LAMOP

Présentation du Rapport du projet scientifique 
pour le contrat quadriennal 1998-2001
Mai 1997


Déclaration de politique scientifique et commentaire du bilan 1994-1997 
Innovation et d'animation de la recherche: les méthodes; la source le travail collectif
Jouer un rôle décisif de formation et de formation et à la recherche
Jouer un rôle décisif de coordination et de relais de la recherche internationale

Déclaration de politique scientifique et commentaire du bilan 1994-1997
L'UMR 9963 arrive à la fin de son contrat quadriennal 1994-1997 au moment où, d'une part, l'équipe des professeurs médiévistes de la Sorbonne " qui dirigeaient d'ailleurs des équipes de statuts variés " s'est profondément renouvelée, et où, de l'autre, la création par le CNRS d'une Fédération d'unités à Villejuif renforce le potentiel des chercheurs spécialistes du texte et du livre, disciplines peu ou mal représentées dans une Université comme Paris I qui ne compte pas d'UFR de lettres : il y avait là une chance historique pour créer une formation nouvelle qui élargisse de façon décisive les perspectives de l'ancienne UMR tout en permettant à l'ensemble des médiévistes de Paris I et à ceux qui ont le désir de les accompagner dans cette aventure (car, au-delà même de l'histoire, notre future équipe comprendra des historiens d'art, des littéraires, des philosophes et des archéologues) de travailler ensemble. Le rapport que vous allez lire dessine ainsi à grands traits les lignes d'un développement futur qui paraîtra sans doute ambitieux, tout en rendant compte, avec le scrupule et l'honnêteté qui conviennent, des recherches actuellement engagées, sur lesquelles nous comptons nous appuyer pour bâtir cet avenir.
Nous nous proposons donc de créer un « Laboratoire de médiévistique occidentale de Paris ». C'est donc à la fois une formation nouvelle et un regroupement d'équipes ayant chacune une longue histoire derrière elles. Un rapide historique de chacune d'entre elles permettra d'ailleurs à celui que l'archéologie du savoir peut intéresser d'effectuer une lecture à la fois historiographique et généalogique du dossier ... Mais nous entendons d'abord présenter les grandes options et les ambitions qui ont présidé à la naissance de cette formation. Qu'apporte-t-elle en effet de nouveau dans le dispositif des centres et des équipes de recherche existant dans notre domaine scientifique, en France ? Sur quels principes est-elle bâtie ? Peut-elle, et à quelles conditions, jouer un rôle décisif d'innovation et d'animation de la recherche, de formation, de coordination et de relais de la recherche internationale ? Il est clair, d'emblée, que pour la première fois à Paris, une même structure va prendre en compte et traiter avec les méthodes adéquates l'ensemble des sources médiévales, depuis le texte jusqu'aux données archéologiques; d'où le nom que nous proposons pour cette formation. Il est moins prétentieux qu'il n'y paraît : la présence à Paris I, à côte de l'UMR 9963 «Culture, Politique et Société en Europe IXe-XVIe siècles » (elle-même issue du regroupement de plusieurs équipes CNRS), d'équipes qui se sont vouées, depuis déjà longtemps, les unes à l'archéologie des mines et de l'hydraulique médiévale, les autres à l'étude des paysages et des sociétés agraires de l'espace méditerranéen, la venue de spécialistes du latin médiéval et du Haut Moyen Âge, a élargi considérablement l'éventail des champs de spécialités disponibles ; en outre, des collègues issus d'autres formations du CNRS ou appartenant aujourd'hui à d'autres universités parisiennes ou de la grande couronne (Reims, Orléans, Amiens etc...) voire à la province, après avoir fait leurs premières armes dans les équipes dont nous sommes les héritiers, ont accepté de se joindre à nous pour constituer cette formation qui, aussi bien par l'ampleur de ses visées que par le nombre et la diversité des personnes qui s'y engagent, peut être considérée comme nouvelle.
Ceci étant dit, les anciens principes qui ont jusqu'à présent guidé notre action, et qui nous ont conduit à rassembler en une vingtaine d'années, à partir de deux petites formations (l'ERA 713 et l'ER 52), le plus important potentiel de recherche en histoire médiévale existant sur la place de Paris, à contribuer à la fondation et au développement de grands programmes internationaux (Origins of the Modern State à la Fondation Européenne de la Science, Progetto Carta de l'Istituto Centrale per la Patologia del Libro etc...), et à participer à la fondation et à la vie de plusieurs revues (Histoire & Mesure, Mémoire vive, Gazette du Livre Médiéval, Le Médiéviste et l'Ordinateur), ces principes donc, dont nous avons pu mesurer l'efficacité dans le contexte actuel des structures de la recherche française, sont réaffirmés dans la perspective des quatre années d'action qui s'ouvre devant nous. Et tout d'abord le primat donné à la recherche, une recherche innovante qui nourrit directement la formation et l'enseignement avec lesquels elle est indissolublement liée, et qui s'ouvre largement sur les relations avec d'autres partenaires, tant en France qu'à l'étranger.
Jouer un rôle décisif d'innovation et d'animation de la recherche
Notre laboratoire est issu de deux traditions : une tradition universitaire celle de Paris I, illustrée par les grands noms de Robert Fossier, Bernard Guenée, Edouard Perroy et Pierre Toubert, tradition qu'une génération nouvelle de professeurs garde toujours vivante ; et celle des deux formations CNRS qui se sont regroupées pour former l'UMR 9963. Ces deux traditions sont différentes, et si nous entendons les marier aujourd'hui, c'est en ayant pleine conscience de leur altérité, et en recherchant leur enrichissement réciproque. La recherche CNRS est non seulement une recherche sur programme, qui a une forte dimension collective, elle est aussi dans nos équipes (et de ce point de vue, l'équipe d'histoire et d'archéologie des mines et de la métallurgie est assez proche de celles-ci) plutôt ce que l'on pourrait appeler une recherche 
« orientée objet »,  comme le disent les informaticiens " ce qui, pour des historiens, veut dire « orientée source ». La recherche de l'approche optimale de la source quelle qu'elle soit (les textes historiques ou politiques, les lettres de rémission, le livre, l'image, la mine, le paysage etc...), le travail de structuration (bases de données) et de mise à jour (édition) de ces sources, la mise au point des méthodes optimales de traitement (prosopographie, lexicologie et statistiques lexicales informatisées, codicologie quantitative) a fait l'essentiel du labeur quotidien des formations CNRS ou de type CNRS. Les équipes universitaires sont, par nature, plutôt structurées par des problématiques engendrées par les recherches individuelles de leurs animateurs et créateurs, relayées, poursuivies, transformées par celles de leurs élèves, auxquels les contraintes de la thèse imposent un travail individuel, même s'il peut se greffer sur des entreprises, ou mieux encore, bénéficier d'une pratique collective.
En forçant un peu ce contraste, on aurait ainsi d'un côté, un travail constant de la méthode et du corpus, de l'autre une permanente remise en question des problématiques. Pourtant, cette opposition entre recherche « CNRS » et recherche universitaire trouve aujourd'hui ses limites : de plus en plus, les grands séminaires universitaires ont tendu à organiser un travail collectif, notamment à Paris I, dans une perspective pluridisciplinaire (archéologie et histoire, anthropologie et histoire, droit et histoire, langue et histoire etc...) dans une double visée d'approfondissement épistémologique du métier d'historien et de mise à jour des méthodes de travail, tandis que les équipes CNRS s'imprégnaient de problématiques variées ou en généraient de nouvelles. De ce fait les convergences dans la pratique de la recherche sont devenues si nombreuses que l'union que nous envisageons aujourd'hui est ressentie par tous comme parfaitement naturelle. Trois préoccupations fondamentales sont en effet partagées par tous et garantissent, de fait, la rigueur scientifique et la volonté d'innovation de la nouvelle formation : le souci de la méthode, celui de la source, celui enfin du travail collectif.
Le souci de la méthode
 L'informatique
Toutes les composantes de la nouvelle formation se rejoignent sur un point, pour nous fondamental : la nécessité de créer, d'adapter, de pratiquer et de faire connaître les méthodes de traitement des données les plus modernes. Cela est d'abord vrai pour les méthodes qui assurent une meilleure compréhension de la source, en permettant de la classer et de la mesurer, et donc d'abord pour les traitements informatiques, dont l'adaptation aux sources médiévales a été, on le sait, à l'origine même de l'association du CNRS à Paris I. Le laboratoire dispose pour ce faire d'un équipement performant qu'il faudra maintenir à niveau et il est maintenant rattaché au réseau, ce qui ouvre de nouvelles perspectives. Dans de nombreux secteurs, la lexicologie, les méthodes statistiques d'analyse des données appliquées à l'histoire culturelle et à l'histoire agraire, nous utilisons les méthodes les plus performantes du moment, que nous avons apprises et enseignons à nos élèves. Dans d'autres, comme la prosopographie ou l'informatique appliquée à l'étude des rapports de parenté et à l'anthroponymie, nous fabriquons nous même des outils de recherche que nous souhaitons pouvoir mettre à la disposition de la communauté scientifique dans les délais les plus brefs.
La pluridisciplinarité
L'informatique n'est en effet pas une fin en soi : elle nous intéresse aussi et surtout pour les méthodes auxquelles elle donne accès, si bien qu'elle n'est que l'une des composantes d'une approche résolument pluridisciplinaire des sources médiévales. La nouvelle formation compte certes toujours une majorité d'historiens : mais les littéraires (latinistes ou francisants), les archéologues et les philosophes sont désormais nombreux dans nos rangs. L'étude des textes nous mène d'un côté à la philologie, de l'autre à la sémantique et à la linguistique ; l'histoire matérielle des civilisations à l'histoire des sciences et des techniques ; textes, faits et objets nous guident vers la sociologie, notamment par la constitution en faits sociaux de bon nombres de problèmes politiques et culturels, et l'anthropologie, qu'il s'agisse des problèmes d'identité, de comportement ou de dénomination. Depuis quatre ans déjà, une ouverture vers le droit, discipline trop longtemps négligée par les historiens en France, a permis d'atteindre des résultats passionnants, tandis que nous entendons profiter de notre nouvelle configuration pour apporter notre concours à une renaissance de l'histoire économique médiévale qui apparaît urgente.
Le développement de méthodologies originales Plus particulièrement, nous nous sommes attachés à développer certains types de méthodes précisément adaptées aux sources médiévales que nous voulions traiter. L'UMR 9963 était déjà au plan international réputée pour être l'une des équipes leaders dans deux domaines au moins, la codicologie et la prosopographie : le volume de nos publications comme l'ampleur de nos contacts internationaux dans ces deux domaines en témoigne. Les collègues qui nous rejoignent apportent une même expertise reconnue dans d'autres domaines dont ils sont les représentants les plus qualifiés en France : par exemple, l'anthroponymie médiévale, l'histoire des techniques minières et de la métallurgie, ou l'archéologie navale du Moyen Âge, et nous espérons que cette liste va encore s'allonger dans les quatre années qui viennent; ce sera en tous cas l'un des objectifs de notre formation.
Une approche comparative et sur le temps long
Notre approche se veut également aussi large que possible sur le double plan chronologique et spatiale, ce qui devrait nous permettre d'introduire une approche quantitative dont, dans plusieurs domaines, l'histoire de l'Etat moderne, celle de la diffusion du livre imprimé, ou celle des rituels, nous avons déjà pu mesurer toute la richesse. L'équipe compte dans ses rangs un noyau dur de spécialistes de la France et de l'Italie de la fin du Moyen Âge, bien sûr, que ce soit parmi les historiens issus de la Sorbonne ou parmi les anciens de l'équipe sur l'histoire de l'humanisme français. Mais, avec le temps, des spécialistes d'autres pays, l'Allemagne, l'Angleterre, les pays scandinaves et le monde méditerranéen dans son ensemble, ont élargi la visée de l'équipe qui a par ailleurs développé une longue liste de collaborations internationales. Nous allons encore élargir ces horizons, et les grandes enquêtes qui nous rejoignent ou que nous allons lancer, comme celles sur l'étude des structures agraires et de l'économie rurale médiévales, comme celles sur les techniques métallurgiques ou sur l'anthroponymie médiévale se présentent d'emblée comme des programmes comparatifs, comme le sont depuis leur création les programmes internationaux de recherche sur la Genèse de l'Etat moderne et sur le papier médiéval. De même, nous voulons pouvoir suivre les évolutions dans le temps long, , allant de la période carolingienne à la Renaissance, ne serait-ce que parce que les perspectives comparatistes nous amènent à travailler sur des régions, des structures économiques et politiques qui n'avancent pas aux mêmes rythmes. A l'élargissement du champ spatial correspond presque obligatoirement l'élargissement du champ chronologique. De ce point de vue, il est particulièrement heureux que nous rejoignent des spécialistes de ce haut Moyen Âge qui a longtemps fait figure de parent pauvre (du moins quant à la quantité des chercheurs qui s'y rattachaient) dans l'historiographie française.

Le souci de la source

Nous y avons insisté d'emblée, la liaison entre le CNRS et l'Université est une extraordinaire opportunité pour mettre au premier plan de nos préoccupations la source, que la recherche universitaire néglige trop souvent, faute de temps ou d'infrastructure suffisamment stable. Notre souci de la source s'exerce primordialement dans deux directions, sa constitution, sa structuration et sa publication.
 La constitution de la source
La constitution de la source s'intègre à une démarche à la fois théorique et méthodologique. C'est en même temps que l'on élabore une hypothèse de recherche et que l'on sélectionne une méthode spécifique, que l'on érige en «source » des séries de données textuelles ou archéologiques, signes ou objets, voire procédures (les rites, les crimes, les gestes) qu'il faut ensuite nommer, définir, ordonner et structurer pour qu'elles fassent sens. Le meilleur exemple en est peut-être fourni par le livre, trop souvent considéré uniquement sinon pour son contenu, du moins en relation avec lui, et dont l'étude en tant qu'objet matériel s'est avérée si féconde. Autrement dit, nous ne prenons pas la source comme une donnée de fait, à la manière des historiens positivistes d'autrefois : nous commençons par la construire, par la constituer en tant qu'objet historique (qu'il s'agisse d'« objets » matériels ou symboliques) : c'est là une démarche indispensable à la fois à un bon choix de méthode et à un établissement cohérent des corpus et des bases.
 La structuration de la source
Cette préoccupation trouve son prolongement dans l'importance que nous avons attribuée à la constitution des bases de données. Jusqu'ici surtout textuelles et prosopographiques, elles vont appartenir aussi désormais à d'autres secteurs, comme l'anthroponymie, les fresques alpines, les objets métalliques (enclumes, canons) ou les structures familiales médiévales. Nous avons consacré beaucoup de temps et d'efforts non seulement pour construire ces bases de la façon la mieux adaptée aux sources qu'elles documentent, mais encore pour les rendre consultables et réutilisables pour les chercheurs du futur. Ici, nous nous trouvons à la croisée des chemins : notre familiarité déjà ancienne avec l'informatique fait que nous sommes détenteurs de quantités d'informations bien structurées et solidement établies, mais nous ne disposons pas pour le moment des moyens nécessaires pour entreprendre de les transférer systématiquement sur Internet ou sur CD-ROM, même si au moins quatre tentatives sont actuellement en cours au sein de la formation, dont deux, celle de l'inventaire des peintures murales des Alpes-Maritimes (Sophie Kovalevsky) et celle de Pampailly (Paul Benoît) sont assez avancés.
L'établissement et l'interprétation de la source
L'établissement de la source est une autre de nos préoccupations, et plusieurs d'entre nous ont participé à des publications de textes ou de corpus. L'ouverture d'une collection de l'UMR aux Publications de la Sorbonne, ouverte par un volume consacré aux poésies d'Eustache Deschamps, en est la preuve. L'humanisme français de la fin du Moyen Âge est un terrain choisi pour ce genre de travail, mais plus généralement, notre équipe s'est attachée à développer les techniques qui permettent un tel travail d'édition des sources textuelles; une approche similaire se retrouve d'ailleurs chez les archéologues qui sont animés par les mêmes préoccupations pour l'étude des objets métalliques en tant que tel. Au total, dans le domaine archéologique comme dans le domaine littéraire (reconnaissances d'écritures ou d'appartenance de manuscrits, attribution de textes anonymes à des auteurs), notre équipe peut s'enorgueillir de quelques découvertes éclairantes
Le souci du travail collectif
Des programmes collectifs 
Le travail de nos formations, et donc de la formation qui aujourd'hui les regroupe toutes, est structuré autour de programmes collectifs. Entendons-nous : ces recherches collectives ne sont pas des carcans qui brident l'imagination ou la spontanéité du chercheur ; elles ne divisent pas une matière scientifique en fragments distribués aux uns et aux autres en pâture, elles n'imposent pas des « participations » qui sont en fait des pensums ou des alibis. Il s'agit surtout de réflexions collectives, destinées à favoriser l'enrichissement mutuel des uns et des autres par l'échange et la communication, en toute liberté, en toute égalité, en toute fraternité de travail. D'où l'importance pour nous des séminaires, qui ont souvent des publications comme aboutissement ou comme corollaire, des colloques et des tables rondes. D'où aussi le fait, qu'à côté de grandes enquêtes collectives (celle sur les rites, celle sur l'hydraulique monastique) issues de la collaboration de chacun ou du moins de beaucoup, tous les membres de l'équipe continuent à développer, en harmonie, leurs recherches individuelles.
 Un fonctionnement en réseau
Surtout, personne sans la formation ne se sent enfermé dans une filière étroite. Il y a un pluralisme des opérations de recherches entre lesquelles les uns et les autres passent librement en fonction de leurs propres intérêts et de leurs propres curiosités : on s'en rendra aisément compte en lisant la partie scientifique de ce rapport. En réalité, l'UMR fonctionne à la fois comme un lieu de rencontre et comme un réseau dans lequel circule l'information, notamment entre le CNRS et l'Université. Etant donné l'ampleur que prend désormais la formation, le nombre de ses membres et celui des collègues et collaborateurs avec lesquels elle a maintenant pris l'habitude de travailler, il nous sera nécessaire d'envisager en 1998 la création d'un bulletin de liaison qui facilitera et intensifiera la circulation de l'information.
Un système ouvert vers les étudiants
Bien que notre nombre ait augmenté de façon très importante, nous resterons attaché à cette façon de travailler. Nous essayons même, dès que possible, dès la maîtrise, parfois même avant pour les plus brillants des étudiants de licence, de la transmettre à nos étudiants, en les invitant à venir travailler avec nous dans ce même esprit et en les faisant ainsi entrer en contact avec la recherche. Ils hantent la salle 317, la bibliothèque Halphen et les locaux de la rue Malher, et certains ne craignent même pas de s'aventurer jusqu'à Villejuif ! C'est parfois au détriment de notre confort, vu l'exiguïté des locaux parisiens qui nous sont impartis, mais nous l'acceptons de bon coeur. Ceci, au reste, nous amène à parler de nos activités de formation.

Jouer un rôle décisif de formation et de formation à la recherche

L'une des spécificités de toutes les composantes de la nouvelle équipe est en effet la volonté constante de communiquer nos méthodes et notre savoir aux jeunes générations de chercheurs. Un éventail très ouvert de séminaires s'adresse aux étudiants, et ce à tous les niveaux : maîtrise, DEA., doctorats, sans compter les séminaires de recherches ouverts s'adressant d'une façon générale à tout le public des chercheurs. A cette multiplicité des niveaux d'intervention, correspond une multiplicité des thèmes et des sujets abordés, et l'on retrouve là les principes généraux de notre action :
  •  rester près des sources, et former à leur compréhension : que ce soit pour l'archéologie ou pour le texte, les séminaires sont d'abord des instruments de formation au métier d'historien dans ses techniques de base. De ce point de vue, insistons sur la connaissance, pour des médiévistes, du latin médiéval sur lequel un accent particulier a été mis dans le cadre du programme transversal « latin médiéval ».
  •  Ensuite, des séminaires de méthodologie : des méthodes parfois pointues comme la codicologie, que notre équipe est l'une des seules à pouvoir maîtriser; ou des techniques plus largement répandues, mais dont on présente une adaptation aux problèmes de l'histoire médiévale, comme pour la prosopographie ou l'informatique. Dés la maîtrise, les étudiants sont encouragés à se familiariser avec ces méthodes.
  • Des séminaires plus théoriques, où ce sont les problématiques mêmes élaborées au sein de l'équipe qui forment le coeur du travail de formation; les séminaires de Paul Benoît, de Claude Gauvard (qui devrait prendre la direction de l'École Doctorale de l'UFR d'Histoire de Paris I dès l'année prochaine) et de Monique Bourin, notamment, jouent un rôle essentiel pour la formation des étudiants de DEA et pour les doctorants. Certains de ces séminaires donnent lieu à des journées de travail collectif, comme les deux journées sur le rituel organisées dans le cadre de l'un des séminaires de Claude Gauvard, qui donneront lieu à une prochaine publication.

  •  Enfin, des rencontres et des séminaires thématiques servent de forums élargis, ouverts aussi bien à des étudiants qu'à des chercheurs confirmés venus d'autres horizons : c'est notamment le cas des séances organisées régulièrement par Carla Bozzolo à Villejuif.
    Ajoutons que ces formations à la recherche s'articulent étroitement, dès le premier cycle, avec l'enseignement dispensé à l'Université, et notamment à Paris I (mais aussi dans d'autres universités parisiennes comme Paris XII), puisque nombreux sont les membres de l'équipe (il ne s'agit pas seulement ici des enseignants-chercheurs) qui vouent une part considérable de leur activité à l'enseignement sous toutes ces formes : diffuser les résultats de la recherche, et d'abord par l'enseignement, est l'une des préoccupations majeures de notre formation, comme on s'en rendra aisément compte à la lecture de ce rapport. On trouvera un tableau précis et détaillé des formations et séminaires dispensés au sein de l'UMR  de ce rapport. Tout naturellement, ces séminaires et ces séances de travail collectives trouvent leur prolongement dans les nombreux ateliers, tables rondes et colloques que nous nous efforçons d'organiser, à la fois pour poursuivre par ce moyen notre mission de formation, mais aussi pour faciliter la discussion et la circulation de l'information au sein de la communauté scientifique à laquelle nous appartenons. Mais nous en arrivons là à notre rôle de coordination et de relais.
    Jouer un rôle décisif de coordination et de relais de la recherche internationale
    L'importance des séminaires, ateliers, tables rondes et colloques de tous niveaux dans le fonctionnement de la formation est en effet l'un des atouts sur lesquels nous comptons pour permettre à la nouvelle équipe de jouer un rôle de coordination et de relais de la recherche nationale et internationale, du moins dans les domaines où ses membres se sont spécialisés. De la même façon, le rôle que plusieurs membres de la formation jouent dans le domaine des publications en siégeant au comité de rédaction de plusieurs revues importantes, y compris des revues étrangères, ou en dirigeant des collections chez des éditeurs de premier plan, sans parler des liens étroits que nous avons forgés avec les Publications de la Sorbonne favorise la capacité de l'équipe à diffuser les résultats de la recherche;
    Mais ce n'est pas le seul. Il y a d'abord la structure même de la formation : une dizaine de thèmes de recherches clairement déterminés, au sein desquels sont identifiés plus d'une trentaine d'opérations, elles-mêmes ramifiées en plusieurs programmes distincts, une telle organisation a permis de nouer des contacts fructueux et réguliers avec un grand nombre de chercheurs et d'enseignants-chercheurs. En un sens, l'organigramme de l'équipe, même s'il comporte déjà beaucoup de noms, rend mal compte à lui seul de la richesse de la vie scientifique de la formation : pour mesurer celle-ci, il convient plutôt de se tourner vers la liste-index des participants à nos travaux. On y lit la collaboration et l'implication régulière de tous les chercheurs français qui s'intéressent aux thèmes que nous traitons, avec l'existence de véritables réseaux, par exemple pour l'histoire des mines, de la métallurgie et des carrières, ou encore pour les recherches sur le monde méditerranéen. Certes, ces réseaux en recoupent d'autres : mais nous entretenons les meilleures relations avec d'autres laboratoires, tels que l'IRHT, ou l'UMR de Lyon, et avec les institutions françaises à l'étranger (Ecole française de Rome, Mission historique française à Göttingen, Casa de Velasquez à Madrid) dont plusieurs d'entre nous sont d'anciens membres. Les contacts sont également étroits avec d'autres institutions dépendant du Ministère de la Culture, telles que les Archives Nationales, les bibliothèques, les musées et les services archéologiques régionaux (par exemple la DRAC de Poitou-Charentes pour le chantier de Melle). Pour le Jal, nous avons d'ailleurs passé une convention avec le Ministère de la Marine. Enfin, l'arrivée du GDR Anthroponymie médiévale obligera très probablement à passer une convention avec l'Université de Tours.
    Ces collaborations, en France et à l'étranger, ont parfois été institutionnalisées, comme avec l'Université de Cassino, l'Université de Turin, l'Université de Gand et l'Université de Montréal (Serge Lusignan). L'équipe a joué et continue à jouer, par l'intermédiaire de ses membres, un rôle important dans plusieurs grands projets internationaux, comme Origins of the Modern State de la Fondation Européenne de la Science et le Progetto Carta de l'Istituto Centrale per la Patologia del Libro à Rome déjà cités, mais aussi le programme France-Portugal L'homme et l'eau et le projet « Campus » sur l'histoire du fer au Burkina Faso. Avec l'Université de Bielefeld et Neithard Bulst, avec l'Institute of Historical Research de Londres, nous avons aussi des contacts très réguliers. On trouvera dans le rapport la liste détaillée de ces coopérations suivies, tant avec des équipes françaises qu'avec des équipes étrangères.
    Mais le plus souvent, et faute chez nous de moyens administratifs adéquats, nous en sommes restés à des collaborations individuelles et relativement informelles. Celles-ci sont extrêmement nombreuses, et il est impossible de les résumer ici. L'équipe accueille traditionnellement de nombreux chercheurs étrangers : chercheurs confirmés, venus sur des postes rouges du CNRS (Steven Livesey, de l'Université d'Oklahoma, et Aryeh Graboïs, de l'Université de Haïfa) ou en tant que professeur associé à Paris I (Michael Gervers), et plus encore, des jeunes chercheurs étrangers auxquels nos fichiers et l'accès à nos locaux et à nos équipements sont largement ouverts, surtout rue Malher et à Villejuif. Plusieurs projets, cependant, vont dans le sens d'une institutionnalisation prochaine de plusieurs de nos relations internationales : participation à un projet de scientific network de la Fondation Européenne de la Science (pour les répertoires prosopographiques des étudiants et des maîtres des universités médiévales), un projet de « GDR Angleterre » préparé avec le concours d'Hinerk Bruhns et qu'il va falloir remettre en chantier avec la nouvelle structure mise en place à la Direction des Sciences de l'Homme et de la société au CNRS, un projet bilatéral «Alliance » CNRS-British Academy avec des collègues anglais, un projet « Picasso » avec des collègues espagnols. Il y en a, il y en aura d'autres .

    C. Ducourtieux 
    Dernière mise à jour le 26 avril 2000
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