un rendement en métal convenable et à traiter la loupe pour
en extraire un lingot. Ces opérations seront menées en étroite
collaboration avec l'UMR 5060.
Les
forges hydrauliques en procédé direct
Les
dépouillements et les prospections menés dans le cadre de
l'enquête sur l'hydraulique cistercienne sont toujours susceptibles
d'apporter de nouvelles données sur la question si on sait la place
que les cisterciens ont tenu dans l'histoire de cette innovation.
Parmi
ces opérations, l'étude de la forge de Morimond, découverte
en prospection géophysique au cours de l'été 2000,
constitue un objectif de première importance pour notre équipe.
Sa situation, les scories retrouvées sur place, tout tend à
prouver qu'il s'agit ici d'une forge hydraulique médiévale.
Benoit ROUZEAU effectuera en 2001 un sondage sur le site qui devrait aboutir
à une fouille programmée pour les années à
venir. Parallèlement, en collaboration avec l'UMR 5060 un programme
d'analyses métallographiques et élémentaires est en
cours. Onpeut prévoir un programme de quatre ans pour mener à
bien cette recherche.
Autre
secteur de développement de la sidérurgie indirecte, le Midi
de la France. La publication de la thèse de Catherine VERNA Le
temps des moulines. Le fer et son exploitation du comté de Foix
à la vicomté de Béarn, (XIIIe-XVe
siècles), est attendue en 2001. Elle étend son étude
aux régions limitrophes du Roussillon (mont du Canigou, Pyrénées-Orientales)
et du haut Languedoc (Lacaune, Tarn). Elle poursuit actuellement sa recherche
à partir des sources conservées sur Lacaune, qui restituent
l'insertion de l'innovation dans le cadre villageois, l'organisation des
entreprises, la circulation de l'argent, la répartition des activités
et des investissements entre secteurs agricole et sidérurgique.
Elle a entrepris une nouvelle exploitation des sources catalanes et audoises.
Une prospection sur les sites de moulines de la Montagne Noire sera réalisée
en 2001 dans le cadre du PCR La pierre, le métal, l'eau et le
feu, techniques comparées en milieu castral, en territoire audois,
auquel participe également Catherine VERNA.
Les
dépouillements et les prospections de Nadège GARIOUD font
connaître un nombre important de martinets, qui s'ajoutant à
ceux du Dauphiné, montrent déjà l'importance de la
mécanisation de la sidérurgie dans les Alpes occidentales.
Ces recherches doivent se poursuivre au-delà de sa soutenance de
thèse.
La
réduction indirecte
Autour
de Philippe DILLMANN, dans le cadre de la coopération établie
avec l'UMR 5060 se développeront des recherches sur les débuts
de la sidérurgie indirecte par les textes et le laboratoire. La
caractérisation des objets de fer produits en réduction directe
ou en réduction indirecte, selon la méthode de micro analyse,
mise au point par Philippe DILLMANN et présentée dans sa
thèse, sera améliorée et appliquée à
divers objets provenant de fouilles de sites de la fin du Moyen Âge.
Un travail sur les pointerolles, l'outil d'abattage typique des mines du
Moyen Âge terminal et de la Renaissance, est prévu dans le
cadre de ce programme qui pourra ensuite s'étendre à des
objets courants élaborés souvent à partir de fers
de récupération, pointes de flèches et fers à
cheval.
Mais
surtout, en fin de l'année 2001, Danielle ARRIBET-DEROIN présentera
sa thèse d'archéologie sur la métallurgie indirecte
dans le Pays de Bray. Ce travail s'appuie sur des sources écrites,
sur l'iconographie et sur la fouille d'un haut fourneau. Outre tout ce
qu'une telle étude peut apporter à la connaissance des hauts
fourneaux des XVe et XVIe siècles, le cas
brayon montre les techniques que possédaient les métallurgistes
locaux qui au cours du siècle ont émigré vers l'Angleterre,
où ils ont introduit le procédé indirect. Une fois
sa thèse terminée, Danielle ARRIBET-DEROIN, maintenant fixée
à Bordeaux, étudiera, toujours à partir d'une approche
croisée fondée sur l'apport des textes, du terrain et du
laboratoire, la mécanisation de la sidérurgie dans le bassin
de la Dordogne, du passage à la forge hydraulique au développement
des hauts fourneaux.
Pour
sa part, Nadège GARIOUD, dans sa thèse elle aussi en voie
d'achèvement, présentera à partir d'une documentation
malheureusement insuffisante, quelques cas de hauts fourneaux de type bergamasque.
Plus qu'aucun autre sujet, la métallurgie indirecte attirera notre
attention sur l'impact de la métallurgie sur le milieu. Si elle
a très largement contribué à la dévastation
des forêts, elle a été aussi à l'origine de
grands réservoirs d'eau, dont il faudra mesurer l'influence sur
l'environnement.
Le
fer dans la construction
L'emploi
du métal dans la construction gothique, déjà ébauché,
va être l'objet d'études plus poussées. Déjà
des recherches d'archives ont débuté dans les fonds de la
fabrique de la cathédrale de Troyes ; elles s'accompagneront de
travaux sur les bâtiments eux-mêmes à Troyes (Cathédrale,
Saint-Urbain) et Paris (Sainte-Chapelle, Notre Dame). Si nous possédons
déjà de nombreuses données sur les emplacements et
les fonctions de pièces de fer dans la construction gothique, les
données concernant les tonnages mis en euvre, la qualité
des métaux employés et les techniques d'élaboration
du métal demeurent très mal connues tout comme les aspects
économiques de cet usage. Pour répondre à ces question
outre les dépouillements d'archives, des mesures effectuées
sur les bâtiments, des analyses métallographiques et chimiques
sont prévues en collaboration avec l'UMR 5060, IRAMAT (Ph. FLUZIN,
Ph. DILLMANN).
L'artillerie
et la poudre
Selon
des méthodes comparables, nous poursuivrons les travaux sur les
armes médiévales ; un travail sur les perriers à boîte
devrait s'achever en 2001 et donner lieu à une publication. Un des
gros problèmes techniques posés par l'artillerie de fer des
XIVe et XVe siècles, tient à la capacité
qu'ont eue les forgerons de fabriquer d'énormes pièces de
fer forgées. Un projet d'étude par radiographie industrielle
devrait permettre de mieux comprendre les techniques mises en euvre.Des
monographies concernant la fabrication des armes dans les villes et les
campagnes de la France médiévale permettront dans les quatre
ans une première synthèse sur le sujet. Déjà,
la publication d'un travail sur l'armurerie tourangelle est prévue
pour 2001.
A
la rencontre des recherches sur le fer et sa métallurgie et des
travaux sur les moulins hydrauliques, l'artillerie et la poudre constituent
un des thèmes de recherche qui seront développés au
cours des quatre années à venir et qui s'inscrivent dans
la suite de nos travaux antérieurs pour l'artillerie et des publications
à venir en 2001 pour la poudre.
En
ce qui concerne la poudre, nos recherches ne s'arrêtent pas aux limites
traditionnelles du Moyen Âge. L'enquête sur l'iconographie
médiévale et du début de l'époque moderne s'accompagnera
surtout d'un travail sur les sources écrites imprimées ou
inédites, en particulier les fonds du bailliage de l'Arsenal (Arch.
nat. Z 1M) et ceux, très riches des archives municipales
de Nevers. Il s'agit pour nous de comprendre les relations entre la maîtrise
des métaux pour fabriquer les canons et les boulets, maîtrise
liées à l'usage de la force de l'eau pour forger les pièces
ou produire la fonte, avec les premières étapes de la confection
de la poudre, en particulier le passage du mortier à bras au moulin
à poudre.
Approches
économiques et sociales de la métallurgie du fer
Les
recherches menées à partir de tarifs de péages et
de comptes permettent de percevoir des lieux, des prix, des produits, parfois
des salaires. Il en résulte la possibilité de définir
d'abord des zones de production et des axes de circulation. L'étude
des produits débouche logiquement sur celles de leur diffusion,
des routes et des marchés. Mais en retour les documents commerciaux
apportent des précisions sur la nature des objets qui circulent
et se vendent. Après ses études sur les appareils de production
du métal brut, Catherine VERNA consacre maintenant une part importante
de son activité à l'étude des produits qui circulent
dans un espace qui comprend la moitié ouest des Pyrénées
et le sud-est du Massif Central, lieux privilégiés de l'implantation
des moulines.
Catherine
VERNA a entrepris dans ce domaine une enquête concernant le bassin
méditerranéen occidental à partir de dépouillements
dans les archives départementales, aux Archives de la Couronne d'Aragon
(Barcelone) et aux Archives Datini (Prato). Ceux-ci devraient éclairer
la circulation du fer particulièrement difficile à saisir
du fait des interdictions d'exportation dont il est l'objet. Ces archives
restituent également la circulation et le commerce du bois et du
charbon dont l'approvisionnement est un facteur majeur de développement
ou de repli de l'activité sidérurgique. Ces recherches s'intègrent
aussi dans le « programme d'action incitative jeune chercheur », de D.
BOISSEUIL sur l'exploitation de ressources naturelles qui ne sont ni agricoles
ni forestières.
Des
axes essentiels de notre programme, la mécanisation de la sidérurgie,
le développement de la métallurgie différenciée
et la maîtrise hydraulique, se retrouvent dans le thème du
colloque international que nous organisons en collaboration avec l'Université
de Valenciennes dans le cadre des 4emes Rencontres de l'abbaye
de Liessies « Techniques et environnement », La forge hydraulique à
l'ère préindustrielle en Europe occidentale.
L'homme
et l'eau au Moyen Âge
La
réunion de deux équipes au sein du même axe (Archéologie
nautique et fluviale dirigée par Eric RIETTH et Equipe d'histoire
des Techniques animée par Paul BENOIT) a créé une
dynamique qui s'est déjà affirmée et devrait se renforcer
au cours des années à venir. Par ailleurs, la participation
de chercheurs de notre axe au PIREN Seine a non seulement donné
beaucoup plus de moyens à la recherche, mais elle a aussi permis
de développer des problématiques nouvelles ou d'affiner les
méthodes utilisées.
Au
cours de l'année 2000, la réunion de recherches jusque-là
individuelles a donné naissance à un nouveau champ d'étude,
les techniques de mesure de l'espace aussi bien sur terre que dans les
mines et les carrières.
L'hydraulique
monastique
Nos
recherches sur l'hydraulique cistercienne en Bourgogne, Champagne et Franche-Comté
doivent aboutir en 2001 ou 2002 au plus tard à un ouvrage dans la
collection Medievalia chez Picard, étape importante dans
une recherche déjà ancienne, et dont la parution de cet ouvrage
ne marquera pas l'achèvement.
L'enquête
sur le terrain continue à Morimond dans le cadre de la thèse
de Benoit ROUZEAU, qui ne consacrera pas tout son temps à la forge.
Des prospections géophysiques sont prévues sur la grange
de Vaudinvilliers (2000) et sur le site abbatial. Benoit ROUZEAU prévoit
une étude des systèmes hydrauliques des granges de Morimond,
prospections électriques et relevés. Des fouilles sont possibles
mais non certaines sur la grange, en revanche envisagées dans le
cloître et à l'emplacement du lavabo. D'autres prospections
sont prévues en particulier dans les domaines de Trois-Fontaines
et de Clairvaux.
A
Cîteaux, Karine BERTHIER continue ses recherches, et dans les quatre
ans à venir elle prévoit une cartographie précise
fondée sur l'étude des chartes, des cartes et plans d'époque
moderne et de prospections, de tous les établissements industriels
de l'abbaye, essentiellement liés à l'eau. Aux données
utiles à l'histoire économique du monastère, elle
ajoutera une étude de l'impact de ces activités sur le milieu.
Par ailleurs démarre cette année 2001 une étude sur
Clairvaux, que nos moyens limités et la situation particulière
de l'abbaye (Maison centrale) n'avaient pas permis d'entreprendre auparavant.
La perspective de pouvoir intervenir sur le site, comme nous l'a demandé
le service régional de l'archéologie, lors de travaux programmés
par le Ministère de la Justice nous a fait entreprendre une recherche
d'archives dès cette année. L'ensemble de ces travaux devrait
aboutir à une thèse qui dépassera le numéro
des Images du Patrimoine dont la réalisation est déjà
programmée.
L'avancement
des travaux en Bourgogne, Champagne et Franche-Comté a donné
naissance à des recherches dans les régions limitrophes.
Deux DEA sont en cours, qui devraient aboutir à des thèses
dès la rentrée 2001, l'un en archéologie sur l'abbaye
de Cercanceaux (Loiret), l'autre en histoire sur les établissements
cisterciens en Lorraine francophone. En Berry, Armelle QUERRIEN, dans le
cadre d'une étude générale des terroirs, replace l'hydraulique
dans le contexte plus large du milieu.
Enfin,
outre les contacts suivis avec nos collègues britanniques, en particulier
Glynn Coppack, les recherches que nous menons sur les sites cisterciens
dépassent nos frontières. Nous avons déjà effectué
une mission avec nos collègues portugais, dans le cadre du programme
de coopération franco-lusitanien L'homme et l'eau sur le
site du monastère de Tarouca, et nous avons été appelés
à participer à titres d'experts en matière d'hydraulique
sur le site du monastère cistercien de Beaulieu, à proximité
du village de Pyrgos, à Chypre. Nous espérons trouver les
moyens financiers pour pouvoir répondre à cette demande.
Si
le champ géographique de la recherche est conduit à s'étendre,
les méthodes employées par les hydrauliciens, les hydrogéologues
et les biologistes, dans le cadre du PIREN Seine, nous font développer
de nouvelles approches. Il s'agira en particulier de déterminer
comment l'aménagement des zones humides a pu transformer les milieux
: la création d'étangs au détriment de zones marécageuses,
l'implantation de biefs créateurs de retenues et de chutes d'eau,
l'établissement de communautés monastiques et de villages
à proximité des cours d'eau, l'utilisation ou la destruction
de la flore riparienne, sont autant d'éléments qu'il convient
de prendre en compte. Les modèles récemment créés
pour analyser les cours d'eau actuels, déterminer leur teneur en
oxygène, en phosphates et en azote ou estimer l'impact des retenues
et chutes d'eau, seront appliqués à l'exemple monastique
avant d'être étendus au-delà (Karine BERTHIER).
L'homme
et la rivière
La
publication de la thèse de Virginie SERNA sur la boucle de la Marne,
prévue pour les mois à venir, marque une première
étape de ce secteur de notre programme. L'édition de la thèse
de Catherine LONCHAMBON sur Les bacs de la Durance est en préparation.
Plusieurs études sont en cours qui devraient aboutir dans les quatre
ans à venir ou un peu plus tard. Il s'agit en effet souvent de DEA
ou de thèses dont les auteurs ne bénéficient pas d'allocations
et sont le plus souvent salariés.
Les
travaux les plus avancés sont ceux de Joséphine ROUILLARD
sur la Vanne, affluent qui se jette dans l'Yonne à Sens. Cette rivière
non navigable possédait un gros équipement de moulins et
a connu une forte implantation de châteaux et maisons fortes. Outre
une partie très importante sur les moulins, leur place dans l'économie
et la société locale, ce travail attache une très
grande place à l'évolution du milieu fluvial en fonction
des activités humaines.
Le
Clain, la rivière qui arrose Poitiers, outre la présence
de nombreux moulins, a été très tôt aménagé
pour la navigation. C'est à travers l'étude de documents
écrits et de prospections de terrain que Frédérique
CAPLANE a entrepris sa recherche qui devrait être bien avancée,
tout comme Christophe CLOQUIER pour la Somme et Eric YENY pour le Loir.
Emmanuelle MIEJAC poursuivra ses travaux sur la Loire. Tous prendront en
compte à la fois les questions de techniques d'aménagement
des cours d'eau, aussi bien pour la navigation que pour la production d'énergie
ou pour la pêche, en même temps que les questions d'environnement.
1.0cm;line-heigh Enfin
des fouilles subaquatiques se développeront essentiellement sur
des épaves. Eric RIETH en Charente et au Portugal, Catherine LONCHAMBON
en Saône. Les recherches de cette dernière devraient, au cours
des quatre années à venir, aboutir à un ouvrage sur
la batellerie en Saône. Elle entreprend par ailleurs un travail de
portée plus générale sur les bacs en France.
Enfin,
d'importantes opérations d'archéologie navale en milieu lacustre
sont programmées. Eric RIETH dirigera une fouille sur le lac Leman
(site d'Yvoire ) et Olivia HULOT étudiera l'épave d'une barque
datée de la fin du XVIe " début du XVIIe
siècle, trouvée dans le lac de Sanguinet (fin XVIe-XVIIe
siècle).
L'étude
des bateaux conduit à celle du transport des produits. En liaison
avec l'équipe qui travaille sur la pierre et les carrières
nous préparons une publication sur le transport des matériaux
lithiques dans le bassin de la Seine au Moyen Âge et aux Temps modernes.
Autre matériau dont le transport fait l'objet d'une enquête,
le bois. C'est au Moyen Âge qu'apparaît le flottage qui ne
se développe en fait qu'à l'époque moderne.On ne sait
actuellement si les transports de bois sur l'Orb et sur l'Hérault
se faisaient au Moyen Âge vers le littoral méditerranéen
par flottage ou par bateaux (C. VERNA).
Le
glossaire nautique, le nouveau Jal reprendra sur des bases plus conformes
aux moyens limités dont nous disposerons lorsqu'un ingénieur
aura été nommé. Le profil du poste a été
publié, et un bureau sera dégagé dans les locaux de
Villejuif. L'édition, arrêtée à la lettre L,
se poursuit actuellement à la lettre M : l'équipe scientifique
composée pour le moment de Jacques PAVIOT et Eric RIETH, bénéficie
toujours des conseils de Christiane VILLAIN-GANDOSSI qui continue de réunir
dans le cadre de son séminaire à la IVe section
de l'Ecole Pratique des Hautes Etudes d'excellents spécialistes
du lexique nautique. Le comité éditorial sera réactivé.
Nous serons peut-être conduits à limiter le caractère
polyglotte de l'entreprise, quitte à réduire à quatre
le nombre des volumes devant poaraître, afin de revenir à
un calendrier prévisionnel des publications réaliste :le
premier volume devrait sortir dans les deux prochaines années et
le second au terme de ce programme.
L'eau
dans la ville
Paris
Un
programme de recherche présenté par notre équipe,
en collaboration avec la Commission du Vieux Paris, le Laboratoire départemental
d'Archéologie du Val-de-Marne et diverses associations portant sur
L'eau
à Paris de l'Antiquité au début du XIXe
siècle : approvisionnement, évacuation et usages a été
proposé à la Sous-Direction de l'Archéologie du Ministère
de la Culture. Située au bord d'un grand fleuve longtemps mal maîtrisé,
Paris a toujours eu besoin de se ravitailler en eau pour l'alimentation
de ses habitants et de ses activités artisanales puis industrielles,
pour évacuer les déchets produits par l'accumulation d'une
population importante et active, enfin pour se fournir en énergie.Des
changements décisifs sont intervenus à plusieurs reprises
dans les rapports de Paris avec l'eau. Ils tiennent d'abord à une
croissance considérable de la population.Des recherches très
récentes sur l'eau à Paris à l'époque médiévale
et moderne, portant sur des points précis, contribuent à
donner une nouvelle vision des aménagements hydrauliques anciens
à Paris. Cependant ces recherches demeurent le plus souvent éparses,
les contacts entre les chercheurs limités, et les publications confidentielles
voire inexistantes.Le premier but de ce projet collectif sera de faire
le point sur les découvertes effectuées depuis plus d'un
siècle et trop souvent restées inconnues. Le travail réalisé
sur le fonds Vacquer, exemplaire pour ce qui concerne le Val-de-Marne,
est à étendre à toute l'agglomération parisienne
et il faut de même revoir les manuscrits de Belgrand. Il conviendra
ensuite de rassembler et synthétiser tous les résultats apportés
par l'archéologie préventive.A ce travail de synthèse
devront s'ajouter des recherches nouvelles sur le terrain et dans les archives,
en particulier pour ce qui a trait aux sources du nord et à l'usage
de l'eau de la Seine.
Nous
envisageons de présenter en 2002 une demande de programme pluriannuel
qui pourrait comporter des sondages et des fouilles liées à
des opérations de mise en valeur d'un patrimoine hydraulique parisien
à ce jour trop méconnu. A l'issue de ces recherches un colloque
et une publication collective sont prévus.
Pour
s'en tenir à la partie médiévale, le programme comprend
pour 2001 une cartographie précise des aqueducs, des regards et
fontaines du Paris médiéval. à partir de sources écrites,
en particulier les comptes de la ville, de comptes d'autres établissements
et de documents variés ainsi que des données du terrain.
En même temps il sera effectué une typologie des aqueducs.
Par ailleurs, une étude détaillée des comptes de la
ville permettra de saisir le poids de la distribution de l'eau pour la
Municipalité parisienne.La carte des égouts parisiens, y
compris les petits émissaires, sera établie à partir
de sources comptables, les égouts servant souvent de limites de
parcelles. De la même manière une recherche sera lancée
sur la localisation des puits parisiens en collaboration avec le Centre
de Topographie parisienne des Archives Nationales. Une modélisation,
qui permettra de mieux comprendre l'impact de la population
parisienne et de ses activités sur la qualité de l'eau, sera
ébauchée en 2001 avec l'UMR Sysyphe, Paris VI-CNRS. Cette
première étape sera suivie d'autres travaux sur la qualité
des eaux de Paris dans la suite du programme (Seine, Bièvre, sources
du Nord). L'étude des moulins, déjà largement entreprise
par Karine BERTHIER, sera reprise dans la suite du programme au cours des
quatre années à venir.
Corbeil
La
présence de la papeterie, jusqu'à une époque récente,
et celle, toujours actuelle, de la meunerie, plongent dans une tradition
très ancienne, celle de l'utilisation de la force de l'eau comme
première source d'énergie industrielle. Tout au long du Moyen
Âge et de l'Epoque moderne, Corbeil a bénéficié,
pour son industrialisation, d'avantages considérables tenant à
son site et à sa situation. Corbeil profitait aussi de l'eau de
l'Essonne, rivière aux capacités de transport très
inférieures à celle de la Seine, mais naviguée au
Moyen Âge et à l'Epoque Moderne, qui fournissait une énergie
beaucoup plus facilement maîtrisable et sur laquelle ne se posaient
pas les problèmes de concurrence entre transport et source d'énergie.
Par ailleurs elle apportait à Corbeil une eau d'une propreté
suffisante pour le développement de nombreuses activités.
Les
conditions naturelles expliquent la présence de nombreux moulins
à blé à la fin du XIIe siècle, mais,
selon toute vraisemblance, le site a été équipé
antérieurement. Pour comprendre les origines et le développement
de cette activité meunière, il faut entreprendre un dépouillement
systématique des fonds ecclésiastiques, essentiellement les
cartulaires, et des fonds royaux, pour arriver à une première
cartographie et à une étude économique et sociale
des propriétaires et des exploitants. Outre ce qu'elle apportera
à la connaissance des origines de l'industrie de Corbeil, une telle
carte servira de base aux recherches sur les périodes postérieures,
elle permettra de comprendre les permanences et les abandons de sites ainsi
que leurs évolutions.
A
la fin du Moyen Âge, les sources se multiplient et se diversifient.
Aux chartes s'ajoutent terriers et censiers, comptabilités et recensements.
Des sources parisiennes du XVIe siècle signalent que
les artisans du bourg Saint-Marcel envoyaient à Corbeil des bonnets
pour y être foulés mais il est très probable que l'activité
textile soit antérieure à cette période. La fin du
XVe siècle marque le début d'une industrie qui
donnera à Corbeil-Essonnes une renommée internationale, le
papier. L'Essonne fournissait une eau suffisamment pure et abondante pour
alimenter la fabrication de la pâte à papier. Autant l'industrie
papetière troyenne à ses débuts a fait l'objet de
travaux importants, autant celle de Corbeil-Essonnes reste mal connue.
Ce programme pourra déboucher sur une étude plus large de
l'Essonne et de ses affluents.Ce projet sur Corbeil sera développé
dans le cadre d'un contrat en cours de conclusion avec la Municipalité
de Corbeil-Essonnes.
Beauvais
Autre
ville du Bassin parisien, quoique plus éloignée de la capitale,
Beauvais. Les travaux de Philippe BOURGES ont déjà fait l'objet
de plusieurs communications sur l'image de l'eau ou encore la pollution
dans cette ville. L'essentiel de ses recherches porte sur les moulins alimentés
par le Thérain et ses affluents, en particulier les moulins industriels
particulièrement actifs au Moyen Âge. Au temps des foulons
hydrauliques (XIIe-mi XIVe siècle) a succédé
au XVe siècle celui d'activités très diversifiées.
Le travail d'archives est actuellement terminé, il reste à
en préparer et à en réaliser la publication et à
coordonner les données des archives avec celles qui proviennent
d'une étude hydrogéologique du Thérain effectuée
dans le cadre du Piren Seine.
Troyes
Une
étude des aménagements hydrauliques débute sur Troyes,
utilisant les résultats des fouilles de sauvetage nombreuses depuis
une dizaine d'années, et les dépouillements des très
riches archives troyennes, principalement les fonds de l'évêché
et du chapitre cathédral. Une cartographie des systèmes hydrauliques
est en cours. Lui seront appliqués les modèles établis
à partir des études urbaines du Piren Seine et adaptés
au Moyen Âge à partir de l'exemple de Paris.
Un
cas spécifique : les captages et les mines d'eau
Les
travaux entrepris dans le cadre du programme franco-lusitannien nous ont
conduits à commencer des recherches sur les captages de sources, ce
que les portugais appellent des mines d'eau. Essentiellement à
partir de prospections archéologiques, parfois éclairées
par des textes, des travaux ont été entrepris sur plusieurs
sites au Portugal. Dès le mois de juin de 2001 nous présenterons
les premiers résultats avec nos collègues portugais lors
du Colloque de la Casa de Velasquez, Les galeries de captage en Europe
méditerranéenne. Une approche pluridisciplinaire. Deux
communications sont prévues, l'une concernant l'alimentation en
eau du couvent franciscain de Varatojo (XIIIe-XVIIIe
siècle), l'autre le captage qui fournissait l'eau à l'aqueduc
de la ville de Setubal construit dans les années 1480, premier grand
aqueduc urbain construit au Portugal depuis l'époque romaine.
Ces recherches se poursuivront en France (Paris,
abbayes cisterciennes françaises) et au Portugal afin de pouvoir
établir des comparaisons entre différents systèmes
de captage des eaux souterraines et leurs conditions d'installation. Une
telle étude, bien que de caractère très spécifique,
s'inscrit parfaitement dans nos recherches sur l'hydraulique des monastères
et des villes.
Carrières
et constructions
Le
programme carrières et construction continuera malgré
le départ à la retraite de J. LORENZ et de D. AUBERT qui,
libérés de leurs tâches d'enseignement en géologie,
pourront se consacrer davantage aux recherches d'ordre historique. Le but
de ce programme est de comprendre toute un secteur d'activité,
encore très mal connu, celui de l'extraction et des usages de la
pierre à travers les sources écrites et archéologiques.
Un tel travail ne peut que reposer sur des connaissances très précises
aussi bien dans le domaine de la géologie (il faut savoir reconnaître
la nature et la qualité des pierres comme la structure des gisements
exploités) que dans celui de la construction.
Les
carrières et la construction à Paris et dans le Bassin parisien
restent au ceur de notre programme. Une étude de Marc VIRE sur les
carrières de calcaire grossier du terroir de Saint-Jean-de-Latran,
fondée sur sa thèse ainsi que sur les travaux entrepris depuis,
est prévue pour 2002. Par ailleurs des monographies sont en cours
sur les carrières de la Chartreuse de Vauvert et sur l'usage des
pierres qui en sortaient, sur les pierres de l'ancienne abbaye Sainte-Geneviève
ou sur celles de la Tour de Jean-sans-Peur, pour ne retenir que quelques
exemples significatifs. Elles donneront lieu à des publications.
Par ailleurs, les recherches en cours sur la pierre utilisée dans
la constructions des équipements en rapport avec l'eau (ponts, aqueducs)
devraient aboutir à plusieurs publications dans les quatre ans à
venir.
Hors
de la région parisienne des travaux seront menés en Normandie,
en particulier à Dieppe, dans le Bordelais et dans Lyonnais.
La
mesure et la mise en valeur de l'espace
La
mesure de l'espace, que ce soit l'espace des mines et des carrières
ou l'arpentage des terres, constitue depuis peu un nouveau champ d'action
pour notre équipe.Une première démarche consiste à
étudier les traités d'arpentage et tous les documents relatifs
à ce savoir, y compris les comptes, et à comparer ces données
avec celles du terrain (forme des parcelles, etc.) (A. QUERRIEN, P. PORTET).
Par ailleurs, inséparable de cette première approche, il
faut interpréter les recherches sur les appareils utilisés
par les arpenteurs, travail parfois difficile mais très riche d'enseignement.
Il convient enfin de mettre en rapport les pratiques des arpenteurs avec
les connaissances mathématiques de leur époque (Stéphane
LAMASSE)
La
position des carrières par rapport au parcellaire sera analysée
tout particulièrement à Paris. Il s'agira d'étudier
le positionnement de la carrière sur le parcellaire à partir
des restitutions de parcellaire et les plans de l'Inspection générale
des carrières (Marc VIRE). La méthode devrait permettre de
résoudre de manière pratique bien des problèmes qui
touchent à l'histoire du droit de l'exploitation et au respect des
règlements. Enfin à partir de ces données, il devrait
être possible de retrouver les propriétaires des carrières
à défaut d'en connaître les exploitants.
Pour
tout ce qui concerne les exploitations minières, pour lesquelles
les documents écrits apportent des précisions seulement à
partir du XVIe siècle, les données du terrain
ainsi que les marques dans la mine peuvent éclairer les maigres
renseignements des textes. La recherche est en cours sur le site minier
de Pampailly et dans les traités du XVIe siècle.
ANNEXE
projets
de coopération menés par Catherine Verna
Catherine
Verna organise dans le cadre de l'UMR 5608, UTAH, (directeur M. le Professeur
J.M. PAILLER), une table ronde, le 13 mars 2001 sur le thème Des
Pyrénées au Languedoc, la sidérurgie médiévale
à la lumière de l'archéologie. Il s'agit de susciter
la circulation de l'information entre historiens des techniques et archéologues,
entre archéologues spécialistes et archéologues généralistes.
L'organisatrice a donc conçu cette réunion comme un atelier
durant lequel des spécialistes, ? dont les travaux s'inscrivent
dans la région et dont certains sont membres de l'UTAH ? répondront
aux
questions, aux curiosités, aux problèmes de leurs collègues
confrontés à des témoignages matériels de l'activité
sidérurgique. Cet atelier s'adresse également aux étudiants
en cours de thèse. Il s'agit, en quelque sorte, de déblayer
un certain nombre de notions et de pratiques de base pour amorcer, encourager
ou, dans certains cas, renouveler un travail d'équipe qui paraît
absolument indispensable à la construction d'une histoire des techniques.
Effectivement, la recherche sur le terrain comme en laboratoire permet
aujourd'hui, au delà d'une identification précise des structures
et des déchets, une restitution de la chaîne opératoire
et des techniques mises en oeuvre, du minerai à l'objet. Cette réunion
se conçoit aussi comme un moment de rencontre entre les archéologues
des deux versants des Pyrénées. Ainsi, des collègues
catalan, basque et andorran, dont les travaux sont consacrés à
la métallurgie du fer, ont accepté de confronter leur expérience
à la nôtre. Cette table ronde-atelier sera, aussi, un espace
de débats entre médiévistes et antiquisants, sur un
sujet qui tient une place majeure dans l'UMR 5608 : il faut mentionner,
bien évidemment, les travaux de l'équipe constituée
autour de M. le Professeur Claude DOMERGUE.
Catherine
VERNA, outre le rappel de la problématique et des axes de la table
ronde, présentera, en introduction, une synthèse de la bibliographie
récente et internationale disponible sur le sujet.
Francis
DABOSI, (Ecole nationale de chimie de Toulouse) et Francis TOLLON (UTAH,
UMR 5608, et Laboratoire de minéralogie et de cristallographie,
UMR 5563, Université Paul Sabatier Toulouse). L'analyse des déchets
et son apport à la connaissance de la chaîne opératoire
du fer.
Claude
DUBOIS (UTAH, UMR 5608). Charbon de bois et réduction: le point
sur la problématique, les méthodes et les résultats.
Jean?Claude
LEBLANC (UTAH, UMR 5608 et Laboratoire de minéralogie et de cristallographie,
UMR 5563, Université Paul Sabatier, Toulouse). L'archéométrie
des battitures et sa problématique archéologique.
Philippe
DILLMANN (Commissariat à l'énergie atomique). L'analyse
de l'objet: les inclusions.
Marta
SANCHO i PLANA, (Université autonome de Barcelone). Problematica
de la arqueologia de los establecimientos sidérurgicos medievales
: el caso de Fabregada (XIe-XIIe).
Mercedes
URTEAGA (Arkeolab). Réduction directe : l'apport de l'archéologie
expérimentale en Pays basque espagnol.
Josep
Maria BOSCH CASADEVALL et Olivier CODINA VIALETTE (Ministère de
la Culture, Andorre). Un mythe revisité à la lumière
de l'archéologie : la sidérurgie médiévale
en Andorre.
De
telles rencontres se nourrissent, bien évidemment, du travail sur
le terrain. Les fouilles organisées par Paul BENOIT à Pampailly,
celles de M.C. BAILLY MAITRE à Brandes, sont autant d'exemples du
dialogue indispensable entre texte et terrain. C'est pourquoi il paraît
nécessaire, après l'enquête conduite sur la mouline
(forge hydraulique de réduction directe, XIVe-XVe
siècles), exclusivement à partir des sources écrites,
de passer à un autre stade de la recherche, celui de la prospection
qui pourrait s'ouvrir sur la fouille programmée. Dans le cadre du
Projet Collectif de Recherche, La pierre, le métal, l'eau et
le feu, techniques comparées en milieu castral, en territoire audois,
dont
Catherine VERNA est membre (coordination M.C. BAILLY-MAITRE et M.E. GARDEL),
celle-ci a proposé à ses collègues une opération
de prospection sur les lieux identifiés par les textes. Cette opération
se déroulera du 16 au 20 février 2001. Y participeront, outre
les membres du PCR, nos collègues antiquisants Christian RICO, Maître
de conférences, Université de Toulouse-le-Mirail, membre
de l'UTAH, Jean-Marc FABRE, Ingénieur C.N.R.S., membre de l'UTAH
qui, dans le cadre des études menées sur le site des Martys
(C. DOMERGUE) ont une connaissance approfondie du versant sud de la Montagne
noire.
L'inscription
géographique des recherches de Catherine VERNA, des Pyrénées
à la Montagne noire, constitue un observatoire à partir duquel
elle a choisi de mener une réflexion sur les concepts d'innovation
et d'industrie au Moyen Âge. Il s'agit d'une autre dimension de ses
travaux qui lui permet, en combinant les échelles d'observation,
de passer de l'étude de cas à l'analyse d'un phénomène,
celui de l'impact d' une innovation sur la société, et qui
aboutit finalement à éclairer, par le biais de la sidérurgie
en milieu rural, un aspect de l'histoire sociale des techniques (cf. C.
VERNA, « Réduction du fer et innovation : à propos
de quelques débats en histoire sociale des techniques », Médiévales,
à
paraître) et plus généralement de l'histoire économique.
Les échanges fructueux avec nos collègues modernistes et
contemporanéistes, historiens des techniques, sur les concepts d'innovation,
d'artisanat, d'industrie, ont abouti à l'organisation d'un colloque
international sous l'égide du CNAM et de l'EHESS : Artisans,
industrie. Nouvelles révolutions du Moyen Âge à nos
jours (7-9 juin 2001) et illustre le fort renouvellement que connaît
cet aspect de l'histoire des techniques et la complémentarité
des études qui sont menées sur le long terme.
En
effet, on ne peut que constater l'intérêt que suscite le pan
de l'histoire économique qui profite du nouvel éclairage
que lui offre l'histoire des techniques. La construction d'une histoire
de la production, tant artisanale qu'industrielle, intéresse d'autres
équipes de recherche européennes. Les travaux de Catherine
VERNA s'ouvrent aux espaces méditerranéens. C'est pourquoi,
elle participe à l'élaboration d'un projet « action
incitative jeune chercheur », dirigé par D. BOISSEUIL, Maître
de conférences à l'Université d'Avignon, projet qui
porte sur l'exploitation des ressources naturelles non agricoles ou forestières.
Ce projet réunit des chercheurs de la Casa Velàzquez, de
l'Université de Sienne (Equipe du Professeur R. FRANCOVICH), et
de l'Université de Naples. Il s'agit d'interroger les conditions
d'exploitation et de circulation de matières premières et
de produits semi-finis qui constituent des marqueurs de l'industrie médiévale,
sur les rives de la Méditerranée, des Pyrénées
à la Campanie. Pour l'instant, alors que le projet est en cours
d'élaboration, ont été retenus " le fer, mais aussi
l'alun, le sel gemme, le mercure, le soufre, le vitriol. Mais d'autres
ressources extraites du sol feront également l'objet d'une enquête.
Peu connues ou mal connues, elles occupent pourtant une place importante
dans le cadre du développement de certains secteurs des techniques
ou des sciences médiévales. Retenons les eaux thermales,
par exemple.
L'ensemble
de ces échanges, d'une période à l'autre de l'histoire,
d'un espace à l'autre, a une nouvelle fois démontré
la nécessité de confronter tant les démarches que
les outils et les cadres de réflexion. C'est pourquoi, il est apparu
nécessaire que l'Equipe d'Histoire des Techniques soit représentée
au colloque de Lille, organisé par la Société Française
d'Histoire des Sciences et des Techniques, les 24-26 mai 2001. En effet,
cette rencontre a pour objectif la présentation de la situation
présente de l'histoire des sciences et des techniques en France
et de ses évolutions récentes. Catherine VERNA fera le rapport
d'activité de l'Equipe d'Histoire des Techniques dans le cadre de
la session intitulée, Histoire des techniques, des cultures matérielles
et des industries, sous la direction d'A. PICON et d'H. VERIN, atelier
1, Objets techniques et cultures matérielles : outils, instruments,
machines.
Parce
que toute recherche doit enrichir l'enseignement, il a été
jugé essentiel d'associer l'université à laquelle
appartient Catherine VERNA, Paris VIII, aux résultats de ses travaux.
De nouveaux projets pédagogiques ont émergé du fait
du recrutement récent de deux de mes collègues médiévistes,
historiens des sciences, L. MOULINIER et N. WEILL-PAROT. Nous avons proposé
à nos collègues médiévistes et modernistes
de prendre en charge le séminaire commun de l'année 2001-2002
qui sera consacré à l'histoire des sciences et des techniques,
et plus particulièrement, aux axes récents de la recherche
dans ces domaines. D'ores et déjà, il est prévu de
s'interroger sur les rapports entre histoire des sciences et des techniques.
Thème provisoire, Histoire des Sciences et histoire des techniques,
quels croisements possibles ? Ce séminaire annuel sera ponctué
par l'organisation d'une table ronde dont les interventions seront publiées
par les Presses de l'Université de Vincennes. De même, le
résultat de ces séances fera l'objet d'une présentation
au cours d'un séminaire de la Cité des Sciences et de l'Industrie,
La Villette (Cité des sciences et de l'industrie-CDHT-Université
Paris X).
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