pour le contrat quadriennal 1998-2001 Mai 1997
L'UMR 9963 arrive à la fin de son contrat quadriennal 1994-1997 au moment où, d'une part, l'équipe des professeurs médiévistes de la Sorbonne " qui dirigeaient d'ailleurs des équipes de statuts variés " s'est profondément renouvelée, et où, de l'autre, la création par le CNRS d'une Fédération d'unités à Villejuif renforce le potentiel des chercheurs spécialistes du texte et du livre, disciplines peu ou mal représentées dans une Université comme Paris I qui ne compte pas d'UFR de lettres : il y avait là une chance historique pour créer une formation nouvelle qui élargisse de façon décisive les perspectives de l'ancienne UMR tout en permettant à l'ensemble des médiévistes de Paris I et à ceux qui ont le désir de les accompagner dans cette aventure (car, au-delà même de l'histoire, notre future équipe comprendra des historiens d'art, des littéraires, des philosophes et des archéologues) de travailler ensemble. Le rapport que vous allez lire dessine ainsi à grands traits les lignes d'un développement futur qui paraîtra sans doute ambitieux, tout en rendant compte, avec le scrupule et l'honnêteté qui conviennent, des recherches actuellement engagées, sur lesquelles nous comptons nous appuyer pour bâtir cet avenir. Nous nous proposons donc de créer un « Laboratoire de médiévistique occidentale de Paris ». C'est donc à la fois une formation nouvelle et un regroupement d'équipes ayant chacune une longue histoire derrière elles. Un rapide historique de chacune d'entre elles permettra d'ailleurs à celui que l'archéologie du savoir peut intéresser d'effectuer une lecture à la fois historiographique et généalogique du dossier ... Mais nous entendons d'abord présenter les grandes options et les ambitions qui ont présidé à la naissance de cette formation. Qu'apporte-t-elle en effet de nouveau dans le dispositif des centres et des équipes de recherche existant dans notre domaine scientifique, en France ? Sur quels principes est-elle bâtie ? Peut-elle, et à quelles conditions, jouer un rôle décisif d'innovation et d'animation de la recherche, de formation, de coordination et de relais de la recherche internationale ? Il est clair, d'emblée, que pour la première fois à Paris, une même structure va prendre en compte et traiter avec les méthodes adéquates l'ensemble des sources médiévales, depuis le texte jusqu'aux données archéologiques; d'où le nom que nous proposons pour cette formation. Il est moins prétentieux qu'il n'y paraît : la présence à Paris I, à côte de l'UMR 9963 «Culture, Politique et Société en Europe IXe-XVIe siècles » (elle-même issue du regroupement de plusieurs équipes CNRS), d'équipes qui se sont vouées, depuis déjà longtemps, les unes à l'archéologie des mines et de l'hydraulique médiévale, les autres à l'étude des paysages et des sociétés agraires de l'espace méditerranéen, la venue de spécialistes du latin médiéval et du Haut Moyen Âge, a élargi considérablement l'éventail des champs de spécialités disponibles ; en outre, des collègues issus d'autres formations du CNRS ou appartenant aujourd'hui à d'autres universités parisiennes ou de la grande couronne (Reims, Orléans, Amiens etc...) voire à la province, après avoir fait leurs premières armes dans les équipes dont nous sommes les héritiers, ont accepté de se joindre à nous pour constituer cette formation qui, aussi bien par l'ampleur de ses visées que par le nombre et la diversité des personnes qui s'y engagent, peut être considérée comme nouvelle. Ceci étant dit, les anciens principes qui ont jusqu'à présent guidé notre action, et qui nous ont conduit à rassembler en une vingtaine d'années, à partir de deux petites formations (l'ERA 713 et l'ER 52), le plus important potentiel de recherche en histoire médiévale existant sur la place de Paris, à contribuer à la fondation et au développement de grands programmes internationaux (Origins of the Modern State à la Fondation Européenne de la Science, Progetto Carta de l'Istituto Centrale per la Patologia del Libro etc...), et à participer à la fondation et à la vie de plusieurs revues (Histoire & Mesure, Mémoire vive, Gazette du Livre Médiéval, Le Médiéviste et l'Ordinateur), ces principes donc, dont nous avons pu mesurer l'efficacité dans le contexte actuel des structures de la recherche française, sont réaffirmés dans la perspective des quatre années d'action qui s'ouvre devant nous. Et tout d'abord le primat donné à la recherche, une recherche innovante qui nourrit directement la formation et l'enseignement avec lesquels elle est indissolublement liée, et qui s'ouvre largement sur les relations avec d'autres partenaires, tant en France qu'à l'étranger. Notre laboratoire est issu de deux traditions : une tradition universitaire celle de Paris I, illustrée par les grands noms de Robert Fossier, Bernard Guenée, Edouard Perroy et Pierre Toubert, tradition qu'une génération nouvelle de professeurs garde toujours vivante ; et celle des deux formations CNRS qui se sont regroupées pour former l'UMR 9963. Ces deux traditions sont différentes, et si nous entendons les marier aujourd'hui, c'est en ayant pleine conscience de leur altérité, et en recherchant leur enrichissement réciproque. La recherche CNRS est non seulement une recherche sur programme, qui a une forte dimension collective, elle est aussi dans nos équipes (et de ce point de vue, l'équipe d'histoire et d'archéologie des mines et de la métallurgie est assez proche de celles-ci) plutôt ce que l'on pourrait appeler une recherche « orientée objet », comme le disent les informaticiens " ce qui, pour des historiens, veut dire « orientée source ». La recherche de l'approche optimale de la source quelle qu'elle soit (les textes historiques ou politiques, les lettres de rémission, le livre, l'image, la mine, le paysage etc...), le travail de structuration (bases de données) et de mise à jour (édition) de ces sources, la mise au point des méthodes optimales de traitement (prosopographie, lexicologie et statistiques lexicales informatisées, codicologie quantitative) a fait l'essentiel du labeur quotidien des formations CNRS ou de type CNRS. Les équipes universitaires sont, par nature, plutôt structurées par des problématiques engendrées par les recherches individuelles de leurs animateurs et créateurs, relayées, poursuivies, transformées par celles de leurs élèves, auxquels les contraintes de la thèse imposent un travail individuel, même s'il peut se greffer sur des entreprises, ou mieux encore, bénéficier d'une pratique collective. En forçant un peu ce contraste, on aurait ainsi d'un côté, un travail constant de la méthode et du corpus, de l'autre une permanente remise en question des problématiques. Pourtant, cette opposition entre recherche « CNRS » et recherche universitaire trouve aujourd'hui ses limites : de plus en plus, les grands séminaires universitaires ont tendu à organiser un travail collectif, notamment à Paris I, dans une perspective pluridisciplinaire (archéologie et histoire, anthropologie et histoire, droit et histoire, langue et histoire etc...) dans une double visée d'approfondissement épistémologique du métier d'historien et de mise à jour des méthodes de travail, tandis que les équipes CNRS s'imprégnaient de problématiques variées ou en généraient de nouvelles. De ce fait les convergences dans la pratique de la recherche sont devenues si nombreuses que l'union que nous envisageons aujourd'hui est ressentie par tous comme parfaitement naturelle. Trois préoccupations fondamentales sont en effet partagées par tous et garantissent, de fait, la rigueur scientifique et la volonté d'innovation de la nouvelle formation : le souci de la méthode, celui de la source, celui enfin du travail collectif. Le souci de la méthode L'informatique Le souci de la sourceNous y avons insisté d'emblée, la liaison entre le CNRS et l'Université est une extraordinaire opportunité pour mettre au premier plan de nos préoccupations la source, que la recherche universitaire néglige trop souvent, faute de temps ou d'infrastructure suffisamment stable. Notre souci de la source s'exerce primordialement dans deux directions, sa constitution, sa structuration et sa publication.La constitution de la sourceLe souci du travail collectif Des programmes collectifsL'une des spécificités de toutes les composantes de la nouvelle équipe est en effet la volonté constante de communiquer nos méthodes et notre savoir aux jeunes générations de chercheurs. Un éventail très ouvert de séminaires s'adresse aux étudiants, et ce à tous les niveaux : maîtrise, DEA., doctorats, sans compter les séminaires de recherches ouverts s'adressant d'une façon générale à tout le public des chercheurs. A cette multiplicité des niveaux d'intervention, correspond une multiplicité des thèmes et des sujets abordés, et l'on retrouve là les principes généraux de notre action : Ajoutons que ces formations à la recherche s'articulent étroitement, dès le premier cycle, avec l'enseignement dispensé à l'Université, et notamment à Paris I (mais aussi dans d'autres universités parisiennes comme Paris XII), puisque nombreux sont les membres de l'équipe (il ne s'agit pas seulement ici des enseignants-chercheurs) qui vouent une part considérable de leur activité à l'enseignement sous toutes ces formes : diffuser les résultats de la recherche, et d'abord par l'enseignement, est l'une des préoccupations majeures de notre formation, comme on s'en rendra aisément compte à la lecture de ce rapport. On trouvera un tableau précis et détaillé des formations et séminaires dispensés au sein de l'UMR de ce rapport. Tout naturellement, ces séminaires et ces séances de travail collectives trouvent leur prolongement dans les nombreux ateliers, tables rondes et colloques que nous nous efforçons d'organiser, à la fois pour poursuivre par ce moyen notre mission de formation, mais aussi pour faciliter la discussion et la circulation de l'information au sein de la communauté scientifique à laquelle nous appartenons. Mais nous en arrivons là à notre rôle de coordination et de relais. Jouer un rôle décisif de coordination et de relais de la recherche internationaleL'importance des séminaires, ateliers, tables rondes et colloques de tous niveaux dans le fonctionnement de la formation est en effet l'un des atouts sur lesquels nous comptons pour permettre à la nouvelle équipe de jouer un rôle de coordination et de relais de la recherche nationale et internationale, du moins dans les domaines où ses membres se sont spécialisés. De la même façon, le rôle que plusieurs membres de la formation jouent dans le domaine des publications en siégeant au comité de rédaction de plusieurs revues importantes, y compris des revues étrangères, ou en dirigeant des collections chez des éditeurs de premier plan, sans parler des liens étroits que nous avons forgés avec les Publications de la Sorbonne favorise la capacité de l'équipe à diffuser les résultats de la recherche; Mais ce n'est pas le seul. Il y a d'abord la structure même de la formation : une dizaine de thèmes de recherches clairement déterminés, au sein desquels sont identifiés plus d'une trentaine d'opérations, elles-mêmes ramifiées en plusieurs programmes distincts, une telle organisation a permis de nouer des contacts fructueux et réguliers avec un grand nombre de chercheurs et d'enseignants-chercheurs. En un sens, l'organigramme de l'équipe, même s'il comporte déjà beaucoup de noms, rend mal compte à lui seul de la richesse de la vie scientifique de la formation : pour mesurer celle-ci, il convient plutôt de se tourner vers la liste-index des participants à nos travaux. On y lit la collaboration et l'implication régulière de tous les chercheurs français qui s'intéressent aux thèmes que nous traitons, avec l'existence de véritables réseaux, par exemple pour l'histoire des mines, de la métallurgie et des carrières, ou encore pour les recherches sur le monde méditerranéen. Certes, ces réseaux en recoupent d'autres : mais nous entretenons les meilleures relations avec d'autres laboratoires, tels que l'IRHT, ou l'UMR de Lyon, et avec les institutions françaises à l'étranger (Ecole française de Rome, Mission historique française à Göttingen, Casa de Velasquez à Madrid) dont plusieurs d'entre nous sont d'anciens membres. Les contacts sont également étroits avec d'autres institutions dépendant du Ministère de la Culture, telles que les Archives Nationales, les bibliothèques, les musées et les services archéologiques régionaux (par exemple la DRAC de Poitou-Charentes pour le chantier de Melle). Pour le Jal, nous avons d'ailleurs passé une convention avec le Ministère de la Marine. Enfin, l'arrivée du GDR Anthroponymie médiévale obligera très probablement à passer une convention avec l'Université de Tours. Ces collaborations, en France et à l'étranger, ont parfois été institutionnalisées, comme avec l'Université de Cassino, l'Université de Turin, l'Université de Gand et l'Université de Montréal (Serge Lusignan). L'équipe a joué et continue à jouer, par l'intermédiaire de ses membres, un rôle important dans plusieurs grands projets internationaux, comme Origins of the Modern State de la Fondation Européenne de la Science et le Progetto Carta de l'Istituto Centrale per la Patologia del Libro à Rome déjà cités, mais aussi le programme France-Portugal L'homme et l'eau et le projet « Campus » sur l'histoire du fer au Burkina Faso. Avec l'Université de Bielefeld et Neithard Bulst, avec l'Institute of Historical Research de Londres, nous avons aussi des contacts très réguliers. On trouvera dans le rapport la liste détaillée de ces coopérations suivies, tant avec des équipes françaises qu'avec des équipes étrangères. Mais le plus souvent, et faute chez nous de moyens administratifs adéquats, nous en sommes restés à des collaborations individuelles et relativement informelles. Celles-ci sont extrêmement nombreuses, et il est impossible de les résumer ici. L'équipe accueille traditionnellement de nombreux chercheurs étrangers : chercheurs confirmés, venus sur des postes rouges du CNRS (Steven Livesey, de l'Université d'Oklahoma, et Aryeh Graboïs, de l'Université de Haïfa) ou en tant que professeur associé à Paris I (Michael Gervers), et plus encore, des jeunes chercheurs étrangers auxquels nos fichiers et l'accès à nos locaux et à nos équipements sont largement ouverts, surtout rue Malher et à Villejuif. Plusieurs projets, cependant, vont dans le sens d'une institutionnalisation prochaine de plusieurs de nos relations internationales : participation à un projet de scientific network de la Fondation Européenne de la Science (pour les répertoires prosopographiques des étudiants et des maîtres des universités médiévales), un projet de « GDR Angleterre » préparé avec le concours d'Hinerk Bruhns et qu'il va falloir remettre en chantier avec la nouvelle structure mise en place à la Direction des Sciences de l'Homme et de la société au CNRS, un projet bilatéral «Alliance » CNRS-British Academy avec des collègues anglais, un projet « Picasso » avec des collègues espagnols. Il y en a, il y en aura d'autres . C. Ducourtieux
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