Informatique
et Médiévistique
Jean-Philippe Genet
L'informatique
est, depuis l'origine, au ceur des préoccupations méthodologiques
des membres du LAMOP : parmi eux figurent en effet ceux qui ont fondé
avec Lucie Fossier et Caroline Bourlet le Médiéviste et
l'Ordinateur, et en 1986, l'International Association for History
and Computing. L'informatique est présente, à des degrés
divers, dans les différents programmes qui sont présentés
dans les dix premiers axes. Cependant, il m'apparaît justifié
d'en faire l'un des axes programmatiques de la recherche du laboratoire
dans la mesure où nous ne nous contentons pas de l'utiliser comme
un outil et que nous essayons, dans ce domaine aussi, de réaliser
des avancées nouvelles tant dans le domaine de la recherche proprement
dite (bases de données prosopographiques, MEDITEXT), dans celui
de la communication scientifique (participation à MENESTREL, conception
et réalisation du site de l'équipe), et enfin dans celui
de la pédagogie (SORBO, enseignement à distance etc.).
L'activité
pédagogique, qui est dans ce domaine liée de façon
particulièrement intime à la recherche (contenus de l'enseignement,
enseignement à distance entièrement à construire)
s'est considérablement développée au cours des quatre
années écoulées. Tous les étudiants d'histoire
de Paris I peuvent désormais bénéficier d'une formation
élémentaire à l'informatique : dans le cas précis
des étudiants médiévistes, ils bénéficient
d'une formation aux principales familles des logiciels de recherche (bases
de données, traitement lexical sous Hyperbase, et traitements statistiques
jusqu'à l'analyse factorielle), et ce qui était jusqu'ici
un privilège est maintenant en train de s'étendre aux étudiants
des autres périodes. Cet enseignement est né et s'est développé
à partir de notre formation : pour qu'il puisse garder son lien
avec la recherche, il nous a paru opportun de structurer le petit groupe
des enseignants responsables et de rattacher, au moins pour le moment,
cette structure à notre équipe.
Le
LAMOP et l'internet
Le laboratoire s'investit
considérablement sur internet, et ce dans deux directions principales,
la participation à Ménestrel, et la réalisation d'un
site qui a d'emblée été conçu comme un site
de recherche.
Ménestrel
(Christine Ducourtieux, Aude Mairey, Pierre Portet, Monique
Goullet)
Ménestrel : MÉdiévistes
sur l'InterNet / Sources, Travaux, Références En Ligne est
un réseau de médiévistes et de professionnels de la
documentation, réunis au-delà des frontières institutionnelles,
par la volonté d'offrir gratuitement un véritable outil de
travail aux chercheurs, aux étudiants. Leur première réalisation
est le Répertoire
de ressources et outils documentaires sur Internet pour les médiévistes
qui propose un choix raisonné et critique de sites pour les études
médiévales Ce répertoire ne cesse de s'enrichir
et à beaucoup contribué à faire de Ménestrel
le site
« portail »
de l'histoire médiévale en France.
Le LAMOP est signataire
de la Charte Ménestrel.
Actuellement,
Christine Ducourtieux est cowebmestre de Ménestrel et rédactrice
de plusieurs pages du répertoire, Monique Goullet, Aude Mairey et
Pierre Portet sont rédacteurs, respectivement des pages :
«Latin», «Moyen- anglais» et «Histoire
des sciences et techniques». Jean-Patrice Boudet, Helène Millet
et Jean-Philippe Genet ont le dessein, à moyen terme, de devenir
des ménestrels actifs ; de façon générale,
les membres du LAMOP sont vivement incités à participer au
réseau.
Les projets de Ménestrel
sont multiples et le répertoire a été une première
réalisation importante, mais cartographier l'existant est indispensable,
créer l'est également. Les ménestrels s'interrogent
sur la nature des productions que le site pourrait accueillir : une liste
des thèses françaises en histoire religieuse est déjà
en ligne, un guide des CD-ROM... Toutefois, il semble raisonnable que la
décision et la production de ressources appartiennent également
à chaque institution. Ainsi le LAMOP sur son site Internet veut
expérimenter ce nouveau support de production scientifique. Car
à l'image du Médiéviste l'ordinateur qui a
su au fil des ans entretenir une relation dynamique entre histoire et informatique
(L'informatique et le médiéviste : l'apport cognitif,
numéro prévu pour l'automne 2001), Ménestrel et le
LAMOP entendent bien entretenir une relation tonique et vivante avec ce
nouvel avatar, né des systèmes techniques dérivés
de l'informatique ou articulés autour de l'outil informatique, à
savoir : Internet.
Un
site internet pour la recherche médiévale
Le site tel qu'il est ne
donne encore qu'une faible idée de ce qu'il entend être. L'internet
nous est d'abord apparu comme un moyen d'affirmer notre identité,
encore fragile en 1997 puisque nous venions à peine de nous rassembler
au sein d'une seule et même formation, venant tous d'horizons variés.
Dès que Christine Ducourtieux nous a rejoint, nous avons voulu aller
vite et, pour éviter de ne faire comme la plupart qu'un site de
type "tourisme" ou "pages jaunes", nous sommes tout simplement partis du
dossier préparé pour la signature du contrat quadriennal
entre Paris I et le CNRS qui a presque intégralement été
mis en ligne. Le site a fait peau neuve et le nouveau rapport quadreinnal
a une nouvelle fois servi de point d'ancrage, notamment pour la présentation
des axes de recherche, mais ces textes programmatiques ont pour objet d'éclairer
les objectifs scientifiques de l'équipe et doivent au fil du temps
permettre "l'accrochage" d'initiatives tant au sein des axes que du laboratoire.
La rubrique "Actualités" a pour fonction d'éclairer nos visiteurs
sur l'avancement de nos travaux et le "Mode d'emploi du site" de permettre
à ceux-ci de se répéerr mais peut-être plus
encore à nous permettre d'évoluer. Nous avons tout à
fait conscience de disposerr avec Internet d'un nouvel support d'écriture
et de lecture et nous sommes également tout à fait conscient
de découviri et d'expérimenter cette nouvelle "grammaire".
Les réactions des nos visiteurs nous aideront à perfectionner
notre site.La rubrique baptisée un peu pompeusement "Créations"
répertorie les initiatives ou projets (base de sonnée en
ligne, pré-publications, etc.) qui matérialisent notre volonté
de faire de l'Internet un réel support scientifique, un outil intégré
à nos méthodologies.
Tel qu'il est maintenant
conçu, le site est pourvu d'une architecture qui repose sur
quatre grands piliers, qui ne sont encore pour le moment que très
inégalement ébauchés : des renseignements factuels,
une description des programmes de la formation, régulièrement
mise à jour, des informations scientifiques, bases de données
ou prépublications, et enfin les pages personnelles des membres
de la formation.
Les
bases de données
La prosopographie et ses
à-côtés
les
bases HP et OPUS
Ce sont à l'origine
deux bases sous format DBF (exploitables sous DBase ou sous Access), à
travers lesquelles est désormais permis l'accès direct au
dictionnaire des auteurs anglais actifs dans le domaine de l'histoire et
du politique (voir p.00). Ce dictionnaire contient des notices détaillées
pour 2202 auteurs et 13174 euvres et il y a donc deux bases de données,
l'une pour les auteurs, HP, l'autre pour les euvres, OPUS. Seules les euvres
des auteurs non retenus dans la base et dont la notice est néanmoins
consultable ne sont pas pour le moment mis en ligne. Le texte du dictionnaire
peut être lu de façon séquentielle, mais cela n'est
guère attrayant sur internet aussi avons-nous privilégié
la recherche. L'interrogation peut partir d'un nom, si l'on connaît
le nom d'un auteur (une liste alphabétique des auteurs avec, ou
elle peut partir d'une euvre, si l'on connaît le titre d'une euvre.
Mais plus généralement, elle permet l'interrogation à
partir de critères qui correspondent aux variables des deux bases
de données, variables dont la liste est également consultable
: par exemple, on peut définir une plage chronologique, puis rechercher
les auteurs historiens qui sont aussi actifs dans le champ de la médecine,
nés dans le Yorkshire et ont étudié à Oxford.
On obtient une liste de noms d'auteurs, dont on peut alors directement
consulter les notices dans le dictionnaire. La même opération
peut être faite pour les euvre : on peut ainsi rechercher toutes
les pièces de théâtre qui concernent l'histoire d'une
période passée de l'histoire de l'Angleterre, ou celles écrites
en latin qui traitent de l'histoire sainte.
Sur le plan informatique,
la solution proposée et mise en euvre par Jean-Claude Bergès
a été d'utiliser le logiciel de base de données MySQL
et le langage de commande PHP3 pour l'interrogation des données
qui lui ont été transmises, après que Christine Ducourtieux
ait effectuée leur mise sous format HTML. La
première version qui tourne encore en février 2001, sera
remplacée dès que possible par la nouvelle version qui présente
deux différences majeures : les informations sur lesquelles se font
les tris ne sont plus codées, mais apparaissent en clair, ce qui
permet de se dispenser des menus déroulants qui alourdissaient l'interrogation
dans la formule précédente ; surtout, les 13174 euvres ont
été numérotées individuellement, ce qui permet
leur adressage direct : c'est ce qui permet désormais de travailler
sur les euvres aussi bien que sur les auteurs.
Sur le plan des structures,
nous n'envisageons pas, hormis l'amélioration de l'interface utilisateur,
de nouvelles modifications, si ce n'est de permettre la recherche directe
sur le texte même du dictionnaire, par exemple, chercher le mot "Gascogne"
ou le mot "hérésie" dans l'ensemble du dictionnaire. Les
développements sont à attendre du côté des liens
: tout d'abord, les liens avec MEDITEXT permettront l'accès aux
textes qui figurent dans cette base et non dans le dictionnaire (où
ne figurent, à deux ou trois exceptions près, que les sermons
et discours parlementaires). Sur le plan technique, ce sera fait par une
variable supplémentaire de la base OPUS, qui contiendra l'adresse
précise du texte. Dans un avenir plus lointain, des liens seront
avec les bases en cours de réalisation sur les propriétaires
de manuscrit et sur les manuscrits et leur description.
la
base Paris
Le travail sur cette base,
interrompu depuis 1997, a repris cette année, à l'occasion
d'une recherche ponctuelle sur les universitaires originaires des Pays-Bas,
et dans la cadre du travail pédagogique de formation aux bases de
données entrepris dans le cadre de l'UV de licence Histoire et Informatique
(voir infra) : j'ai réalisé une base type DBase à
partir des dictionnaires de Mgr. Glorieux et des tomes I-III du Cartularium
Universitatis Parisiensis et des tomes I-III de l'Auctarium, tandis que
les étudiants ont réalisé le même travail, mais
plus poussé, sur les tomes IV-VI de l'Auctarium, sous la conduite
d'Emmanuel Bonin, Alain Dallo et Giulio Romero. L'objectif est ensuite,
avec les mêmes logiciels que ceux utilisés pour HP, de relier
cette base au texte du dictionnaire prosopographique. La réalisation
dépendra cependant avant tout de l'avancement du travail sur ce
dictionnaire, très ralenti pour le moment.
MEDITEXT
L'enregistrement des textes
a commencé dès les débuts de notre formation, d'abord
sur cartes perforées, puis maintenant sur micro-ordinateur. Cela
a pendant une longue période été le premier investissement
de notre formation, mais aujourd'hui, la plupart des textes qui sont enregistrés
le sont soit par nous-mêmes, soit par des étudiants dans le
cadre de DEA ou de maîtrises, ce qui permet d'élargir le corpus
des textes dont nous disposons sans dépenser nos crédits
de recherche. En contrepartie, il nous est impossible de les communiquer
tant qu'ils font l'objet d'un travail de maîtrise, de DEA ou de doctorat.
Encore faudrait-il que
nous ayons les moyens de les nettoyer par des relectures et des corrections
attentives, de les organiser en corpus, et de les mettre en ligne sur le
réseau. Ce travail est en effet très lourd : par exemple,
les textes qui ont été saisis sur cartes perforées
comportent encore un adressage à chaque ligne, qui est évidemment
un obstacle infranchissable pour les logiciels plus modernes comme PISTE
ou comme HYPERBASE qui traitent ces codes comme s'ils étaient des
mots du texte. Nous avions essayé de rationaliser la conservation
de ces textes en créant, en coopération avec Lucie Fossier
de l'IRHT et René Pellen du CESCM, un centre de conservation et
de distribution des textes enregistrés sous format numérique.
C'est pour ce projet que le nom de MEDITEXT avait été forgé.
Celui-ci n'ayant pu aboutir, faute de moyens, nous nous efforçons
donc de tenir à jour du mieux que nous pouvons le catalogue des
textes enregistrés et de maintenir ces textes « vivants »,
ce qui est déjà en soi un assez lourd travail. Mais pour
gérer cet ensemble comme une banque et distribuer régulièrement
les textes, comme cela serait souhaitable, nos moyens sont dérisoires
et il faudrait au moins, dans un premier temps, que nous disposions de
crédits de vacation.
On trouvera le catalogue
du contenu de MEDITEXT en annexe. Il faut ici être bien clair sur
nos objectifs : les textes ne sont pas "édités", ce ne sont
pas des copies pures et simples de textes imprimés, qu'ils soient
disponibles ou pas. Ce sont des textes de travail, destinés principalement
à la statistique lexicale : la ponctuation et la typographie ont
été modifiés pour permettre le traitement sous Hyperbase,
parfois même ces modifications ont été étendues
à l'orthographe. L'appareil critique a été entièrement
supprimé, les découpages modifiés. Ces textes ne peuvent
évidemment être ni reproduits, ni même cités
à partir de notre site : ils doivent toujours l'être à
partir des éditions originelles, sauf quand bien sûr il s'agit
de textes inédits. Ils sont donc avant tout destinés à
permettre des comptages et des recherches de contexte.
Le
développement de CD-ROM et les revues en ligne
L'intérêt de
l'équipe pour le CD ROM a conduit Jean-Philippe Genet et Giulio
Romero à organiser en novembre 1996 dans le cadre de l'Association
Française pour l'Histoire et Informatique un colloque qui a été
publié en 1997 sous le titre d'Histoire et Informatique III. Le
développement du CD ROM Méditerranée dans le cadre
du projet SOCRATES avec l'Université de Pérouse a occupé
une partie de notre temps, mais la grande nouveauté est aujourd'hui
le projet de réaliser des "CD-Rom-Livres" proposé au Conseil
de Laboratoire par Matteo Roccati : nous avons certes hésité
devant les difficultés administratives prévisibles, mais
nous avons finalement décidé de nous lancer dans ce projet.
Metrica
et la Josephina (Matteo ROCCATI)
Le programme METRICA (cf.
Rapport 1997) permet de scander des hexamètres en utilisant les
textes édités disponibles et, à partir des vers scandés,
de constituer deux bases de données : l'une, métrique, comportant
les différentes formes de réalisation d'un vers, l'autre
prosodique, comportant l'index des termes du texte avec l'indication de
la scansion. Les bases de données ainsi constituées permettent
de vérifier aisément les habitudes d'un auteur et les normes
qu'il suit, données intéressantes pour déterminer
les manuels utilisés, les auteurs de référence, les
influences culturelles, etc. et, par conséquent, l'évolution
des milieux culturels. Pour les auteurs de l'époque, en effet, la
poésie latine est un domaine prestigieux, où la connaissance
directe des auteurs classiques a une grande importance, d'où la
valeur d'indicateur que la prosodie et la métrique représentent
pour nous.
Afin de rendre exploitables
dans les meilleures conditions possibles les bases de données, leur
publication sur cédérom a été prévue.
Chaque cédérom est conçu comme un ouvrage pour fournir
toute garantie de fiabilité critique : l'introduction présente
les euvres et la tradition, ainsi que les critères adoptés
dans l'établissement du texte ; suivent : le texte critique, si
celui-ci n'a pas été publié ailleurs, le texte avec
l'indication complète de la scansion, l'index des termes avec l'indication
de la quantité prosodique et le renvoi à toutes les occurrences,
la liste des différentes réalisations de l'hexamètre
avec l'indication des vers où elles apparaissent.
Ces données sont
en format PDF, donc imprimables si l'on souhaite en disposer sous forme
de volume, mais, grâce à leur format, elles sont exploitables
directement à l'écran : en naviguant dans le texte de l'ouvrage,
par quelques mouvements de souris, il est possible de repérer les
scansions, les contextes, la récurrence des formes, etc. à
partir d'un terme, une scansion, un vers, etc. Les données étant
« exportables », il est également possible de constituer des dossiers
en fonction de ses propres exigences. En outre, pour permettre à
l'utilisateur tout traitement direct, est fourni dans le cédérom
le texte (utilisé pour la scansion) en format ASCII, sans coupures
ni caractères hétérogènes, et deux bases de
données en format EXCEL, l'une contenant les entrées de l'index
prosodique, l'autre contenant la table des formes métriques.
Le premier cédérom,
consacré à la Josephina de Jean Gerson, est prêt
à être commercialisé, un deuxième cédérom
contenant les textes de Laurent de Premierfait et Robert Blondel est en
préparation.
Sont envisagés d'une
part l'enrichissement progressif des bases par la scansion et la mémorisation
de nouveaux textes, d'autre part l'adaptation du programme pour l'extension
du traitement à d'autres vers que l'hexamètre (en premier
lieu le distique élégiaque).
Le
CD-ROM et les bases de données de type PROSOP (J.-Ph. GENET)
Une première tentative
de mise sur CD-ROM des données stockées en format SDF en
vue des traitements sous PROSOP, menée par un groupe d'étudiants
de l'IUT d'informatique de Vélizy, dépendant de l'Université
de Saint-Quentin en Yvelines, n'ayant pu être menée à
son terme, nous envisageons, dans la lignée du projet de Matteo
Roccati, de préparer des CD-ROM contenant les bases PARIS et HP
en format PDF, non pour une exploitation de type base de données,
mais pour la lecture ou l'impression individuelle.
Le
CD-ROM de Pampailly (Paul BENOÎT)
Le CD-ROM sur la mine de
Pampailly, qui doit permettre la diffusion des connaissances recueillies
au cours de 15 ans de recherches est prêt mais nous nous heurtons
pour le moment à des problèmes de diffusion.
Des
revues en ligne (Giulio ROMERO et Paul BENOÎT)
Giulio Romero a commencé
à mettre en ligne les numéros déjà édités
de Mémoire vive, la revue de la branche française
de l'Association Histoire et Informatique, tandis que Paul Benoît
travaille à un projet de revue en ligne dans le domaine de l'archéologie
médiévale.
Recherche
et enseignement : le PIRH (pôle informatique de recherche historique)
L'établissement de
liens étroits entre enseignement et recherche est l'une des caractéristiques
du LAMOP mais ce n'est nulle part plus vrai que dans le cas de l'informatique.
Les choix méthodologiques de la formation se sont très vite
traduits au niveau de la pratique pédagogique, et ceci dans un cadre
qui a rapidement dépassé celui de la médiévistique
: c'est ainsi tout un cursus d'histoire et d'informatique qui s'est développé
à Paris I, assorti d'une action de recherche pédagogique
à l'Université (SORBO) et au plan international (projet SOCRATES
avec Pérouse). L'équipe qui assure le développement
de ces activités est constituée par les trois enseignants
d'informatique pour les historiens, Emmanuel Bonin, Alain Dallo et Giulio
Romero (à titre de conseillers scientifiques) ainsi que, pour l'Internet,
Christine Ducourtieux, avec un groupe de doctorants et d'étudiants
de haut niveau, parmi lesquels Jean-Nicolas Rondeau, par ailleurs responsable
du site internet du GDR Gerson, et Cécile Alari. C'est à
Giulio Romero, que revient l'idée de constituer le PIRH : c'est
pour qu'il reste intimement lié à la recherche, condition
sine qua non de son développement, que j'ai tenu à ce qu'il
soit, pour le moment du moins, agrégé au LAMOP, dont son
projet est issu.
La
création d'un cursus d'informatique pour les historiens
La formation à l'informatique
pour les historiens m'est apparue très tôt comme une nécessité
et c'est depuis 1975 qu'existe à Paris I une UV de licence d'histoire
et d'informatique. A partir de cette UV a pu se développer un cursus
complet, ce qui a justifié le recrutement des enseignants qui se
regroupent donc aujourd'hui au sein du PIRH. L'enseignement est assuré
par Jean-Philippe Genet et par les trois PRAG membres du PIREH, Giulio
Romero, Alain Dallo et Emmanuel Bonin, ainsi que par un nombre variable
d'intervenants extérieurs pour l'UV de première année
de DEUG (6 pour l'année 2000-2001). Une UV d'informatique pour les
historiens est désormais obligatoire en première année
de premier cycle, à raison d'une heure de TD par semaine tout au
long des deux semestres. Depuis octobre 2000, une UV optionnelle de deuxième
année existe, l'étudiant pouvant choisir de se spécialiser
en statistique ou en documentation. Le premier cycle permet l'acquisition
des savoirs informatiques de base ; c'est une sorte d'alphabétisation,
qui permet aux étudiants de faire connaissance avec les logiciels
de base mais leur permet aussi de découvrir ce qu'est une base de
données (notions de fichier et de métasource).
En second cycle,
l'UV de licence qui est à l'origine de tout existe toujours : elle
est optionnelle, mais une fois choisie, elle fait partie des matières
fondamentales, au même titre que les grandes périodes historiques,
avec un cours d'une heure et un TD de deux heures par semaine. Comptant
6 TD et 91 étudiants inscrits en 2000-2001, l'informatique est l'UV
de science auxiliaire la plus prisée. les deux domaines essentiels
qu'elle recouvre sont d'une part la création et la gestion des bases
de données (logiciel ACCESS), et d'autre part la lexicologie historique
(logiciel HYPERBASE). Pour les deux domaines, une formation aux statistiques
historiques - chi deux, corrélation et régression, et surtout
analyse factorielle des correspondances) est assurée (logiciels
EXCEL et TRIDEUX). Une pédagogie particulière a été
développée pour cette UV : l'enseignement magistral est réduit
au maximum, et les travaux dirigés visent à mettre l'étudiant
en position de chercheur responsable de ses choix et de sa stratégie.
C'est véritablement "un enseignement par la recherche", l'étudiant
passant près de la moitié de son temps à construire
une base de données (données éventuellement textuelles,
s'il choisit de travailler sur un corpus de textes), tout en participant
à un travail collectif de saisie et de mise en forme sur l'une des
bases de données de l'équipe (en l'occurrence la base PARIS).
En troisième cycle
(maîtrise, DEA et doctorat), des séminaires spécifiques
à chaque périodes sont proposés pour aider le jeune
apprenti chercheur à intégrer l'informatique à son
travail. Des séances hebdomadaires ou bi-mensuelles de deux heures
sont complétées par plusieurs journées complètes
de formation dans l'année. Emmanuel Bonin assure la formation pour
l'histoire ancienne, Jean-Philippe Genet pour la médiévale,
Giulio Romero pour l'histoire moderne, et Alain Dallo pour l'histoire contemporaine.
Christine Ducourtieux assure pour sa part une initiation à la recherche
documentaire sur Internet pour les quatre périodes, et plus particulièrement
des journées de conférence et de formation, comme par exemple
celle organisée en novembre 2000 sur la cartographie historique.
L'enseignement est fait sous la forme de séminaires, de stages d'initiation
aux logiciels, et d'assistance sur mesure, notamment pour les doctorants.
Au terme de ce parcours,
l'étudiant s'est non seulement familiarisé avec l'outil informatique,
mais a aussi approfondi ses connaissances et sa pratique dans le domaine
parfois pointu des bases de données informatisées, l'analyse
des données, la lexicométrie, la recherche documentaire,
notamment sur internet, ou encore l'utilisation de l'image et la maîtrise
des CD-ROM.
L'enseignement
de l'histoire à distance
- projet SOCRATES
avec Pérouse (J.-Ph. GENET et G. ROMERO)
Nous nous sommes engagés
dans un projet de recherche de didactique de l'histoire dans le cadre du
programme européen SOCRATES depuis 1995 avec la Faculté de
didactique de l'Université de Pérouse (professeur Maria Cristina
Giuntella). Des collègues d'autres universités (notamment
Luigi Caiani de l'Université de Rome et Armando Brusa, de l'Université
de Bari) participent également à ce projet. Pour notre part,
nous avons en collaboration avec deux collègues de l'UFR de Didactique
de Paris VII, Marie-Christine Backès et Isabelle Gonon, construit
un CD-ROM expérimental pour la question d'histoire médiévale
du nouveau programme de seconde, la Méditerranée au XIIe
siècle. Ce CD-ROM a fait l'objet d'une présentation à
Pérouse en 1999. Sous le contrôle de Giulio Romero, Cécile
Alari a également réalisé un précieux recensement
des formations informatiques pour les enseignants du secondaire, travail
qui a été présenté par Giulio Romero et Emmanuel
Bonin à Pérouse en septembre 2000. Nous avons l'intention
de poursuivre ce programme, notamment en développant le problème
de l'exploitation à distance des bases de données historiques,
qui est l'un des éléments du projet SORBO.
- projet SORBO (Emmanuel
BONIN, Alain DALLO, J.-Ph. GENET, Giulio ROMERO)
SORBO est un projet qui
est né dans le cadre de l'UV de licence Histoire et Informatique
et qui a d'abord été développé par Andrea Damini,
aujourd'hui ingénieur informatique auprès de la Commission
Européenne. L'idée de départ est de fournir un matériel
pédagogique prêt à l'explotitation informatique pour
les enseignants.. Dans un premier, temps, ce système permet d'interroger
à distance des bases de données rédigées soit
sous DBase ou Access, soit sous PISTES (logiciel développé
par le CNDP et l'INRP). Seule la fonction DBase a, pour le moment, été
réalisée par Andrea Damini. Il s'agit d'interroger à
distance (consultation des données ; sélection et recodage
des données ; réalisation d'une analyse factorielle par un
module logiciel dérivé du TRIDEUX de Philippe Cibois qui
a eu la gentillesse de nous communiquer son programme source) des bases
réalisées par des chercheurs, en l'occurrence par des étudiants.
Nous conservons ainsi, documentées par leurs auteurs, les bases
constituées par tous les étudiants de maîtrise (même
si elles sont constituées avec un autre logiciel que DBase, comme
4D, Filemaker, etc...) et les différents corpus lexicaux, avec l'espoir
que SORBO continuera à être développé : il y
a là une véritable mine pour l'enseignement secondaire. Il
convient cependant de remarquer que tout ce travail d'archivage et de gestion
administrative de bases de données est fait de façon très
acrobatique, et il faudrait que nous puissions bénéficier
d'une aide pour la mise en ligne des centaines de bases dont nous disposons.
Personne n'ayant vraiment beaucoup de temps à consacrer à
ce travail. Nous souhaiterions ici bénéficier d'une aide
spécifique du Ministère de l'Education Nationale, peut-être
dans le cadre de la formation des enseignants du secondaire aux nouvelles
technologies. |